C’était un oiseau replié sur ses ailes, une invention permanente qui déployait ses contrepoints sur le macadam, un parisien venu de toutes les Europe. En compagnie de Clément Doucet, dont le swing incomparable avait été nourri, peut-être? Qui le sait ? Par le balancement des dames de la Maison où s’exerça son talent, Jean Wiener a constitué le duo de pianistes le plus chic, imaginatif et souriant qui fût.
Denis Pascal, interprète sensible et cependant très bon puncheur, enregistra voici quelques années des partitions de Jean Wiener : pièces de tradition, parsemées de dissonances ou d'hommages qui ne se prennent jamais au sérieux. L’esprit Groupe des six est là bien entendu, chaque mouvement de la Deuxième Sonatine étant dédié à quelque figure d’un autre temps- Yvonne Printemps, Ludmilla Pitoëff et Charles Trenet, tout jeune encore- et pourtant les recherches musicales encouragent le compositeur à révéler ses angoisses profondes. Ici Denis Pascal est excellent parce qu’il choisit de reconnaître, au gré des fantaisies, la sourde malignité de l’éphémère. Indispensable émouvant, comme on dirait chez Lacan.
Bon dimanche à tous
Jean Wiener: « Piano Music ». Denis Pascal piano. Label Sisyphe006