Réjouissez-vous du dégel de l’hiver : Solal est de retour.
L’un des plus grands pianistes de jazz associe la science à la tendresse, cultive une apparence hiératique afin de laisser la musique dominer les débats. «Le lyrisme est l’arme des faibles, de ceux qui n’ont pas d’imagination, dit-il. Cela ne veut pas dire que je rejette l’émotion : elle est partout, mais pas au premier degré, pas forcément visible. Un accord inattendu peut me faire pleurer. Pourquoi ? Parce que c’est inattendu. Le rapport entre ce qui a précédé et ce qui est joué surprend. Cependant, les réactions sensuelles sont difficiles à expliquer. Le bouleversement doit venir par lui-même, pas par la volonté du musicien».
Maritla Solal travaille dur, derrière un clavier aux touches lourdes: «J’aborde Chopin tous les jours- les études bien entendu. Pour ce qui est d’écrire ou d’écouter, je me tourne volontiers vers les compositeurs qui ont amené une nouveauté rythmique : Debussy, Ravel, Stravinsky, Bartók ou Marius Constant, que je trouve, hélas, un peu sous-estimé».
Cet après midi, Martial Solal, en compagnie de l’excellent Manuel Rocheman- son seul disciple, un garçon plein de punch et de sensibilité- jouera au studio 106 de Radio-France, pour deux séances d'enregistrements : à 15heures (rendez-vous à partir de 14h Porte B de Radio-France) puis à 17 heures (rendez-vous à partir de 16heures Porte B de Radio-France). «Vite, un avion!», crient déjà les mélomanes de Valleraugue. Ah, oui, quitter le soleil des Cévennes trois minutes et revenir, voilà la vie rêvée. Belle journée à tous.