fxavier
Enseignant retraité
Abonné·e de Mediapart

582 Billets

0 Édition

Billet de blog 2 juin 2011

fxavier
Enseignant retraité
Abonné·e de Mediapart

ISRAËL: Droit au retour des réfugiés palestiniens, un problème incontournable

fxavier
Enseignant retraité
Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les réfugiés palestiniens défient-ils la réalité ?
Par Ramzy Baroud

------

Des Palestiniens en colère auraient protesté contre une étude, soi disant effectuée par un centre de recherche palestinien à Ramallah, concluant que peu de réfugiés sont enthousiasmés par leur droit à retourner dans l'Israël actuel.L'étude présumée, maintenant considérée comme pur mensonge par le PCPSR (Palestinian Center for Policy and Survey Research), rapportait que seulement 10% de réfugiés palestiniens demeurant en Cisjordanie, Gaza, au Liban et en Jordanie souhaiteraient revenir sur leur terre en Palestine, mettant fin à un exil forcé qui dure depuis des décennies.L'étude fut attribuée au PCPSR. Avec, pour conséquence, une foule de Palestiniens en colère qui protesta devant le siège social du centre à Ramallah, entonnant des slogans hostiles. Des œufs auraient même été lancés sur le responsable de l'institut, Khalid Shikaki.Dans une déclaration, citée par le service d'information d'Islam On Line, le centre a nié avec véhémence que cette étude ait abouti à une telle conclusion; bien plutôt, «le sondage effectué par le centre dans les Territoires Occupés, en Jordanie et au Liban affirme que toute solution pour la question des réfugiés ne garantissant pas le droit au retour, ne fonctionnera jamais».Tout l'épisode au sujet de cette question est en effet malheureux. La mise en lumière de cet événement est vitale, car il devrait éviter de tels épisodes regrettables dans le futur.Cependant, alors que le lancer d'œufs n'est certainement pas une initiative encourageant au dialogue, on peut constater la peur qui saisit le cœur des Palestiniens à travers le monde.Une fois encore, l'Histoire est essentielle.En 1947-1948, des bandes et des milices juives forcèrent près d'un million de Palestiniens à évacuer leurs villages et villes de la Palestine historique, entraînant l'exode qui continue à salir la mémoire palestinienne et servir de symbole à la quête des Palestiniens pour leur liberté.L'Assemblée Générale des Nations Unies a reconnu l'injustice de cette situation en adoptant la Résolution 194 lors de sa troisième session le 11 décembre 1948. La résolution a marqué son accord avec le désir des réfugiés palestiniens de rentrer chez eux et est même allée plus loin, en détaillant les mécanismes d'un tel retour. La réclamation souvent entendue qu'une telle résolution a été rendue hors de propos est fausse, si l'on considère le fait que l'Assemblée Générale a réaffirmé sa décision plus d'une centaine de fois depuis sa première approbation en 1948.Lorsque le gouvernement israélien a récemment donné son accord partiel à la feuille de route pour la paix, une initiative de paix initiée par les États-Unis, le Premier Ministre israélien Ariel Sharon a donné une liste de 14 conditions au secrétaire d'État Colin Powell. Une fois ces conditions reconnues, le gouvernement israélien approuverait la feuille de route. Une de ces conditions révoque le droit au retour des réfugiés palestiniens.Si Israël considérait en effet un tel droit comme hors de propos, il ne ferait pas tant d'efforts pour nier sa légitimité et se soucierait peu de l'inscrire comme condition fondamentale à la restauration de la paix au Proche-Orient. Son but est de maintenir l'identité juive exclusive de l'État d'Israël, un concept que beaucoup considèrent comme raciste. Pour parvenir à une telle pureté, le problème des réfugiés doit être traité d'une manière telle qu'elle ne permette pas à ceux-ci de rentrer chez eux.La Résolution 194 fut adoptée seulement six mois avant l'admission d'Israël comme membre des Nations Unies, une admission qui fut pré conditionnée à ce que l'État juif applique les Résolutions onusiennes, y compris la 194.Des décennies après la résolution et l'espoir qui a suscité sa mise en œuvre, les Palestiniens sont saisis par la peur et la colère.Premièrement, depuis l'initiation du processus de paix au début des années 90, les Palestiniens ont observé comment Israël a tendance à parvenir à ses fins sur les questions importantes, alors que la direction palestinienne se contente souvent de gains mineurs et symboliques.Deuxièmement, loi internationale et résolutions de l'ONU, peu importe qu'elles soient affirmées et réaffirmées, restent lettres mortes, à moins d'être soutenues par un État puissant. Israël a violé plus de 70 résolutions pendant que l'Irak en aurait soi disant violées 17. La façon qu'ont les États-Unis et ses alliés à réagir à ces violations reflète le double langage pratiqué par le gouvernement US et son respect sélectif des lois internationales.Troisièmement, quelques personnalités palestiniennes proéminentes et influentes ont exprimé leur volonté de compromis sur la question du retour des réfugiés. Des déclarations relativement récentes faites par Sari Nusseibeh, le représentant de l'OLP à Jérusalem, dans lesquelles il montrait un empressement à apporter une conclusion impopulaire au débat sur le droit au retour, rappellent encore à beaucoup de Palestiniens que leurs représentants officiels ne peuvent pas toujours être dignes de confiance pour manier ce droit presque sacré avec soin et prudence.C'est à cause de ces raisons combinées que des Palestiniens ont scandé des slogans pour leur droit à Ramallah, au Liban et dans les camps désolés de Jordanie. Ces slogans devraient rappeler que ni un fonctionnaire se souvenant à peine à quoi ressemble un camp de réfugiés, ni une étude présumée circulant sur Internet, ne réprimeront ce désir inébranlable des réfugiés à rentrer chez eux.Pour ce faire, la population palestinienne devra continuer à avancer avec, à leurs côtés, toutes les nations du mondes éprises de paix, afin de promouvoir une mise en œuvre non sélective de la loi internationale, à savoir la Résolution 194.Et pour ceux qui nient le droit au retour, affirmant qu'une telle demande défie la réalité et le pragmatisme, je dois leur rappeler que la décision ne leur appartient pas. Ce sont les réfugiés de Ein el-Hilweh au Sud Liban, ceux vivant sous des tentes dans les écoles Haïfa à Bagdad, et ceux demeurant au milieu des ruines de Jénine qui ont gagné un tel droit, après cinq décennies de lutte, marquées par le sang et des sacrifices interminables.Il est vrai qu'Israël garde beaucoup de cartes en main dans ce jeu sanglant, mais les réfugiés palestiniens gardent la carte de la mémoire. Aussi longtemps qu'ils se souviendront, même «l'armée invincible» israélienne ne pourra venir à bout de leur esprit inflexible.Ramzy BaroudTraduit de l'anglais par Eric Colonna

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bienvenue dans Le Club de Mediapart

Tout·e abonné·e à Mediapart dispose d’un blog et peut exercer sa liberté d’expression dans le respect de notre charte de participation.

Les textes ne sont ni validés, ni modérés en amont de leur publication.

Voir notre charte