Pierre Ferran (1930-1989)
LES BONNES RAISONS
On commence par tuer les oiseaux parce qu’y en trop, les couleuvres parce que si on les laissait faire…
les hérissons trottant comme de petits porcs parce que ça serait-y pas des fois nuisible
puis on tire sur les biches tremblantes parce que c’est fait pour ça
sur les ânes sauvages qui broutent dont le dos frissonne sous les mouches parce que ça sert à quoi voulez-vous me le dire et puis ils puent de plus ils bouffent tout les salauds.
Une fois de plus je me suis levée tôt. J’avais mis le réveil. Il m’a précisé qu’il va sonner dans 4h30… Et j’ai mis du temps à m’endormir. Comme avant un grand voyage au bout du monde… La nuit fut vraiment courte. Et ça valait tellement la peine… Et j’ai quand même failli rater le soleil, à cause de lui. Il me regardait pendant que moi je regardais les cigognes… J’avais vu qu’il y avait un gros truc au bout du champ que je longeais, je croyais que c’était un gros tronc. Il est resté comme ça, sans bouger, pendant un long moment. C'est fou il a fait ça pour moi. -à cause de moi-Quand je l’ai vu enfin, moi aussi je me suis figée et à l‘intérieur je tremblais. Ça se voit sur la vidéo. Lui a très vite compris qu’il ne risquait rien. Il a fini par marcher, avant de disparaître, il s’est encore arrêté pour me regarder… C’était après 5h ce matin, derrière chez moi. Et c’était magnifique.

Agrandissement : Illustration 2
