« Le pays a été traversé par une protestation historique extrêmement puissante et unanime de la réforme des retraites. Cette contestation a été niée et réprimée de façon choquante et ce schéma de pouvoir dominateur de plus en plus décomplexé, éclate dans plusieurs domaines. Socialement, c’est là où c’est plus choquant mais on peut aussi voir ça dans toutes les autres sphères de la société et le cinéma n’y échappe pas. La marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend est en train de casser l’exception culturelle française sans laquelle je ne serais pas là devant vous.
Cette même exception culturelle, sans laquelle je ne serais pas là aujourd’hui, devant vous. Ce prix je le dédie à toutes les jeunes réalisatrices, à tous les jeunes réalisateurs et même à ceux qui aujourd’hui n’arrivent pas à tourner. On se doit de leur faire de la place, cette place que j’ai prise il y a quinze ans, dans un monde un peu moins hostile et qui considérait encore possible de se tromper et de recommencer. »
a dit hier à Cannes, Justine Triet, réalisatrice du film qui vient de gagner la Palme d’Or à Cannes.
Je me suis dit que l’abbé Pierre -c'est lui qui m'avait dit il y a longtemps, les mots que j'ai mis en titre- ou Stéphane Hessel auraient pu dire ça, s’ils étaient encore de ce monde. Il était temps, grand temps que de telles paroles soient prononcées, haut et fort, à tout le monde, au monde entier, au beau monde, au monde impitoyable des « gagnants » et de nos gouvernants. Surtout après tout ce bling bling étalé pendant le festival... Ces paillettes, ce superflu qui faisaient tellement ressortir la misère et les tracas dans l'autre monde, le vrai... Il était temps.
La ministre de la Culture s’est dite estomaquée -sous entendu peut-être, "elle a osé, quel culot"… Le ministre délégué chargé de l’Industrie a twitté : « Anatomie de l’ingratitude d’une profession que nous aidons tant… et d’un art que nous aimons tant. » ! Et un député de la majorité présidentielle a twitté : « Ce petit microcosme, biberonné aux aides publiques comme jamais, qui fustige une politique "néo-libérale" au Festival de Cannes. Il est peut-être temps d’arrêter de distribuer autant d’aides à ceux qui n’ont aucune conscience de ce qu’ils coûtent aux contribuables. »
Pierre, l'autre Lescure explique et c'est intéressant : "Quoique vous pensiez des propos de Justine Triet,cessez de parler d’argent public et renseignez vous sur le CNC et son financement (sur son site). Le système date de 46 ( financé par les recettes des salles (films US compris). Complété en 84/86 par les obligations télé (résumé)...."
Et le président et le gouvernement qui pensaient que la réforme des retraites, c'était du passé, oublié... Le titre du film qui a gagné la Palme d’Or est « Anatomie d’une chute ». Un beau titre…

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