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Sur les pentes du 20e arrondissement de Paris, une source est menacée de tarissement. La Source est, en effet, une coopérative (vingt euros la part) qui permet d'avoir à prix avantageux des aliments sains venant d'exploitations agricoles paysannes. En échange de trois heures de travail par mois pour le fonctionnement du magasin. La cuisine est ouverte aux voisins de La Source qui anime aussi des événements d'éducation populaire (conférences, ateliers). Pour cela, il faut des ressources que la coop espérait trouver du côté de la mairie (Paris Habitat) en proposant un loyer minoré de 400 € par mois. Réponse : un refus !
Pour le collectif en colère, Paris Habitat, premier bailleur “social” de Paris, également présidé par le maire du 20e, préfère laisser des locaux vides pendant des années plutôt que de permettre le maintien d’une activité utile, non lucrative et reconnue d’utilité sociale. Pourquoi "la Ville de Paris dorlote les start-ups et se fiche des pauvres ?" tonne Ouessale El-Assimi, unique salarié de la coop.
La coopérative est déficitaire. Elle a reçu 73 000 € de subventions en cinq ans, plaide-t-on chez Paris-Habitat. Mais cette somme ne représente que 15 000 € par an, même pas un Smic... Si seulement le loyer n'avait pas été trois fois plus cher que celui octroyé aux structures similaires à La Source, sans dire que ce loyer est même supérieur aux commerce classiques du quartier. Alors que le local est "vide depuis des années, peu adapté, trop petit avec un escalier dangereux, sans accès internet" plaide-t-on à la Coop...
La Source n'est pas sans propositions :
A court terme :
- Nous demandons à la Ville de Paris de respecter le vote des parisien.ne.s en nous versant au moins une partie des 300 000€ obtenus dans le cadre du Budget Participatif 2021.
- L’effacement de la dette actuelle à Paris Habitat.
- La prolongation du bail à Félix Terrier ou la proposition d’un autre local adapté, dans les alentours immédiats pour un loyer maximum de 5% de notre chiffre d’affaires.
- Nous demandons à M. Pliez, Mairie du 20e et Président de Paris Habitat, de tenir ses promesses de soutien réitérées de vive voix et de mettre en application les intentions véhiculées sur papier glacé.
A moyen terme :
- L’élaboration, par la Ville de Paris, d’une politique alimentaire à la hauteur des enjeux et des moyens de la capitale dans un contexte général qui se dégrade un peu plus chaque jour. Les études commanditées ces dernières années par la Ville elle-même produisent systématiquement les mêmes constats : le type d’initiative que nous portons fait partie des solutions.
- L’accompagnement financier des structures visant à rendre accessible une alimentation de qualité, massivement portées par des femmes et des bénévoles précaires.
- La mise au service des tous les outils accessibles vers des actions et expérimentations allant vers la sécurité sociale de l’alimentation (PAT, TZCLD, Bailleurs sociaux…).
Pour la mairie du 20e, La Source est structurellement déficitaire et ne mérite pas d'être soutenue. Pourtant, avec un an et demi d'activités, elle approchait l'équilibre financier.
Mais surtout l'horizon de La Source, c'est une sécurité sociale de l’alimentation. L’alimentation est un droit, comme l’éducation ou la santé et l’accès à un droit fondamental ne peut reposer que sur les seules ressources humaines et financières d’une structure à but non lucratif, aussi forte que soit sa volonté.
La Source avait été doublement lauréate du budget participatif de Paris et de l'appel à projets "Alimentation durable et solidaire". Les faits sont têtus : pour Thierry Chiocchia, coopérateur, la mairie, en réalité, "privilégie une société de consommation injuste".
Vous avez connu La Source de près ou de loin ? Envoyez-nous votre témoignage à contact@cooplasource.fr
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Lire les témoignages des coopérateurs ici
Pour en savoir plus : La démocratie alimentaire, une urgence (entretien avec François Collart-Dutilleul)
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