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Billet de blog 26 mars 2009

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Le Wall Street Journal et AIG : désinformation et tentative de manipulation

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le Wall Street Journal s'est lancé dans ce qui parait être une grotesque tentative de manipulation journalistique, relayant une manoeuvre qu'il est difficile de ne pas qualifier de chantage d'AIG , pour conforter la résistance des dirigeants d'AIG qui veulent percevoir leur bonus. Dans un article à sensation sur le feu qu'AIG chercherait à éteindre à Paris (http://online.wsj.com/article/SB123802506167942421.html#printMode) les auteurs de l'article prétendent que la démission de deux dirigeants de la Banque AIG créerait un risque de défaut sur 234 milliards de dérivés. Ce risque aurait été exposé dans un document remis au US Treasury Department en début de mois avec une lettre sur les 165 million $ de "retention payments". AIG prétend que le départ des deux dirigeants de la Banque AIG à Paris pourrait constituer un "event of default" parce que les personnes devant remplacer ces deux dirigeants bancaires doivent faire l'objet d'une approbation par les autorités française, et que si les autorités françaises n'approuvent pas les dirigeants, elles pourraient elles mêmes désigner les remplançant, ce qui pourrait être considérée comme une prise de contrôle et déclencher le paiement de 234 milliards de dérivés. Apparemment Banque AIG aurait un encours de transactions sur dérivés de 1.600 milliards $. L'argumentation d'AIG se situe dans la ligne de défense des bonus qui est de dire que les banques ont besoin de ceux qui ont monté les opérations pour les dénouer. Bien entendu AIG souligne que l'obligation de payer les 234 milliards de dérivés ne pourrait être honorée et que ceci causerait non seulement la faillite d'AIG, mais aussi des dommages considérables en particulier pour toutes les banques européennes qui ont souscrit des contrats sur dérivés.

On ne peut d'abord qu'être frappé par l'incroyable irresponsabilité d'une telle argumentation. Un problème abondamment souligné par les critiques des produits dérivés, comme l'auteur de ces lignes, est la sous estimation des risques de contrepartie. L'argumentation d'AIG montre que cet opérateur censé être un des plus surs dans sa solvabilité et responsables dans sa conduite n'a pas de solvabilité à la hauteur de ses engagements, et qu'il n'a aucun sens des responsabilités.

L'argumentation montre l'extrême fragilité des engagements dans les produits dérivés, car elle démontre qu'un raisonnement qui se fonde sur les clauses formelles habituelles dans ces contrats peut être invoquée dans une parfaite attitude de mauvaise foi. Dans le droit anglais ou américain , le raisonnement qui est une pure aberration rationnelle pourrait en effet prospérer. On constate que pour la protection de leurs intérêts personnels, les banquiers anglais et américains sont prêts à menacer de causer volontairement le tsunami financier que l'on craint.

Non content donc d'avoir créé dans leur cupidité un risque systémique de catastrophe financière planétaire, les banquiers utilisent ce danger pour continuer à faire payer ce qui foncièrement est la mise en place d'une catastrophe planétaire qui peut s'enfler pour détruire la planète économique et financière.

Par son article le Wall Street Journal vient à l'aide du tract des banquiers de Wall Street, et continue la manoeuvre qui a été de prétendre que l'exécution de ses engagements par AIG était une aide aux banques européennes. Il est temps qu'en Europe on comprenne que les produits dérivés sont des bombes nucléaires dans les mains de Wall Street et la City.

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