Ils ont peur que vous les filmiez, et que vous dénonciez leurs actes.
Pourtant pour 2000€ ils se lèvent tous les matins dans la haine, prêts à tabasser du manifestant. Je n'ai pas peur de le dire. Mais pourquoi je le dis ?
Parce qu'en moins de 5 jours, une amie à moi a perdu 2 doigts à Sainte Soline à cause d'une grenade explosive.
Parce que mardi, à Toulouse, ils n'ont pas hésité, au bout d'une heure de manifestation déclarée à balancer leurs canons à eau et leurs lacrymos.
Parce qu'hier, j'ai pris des coups de matraque dans les jambes et sur le dos. Je me cachais dans une laverie après un gazage à la lacrymo. J'étais cachée dans une machine à laver dont ils m'ont extirpé en tirant sur mes jambes et me matraquant.
Parce qu'au même moment, mon ami et camarade M a reçu des coups de matraque sur la tête et sur les mains en essayant de se protéger, sous une pluie d'insultes des policiers en uniforme, mais sans matricule.
Cette violence est inacceptable en démocratie.
Plus tard, à l'écart du cortège, un policier m'insulte de "sale pute", car j'avais le torse nu.
Je vous écris ici mais je ne suis pas une militante des réseaux sociaux, et je n’ai pas de carte de presse.Sauf qu'aujourd'hui, c'est un des seuls espaces restants d'expression libre.
Oui. Aujourd’hui les flics ont peur de nous, et plus que jamais j'ai peur d'eux.
J'ai reçu une éducation républicaine, pacifiste et humaniste, Mes parents m'ont appris à respecter les institutions, tant qu'elles me respectent. Ce n'est plus le cas. J'ai grandi avec l'idée que la police se devait de nous protéger, et qu'elle le ferait toujours.
Ce n'est plus vrai.
Je comprends aujourd'hui pourquoi Zyed et Bouna couraient.
J'ai été élevée avec la devise Liberté Égalité Fraternité comme fondement de notre République Française.
Je n'y crois plus.
C'est notre démocratie, à travers le peuple de France, qui pleure sous les lacrymos.
Ce sont vos enfants qui se font matraquer par les flics aujourd'hui.
Moi, je n'aurais pas d'enfants.
Parce que j’ai trop honte.
Trop honte et trop peur de leur laisser un monde de chaos, d'insécurité, de violence. Un monde dans lequel ils auraient peur de la Police, de la Justice, inégale et partiale.
J'ai honte de leur laisser une planète à l'agonie, des sols désertifiés, des ressources naturelles épuisées car nous n'étions pas capables d'abandonner nos privilèges de bourgeois pour la protéger.
Et je n'ai pas de planète B a leur proposer.
J'ai honte de leur laisser une démocratie en lambeaux, ou la liberté de penser et de manifester n'existe plus, sous peine de répression violente. Honte de leur laisser une RF ternie par des idées fascistes qui montent jusqu'à intégrer notre gouvernement, notre Assemblée nationale.
J'ai honte de leur laisser ce service public, attaqué en permanence à coups de privatisation et de 49.3, un monde ou le rapport de force est la seule manière de protéger nos droits.
Peur de laisser un état fasciste, une police complice, qui assassine les manifestants écologistes
Pourtant je n'ai pas arrêté de me battre. Et je continuerais, jusqu'à mourir peut-être sous les coups d'un flic parce que j'aurais parlé trop fort dans la rue.
La lutte continue, car nous avons hérité du courage de tous ceux et celles qui se sont battus contre la répression.
La lutte continue, car elle est nécessaire et légitime.
La lutte continue, ils ne nous arrêterons pas. J'ai encore de la voix, et pas mal de courage.
Je suis sure que vous aussi.