Gilbert RIGNAULT (avatar)

Gilbert RIGNAULT

Abonné·e de Mediapart

61 Billets

0 Édition

Billet de blog 29 mai 2016

Gilbert RIGNAULT (avatar)

Gilbert RIGNAULT

Abonné·e de Mediapart

DISLOCATION DU CONTRAT SOCIAL

Chez Smart: tentative d'extorsion. Article 2 du projet El-Khomri: légalisation du racket pour les entreprises. Vive donc la CFDT !

Gilbert RIGNAULT (avatar)

Gilbert RIGNAULT

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

DISLOCATION DU CONTRAT SOCIAL

Qui est décalé ?

M. François Lenglet est une tête de gondole des éditorialistes de RTL. Il est aussi pigiste, sur tous les plateaux de télévision, qui tiennent à le faire passer pour un « expert » « objectif », en économie comme en politique. Il se réjouissait, le 14 septembre 2015 queles salariés de l'usine Smart de Hambach, en Moselle aient voté, à 56% pour, selon lui, la fin des 35 heures ! Dans un contexte économique pourtant très favorable au  Groupe Daimler, le directeur général avait annoncé la délocalisation du site si les salariés refusaient le retour, en 2016, aux 39 heures, payées 37, et une diminution du nombre de jours de RTT ( 10 jours pour les cadres, 15 pour les agents de maîtrises et 30 jours pour les ouvriers) ; le tout en échange du maintien de l'emploi jusqu'en 2020. M. Lenglet exultait : « Les salariés prêts à détricoter les 35 heures » : Youpi ! Le grave « expert » n’avait pas conscience que les agissements de la direction de Smarts’apparentaient clairement à une extorsion,définie par l'article 312-1 du Code pénal comme  le fait d'obtenir par violence, menace de violences, ou contrainte, soit une signature, un engagement, ou une renonciation. Les peines encourues pouvent aller jusqu’à  sept ans d'emprisonnement et 100000 euros d'amende.(Articles 312-2 à 312-9). Le racket renvoie à la même infraction...

D’une part, ce vote n’avait qu’une valeur consultative ; d’autre part, à y regarder d’un peu plus près, si 74% des cadres avaient bien voté « pour », seuls 39% des ouvriers y étaient favorables (61% contre). De fait, la proposition de la direction était, cette fois officiellement, récusée le 28 octobre par trois syndicats sur quatre. M. Lenglet insistait pourtant, emporté par son désir de convaincre de la nocivité des syndicats : « Cette affaire montre le décalage croissant entre les syndicats français et leur base. » (http://www.rtl.fr/actu/economie/smart-france-les-lecons-de-l-accord-de-hambach-7779713591).

La douce Mme El Khomri…

La méthode utilisée par Daimler a donc un nom : tentative d’extorsion ! Les salariés accepteraient de faire un sacrifice important, échangé contre la garantie de l'emploi. Pure coïncidence, c’est  deux jours après la première annonce de Smart, que le projet de réforme du code du travail est présenté en conseil des ministres ! Son article 2 consiste, précisément, à rendre légale l’utilisation de ce moyen par les employeurs, face à des salariés sans contrainte, ni recours, mais « objectivement » informés, il est vrai, par M. Lenglet, les sbires de M. Dassault, et leur propre direction. Chaque salarié est libre, dira-t-on ? Oui, comme le renard libre dans le poulailler libre!

Sémantique figaresque

Le figaro, qui se pique d’excellence lexicale, est passé, sous la plume de son éditorialiste (23 mai) de « prise d’otages », à : «terrorisme social» ! Qui plus est, poursuit-il, «il [est] effectivement temps d’appeler les choses par leur nom».  (http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/05/23/31003-20160523ARTFIG00393-terrorisme-social.php)

Dans un pays qui a vécu, six mois auparavant, l’attentat terroriste meurtrier que l’on sait, on ne peut qu’admirer les nouveaux exploits sémantiques des plumitifs de M. Dassault. Quant au "blocage de la société", bien sûr, il ne saurait être imputé au 49-3, mais à la CGT !

GR

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.