Grand arpenteur pendant des décennies des allées du pouvoir côté PS, conseiller de Lionel JOSPIN en particulier durant son mandat de 1er ministre, Gérard Le Gall, 77 ans aux fraises a notamment pondu (4 mois avant l’arrivée de Jospin à Matignon en 1997) un rapport pour « un combat efficace contre le FN ». Il a quelques mois après le 21 avril 2002 qualifié la débâcle du PS et la deuxième place de JM Le Pen aux élections d’accident. La suite a montré toute sa clairvoyance sur la montée de l’extrême droite, sur ses raisons et sur l’effondrement de son parti qu’il a brillamment accompagné (il était aussi proche de Hollande).
Il s’agit donc d’un des acteurs principaux du parti qui a mené le PS à sa débâcle pendant des décennies (en trahissant largement ses électeurs des classes les plus défavorisées) et qui continue malgré tout à être invité et interviewé comme expert. On peut bien sûr compter sur des émissions comme « l’esprit public » (mené par le célèbre Patrick COHEN) pour leur servir de caisse de résonance sans les pousser à remettre en cause leur raisonnement. Ce ne sont pas les propos de madame OCKRENT, avec sa grande empathie avec le social, qui risqueront de le froisser.
Lors de l’Esprit Public du 5 février dernier (écouter à/c de 17’), en bon ex-éléphant, bien sûr allergique à la ligne Faure, G. Le Gall s’est livré à un piétinement en règle des opposants au projet Macron/Borne en taclant au passage (pas vraiment élégamment) son camarade de think tank (Jean Jaurès), Hervé le Bras qui a osé se commettre dans le Monde quelques jours avant à propos des mensonges du gouvernement interprétant des chiffres du COR.
En plus, selon lui, il n’y aurait aucun contre-projet chez les opposants, comme s’il y avait un projet chez Macron hors de faire payer au petit peuple les déficits de toutes natures. Tout le monde a bien compris le projet de la Macronnie, dont les arguments sont à géométrie variable, selon la nature des virus circulant, selon les différents éléments qui pourront être utilisés dans le dernier rapport du COR, selon les erreurs manifestes pointées dans leur éléments de langage, selon… Bref, le projet de Macron, pour toutes et tous, c’est de servir le patronat et de garantir la hausse infinie des profits de la finance et des grands champions français (les plus grandes sociétés) abreuvés des deniers publics.
Mais ce qui est plus plaisant, c’est quand Le Gall a le bon goût de reprocher aux opposants du projet Macron d’instrumentaliser les sondages… qui ne vont évidemment pas dans son sens (encore que, cela dépend lesquels). Lui qui était qualifié de M. Sondage du PS... Et en plus, on voudrait leur donner une valeur de référendum : comment ça questionner le petit peuple ? Alors que notre président a été élu des plus dé-mo-cra-ti-que-ment ! Mais notre Macronniste bon teint ne pipera mot sur l’instrumentalisation des déficits des caisses de retraite par la majorité, la façon dont ils sont fabriqués au fil des années par les gouvernements successifs, soutenus ou non par lui-même.
Enfin, porter la critique sur une réforme annoncée dans le programme du candidat avant l’élection serait destructeur du sens même du vote (« un choc de légitimité »). On ne se souvient pas que notre brave homme (et son parti) se soit offusqué quand on a piétiné le vote du peuple français lors du référendum de 2005, et bien plus proche de nous, quand notre président/chef passe des réformes qu’il n’a pas annoncée ou ne met pas en œuvre des promesses écrites noir sur blanc dans son programme électorale. Et en lien direct avec le sujet qui nous intéresse : la retraites de nos élus des assemblées en particulier les sénateurs ? Et la loi grand âge qui devait voir le jour sur le précédent quinquennat et alors que le scandale des EHPAD est documenté depuis des années, bien avant l’affaire concernant ORPEA dont le traitement est purement budgétaire ? Quant aux questions d’égalité femmes/hommes, celles qui sont impliquées dans cette bataille ont dénoncé depuis longtemps le manque de volonté et l’absence d’empathie sur ces questions.
Monsieur Le Gall, prenez effectivement votre retraite y compris vis à vis des médias. Cela vous fera beaucoup de bien, mais aussi surtout pour l’ensemble de vos concitoyens et concitoyennes.
