quentin.mur94@gmail.com

Abonné·e de Mediapart

3 Billets

0 Édition

Billet de blog 18 décembre 2021

quentin.mur94@gmail.com

Abonné·e de Mediapart

La propagation du vide. Actes IV et V

quentin.mur94@gmail.com

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Acte IV : Le corps poudreux du phasme.

Voilà notre cher Zemmour qui affirme que oui, « c’est la mort, mais pas chez nous pour ne pas mourir nous-même, le peuple français qu’il aime ». Le souverain lépidoptère ne peut que continuellement étendre et embrasser de ses ailes les sujets qu’il nourrit avec bienveillance de sa présence. On en sait désormais un peu plus tout de même. Se posant comme exception politique, il n’est au fond que la continuation de la fabulation conspirationniste et concentrationnaire sous d’autres moyens. On sait qu’il est vacciné et qu’il a eu la fameuse Covid-19, notre papillon est donc bien un être vivant a-humain certes, mais qui semble avoir un corps soumis à certaines des contraintes virales, produites ironiquement par ce qu’il refuse-sans-pour-autant-le-contredire les conséquences écologiques du réchauffement climatique et des zoonoses. Mais cela n’est que propice au rire bienveillant que sa contamination et le vaccin - n’oublions pas que le bon sens émane de lui - est la meilleure combinaison possible pour « survivre » à cette pandémie. Tous les événements convergeraient donc vers le champion.
Mais la puissance n’est pas simplement celle-ci, la dernière filiation après la grandeur impériale, le fonctionnaire républicain, le journaliste diseur de vérité, c’est l’expert bio politique qui vante le nucléaire. On connaît désormais comment il construit la corporéité de son discours, il s’installe dans une filiation bienheureuse de présidents - De Gaulle, Pompidou, Giscard - dont la reconnaissance du premier est schizophrénique avec la fascination de Pétain. Notre papillon s’excite toujours auprès des lumières artificielles et des lampadaires. L’électricité est son ultime désir et devenir. Alors dans les astres institutionnels et criminels de la V république, convoquant les ainés dont il envie le destin, c’est autour de la question nucléaire qu’il termine de construire les fesses de son corps afin de poser son auguste sur le trône. Le nucléaire est pour lui comme pour la gauche sociale-démocrate, la droite et l’extrême droite le grand bouclier contre la paranoïa à la fois politique et de l’indépendance énergétique de la nation française. La réplique de notre phasme est « Le feu nucléaire est une arme de défense ». Quoi de plus paranoïaque que de se prétendre être celui qui va pouvoir déchaîner les enfers ?!

La folie même de son discours est nécessairement celui de la réduction des risques. N’oublions pas : nous sommes naïfs, lui et sa progéniture non ! Alors qu’importent les dégâts et les problèmes de sécurité possibles, la résolution des déchets nucléaires produits en sont l’exportation vers d’autres pays. Quel délire diplomatique que notre cher papillon souhaite accomplir ? Son voisin et sa voisine ne seraient sûrement pas d’accord pour qu’il y vienne stocker les barquettes de surgelés Picard dont il doit se sustenter… Ce peut-être à la fois une investigation sociale tout comme sur son salaire, mais aussi le financement de ce trouble qui est sa « potentielle campagne » afin de savoir l’umwelt sur lequel notre sujet Zemmour se développe. 

Acte V :  « Nous travaillons avec les mots et ils existent dans la voix humaine. »


L’épilogue, notre siphon de robinet, devenu ritournelle et métamorphosé en phasme porte le nom d’Eric Zemmour. Les connexions d’un corps vide, d’un mouvement sans consistance ne cherche que continuellement les embranchements affectif ou la poudre discursive de sa bouche et des ses ailes se propage dans la tête de ses sujets. Or comme toute propagation… Nécessairement, nous sommes un peu tous contaminés. Sous le mot d’ordre d’une civilisation et d’une culture dont il veut en être le gardien césarisé à une jeunesse qu’il enfermera « Défendez votre identité, votre culture, le peuple français est un très grand peuple, votre rôle et votre responsabilité, c’est de perpétuer cette histoire » ; d’une féminité rabattue sur un paternalisme incapable de prendre sa destinée en main, de la construction d’ennemis invisible, mais que seul sa paranoïa éclaire le renvoyant à ses spectres et peurs éminemment fertilisées par le sucre des théories du complot ; le spécimen Eric Zemmour se voyant déjà l’élu de « n’est que la réaction au processus vital des individus à être reconnus en tant que tel. Le paysage de Zemmour - réactionnaire à souhait comme l’est la nostalgie virgilienne d’un Onfray - n’est qu'une tristesse faite théorie pour sauver un grand vide et qui porte le nom de civilisation. Cette nostalgie paysagère renvoie aussi à la volonté d’un spectre d’affirmer son emprise avec sa denrée convoitée qui est le peuple - ou mieux dire selon son clientélisme - l’électorat pour le sauver. L’urbanité de Zemmour, généalogiquement, est celle d’une rue cosmopolite et joyeuse du 18e arrondissement. Les distorsions paysagères et d’un réel qui démontre encore une fois qu’il s’épuise trop facilement, le catapulte en spécialiste d’un temps qui n’a jamais existé. Sa biographie supporte sa ritournelle de condamner et d’incarcérer ceux qui ne sont pas comme lui. Tout le monde donc physiquement ou dans des camps digérés par l’esprit. C’est pour cela que l’indignation n’a jamais été une arme, ni désormais la dialectique entre le vrai et le faux. Qu s’en intéresse désormais ? Qui s’oppose à Zemmour doit prendre en compte de cet état de fait. L’épuisement de son omniprésence en fait de lui l’alpha et l’oméga d’un moment de l’Histoire anthropologique de l’Occident. C’est de ce moment sérieux dont il faut désormais se saisir, quitter le slogan - et les revendications - pour une véritable poésie en acte d’un meilleur monde à construire.
Bref… Si Arturo Ui était peut-être la trace de la tragédie, l’humour kafkaïen d’une autre transformation du politique possible dévoile que le phasme Zemmour en est la farce. 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.