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Billet de blog 10 décembre 2012

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Législatives partielles: sanction à tous les étages

    Tant pis pour les idées reçues. Les élections partielles ne sont jamais influencées par les circonstances, et toujours par des mouvements de fond. Les circonstances étaient la crise à l’UMP, on n’en trouve pas la trace dans les résultats d’hier. Le mouvement de fond est un vote sanction contre le pouvoir en place, et il frappe à tous les étages.

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    Tant pis pour les idées reçues. Les élections partielles ne sont jamais influencées par les circonstances, et toujours par des mouvements de fond. Les circonstances étaient la crise à l’UMP, on n’en trouve pas la trace dans les résultats d’hier. Le mouvement de fond est un vote sanction contre le pouvoir en place, et il frappe à tous les étages.

    La gauche est éliminée dans le Val-de-Marne où un candidat UDI sera opposé à un UMP dissident, le PS est en position critique dans les Hauts-de-Seine, où Patrick Devedjian est quasiment élu, et le PS est en repli dans l’Hérault, où il se retrouve en grande difficulté face au copéiste Elie Aboud.  

    Le Front de gauche ne bénéficie d’aucun effet de vase communicant, qui indiquerait que les électeurs de gauche, déçus par une droitisation du pouvoir PS, se seraient réfugiés chez lui. C’est l’électorat de gauche dans son ensemble qui s’est évaporé, en restant à la maison.

    L’autre effet de vase communicant attendu, et qui n’a pas eu lieu, concerne naturellement le Front National.

    On a dit et répété, quand la crise a éclaté à l’UMP, que Marine Le Pen en recueillerait les fruits. Une idée reçue, mais invérifiable, affirme que l’extrême droite prospère sur les problèmes ou les insuffisances des partis de gouvernement. On ne trouve pas trace de cet effet dans les trois circonscriptions d’hier. Le FN retrouve grosso modo ses positions de juin, qui étaient fortes, mais ne s’envole en aucun cas.

    Il n’y a pas non plus d’effet au centre. Un candidat UDI était en lice dans le Val-de-Marne, Henri Plagnol, il est en tête, mais sérieusement concurrencé par un dissident UMP Sylvain Berrios.

    Donc, à priori, ce dimanche électoral a offert une bonne soirée pour l’UMP qui ne subit aucune conséquence de la guerre qui continue de l’agiter, et hier soir le Président autoproclamé Jean François Copé, et le Président du groupe UMP-dissident à l’assemblée nationale, François Fillon, ont pu, chacun de leur côté, se féliciter du score du Parti à deux têtes qu’ils entendent incarner.

    Cet optimisme est justifié par les chiffres, qui sont bons pour eux, et qui rappellent la vague de partielles calamiteuses pour le PS de François Mitterrand en janvier 1982, où la droite battue neuf mois auparavant avait gagné 4 à 0, annonçant des basculements massifs aux municipales suivantes.

    Mais il y a un mais, comme toujours en politique. La perspective de victoires en série, loin d’apaiser les ambitions, aiguisera au contraire les appétits. Plus que jamais, celui qui tiendra le parti, sera en position forte pour les conquêtes suivantes, et comme la rivalité Copé-Fillon est moins politique que personnelle, l’effet de souffle qui a porté les candidats de droite, hier soir, attisera en même temps l’incendie qui ne s’éteint pas à l’UMP, car les partielles sont des symptômes, pas des pompiers.  

    France Cultures 7h36 ; France Musique 8h07 ; twitter @huberthuertas