Agrandissement : Illustration 1
La jeune Maliheh Moghadam est une survivante, beaucoup de ses amis périront dans le massacre des prisonniers politiques en 1988 en Iran. Devant la dérive intégriste, les intellectuels, les femmes et la jeunesse iranienne avaient décidé de résister. Pour la défense des acquis démocratiques de la révolution de février 1979, pour la sauvegarde des valeurs de liberté et de fraternité de ce peuple millénaire. Pour tenir face à un régime misogyne et liberticide, précurseur de Daech, et son système carcéral équivalent à la torture destiné à briser physiquement et moralement les prisonniers, ces résistantes de première heure puisaient leurs force sur un principe implacable : « la violence et la vérité ne peuvent rien l'une sur l'autre ».
Maliheh et ses camarades Moudjahidine du Peuple ont fait preuve d'une résilience épique face à un ennemi qui tuait et torturait au nom de Dieu. Les viols dans les cellules d’isolement, les « cages » où croupissaient les détenues accroupie pendant des mois et les méthodes de deshumanisation systématique», n’ont pu briser la force de conviction de milliers de militants et militantes restés fidèles à l’idéal de liberté, de fraternité et d’un islam démocratique et tolérant. Maliheh, dont trois frères ont été tués par le régime obscurantiste, a pu s’échapper avant le terrible « massacre des prisons » en 1988. Avec elle, nous allons à la rencontre d’une partie de ces 30 000 femmes et hommes qui succombèrent à la frénésie meurtrière des intégristes islamistes au pouvoir en Iran.
Lorsque Khomeiny décida, pour contenir le mécontentement populaire qui faisait rage au lendemain de la guerre (Iran-Iraq), d’éliminer à un rythme de centaines d’exécutions par jour, tous les prisonniers restés fidèles à leurs convictions, il édicta une fatwa : « Etant donné que les Monafeghine (les Moudjahidine du Peuple) sont des traîtres qui n'ont aucune croyance en l'Islam, que tout ce qu'ils disent est motivé par leur ruse et leur hypocrisie, que leurs dirigeants ont avoué leur apostasie à l'égard de l'Islam (…) Tous ceux qui sont emprisonnés à travers le pays et qui persistent dans leur hypocrisie sont condamnés à mort car ils sont en guerre contre le Dieu.»
Avec les sensibilités d'une résistante, Maliheh nous raconte le quotidien de ces héroïnes, dont des survivantes continue leur combat pour un changement démocratique et laïc en Iran. Engagée dans la « Campagne du mouvement pour la justice en faveur des victimes du massacre de 1988 », elle se bat aujourd’hui pour faire traduire en justice les auteurs de ce « crime contre l'humanité resté impunie ».
Le 30 juin prochain à Villepinte (Paris-Nord) un grand rassemblement de la Résistance iranienne portera la voix de milliers de familles qui demandent justice pour leurs enfants. Car ceux qui ont commis ce terrible crime sont toujours à des postes clés du pouvoir iranien et perpétuent une culture mortifère dans un pays qui détient le palmarès mondial du nombre d’exécution par habitant.