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Billet de blog 28 septembre 2017

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Recherches en microbiologie: la zone à risque

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Illustration 1

Le bioterrorisme n’est plus une menace à ignorer. C'est désormais connu, un agent pathogène mortel peut être reproduit en laboratoire. Des chercheurs canadiens ont réussi à synthétiser une souche active du virus de la variole. Leur expérience a démontré qu'il est aujourd'hui possible de créer des agents pathogènes pour l'homme avec relativement peu de moyens. Une épidémie géante provoquée par une attaque bioterroriste n'est plus donc de la science-fiction.

Pour Bernard Plouvier, médecin honoraire des hôpitaux et membre élu de l'Académie des Sciences de New York, «il est évident que d'ici 20 à 30 ans, l'on pourrait assister à une épidémie (mortelle dans 50 à 60% des cas) de variole». D'autant plus que l'on a arrêté la vaccination jennérienne. D'après l'ancien chef du service hospitalier, «les populations vierges de tout contact avec les poxvirus de type variole-vaccine seront plus que décimées en cas d'attaque terroriste avec ce type de virus hautement pathogène».

Bien que, selon les informations de la Commission Européenne, aucune épidémie grave ne menace actuellement l'Europe, en cas d’attaque d’un virus hautement contagieux, le nombre de victimes sera immense.

Il n’est pas à exclure non plus le risque d’une épidémie provoquée par des failles techniques non-détectées dans un laboratoire. Des préparations mal inactivées de pathogènes dangereux, un personnel mal formé ainsi que des procédures de biosécurité mal appliquées, tout cela peut mettre en danger la santé voire la vie des milliers de personnes, étant donné que de tels faits se sont déjà produits dans le passé.

De surcroît, «la recherche et d'une manière générale la culture, la manipulation et le transport de souches microbiennes pathogènes et contagieuses ou des toxines (la botulinique ou les toxines cholériques, par exemple) peuvent être détournés de leur but scientifique», souligne monsieur Plouvier.

Dans ce contexte, la surveillance des laboratoires de ce type est extrêmement importante. Cela concerne surtout les pays où le climat politique et social est instable. L'Ukraine, par exemple, dont le territoire de l'est est toujours ravagé par la guerre, compte plusieurs laboratoires de microbiologie près de la région du conflit. Cela met en danger non seulement les pays concernés mais aussi leurs voisins. Car, en cas d'accident, la contamination passera aisément les frontières, même si on les "ferme", explique notre expert. «Je vous rappelle que de 1940 à 1944, les frontières suisse, espagnole ou maritime suédoise n'ont, heureusement pour certains, pas été aussi imperméables que divers auteurs le prétendent de nos jours. D'autant que les petits animaux se moquent éperdument des frontières. Le rôle des rats, des chiens et des chats, des volailles, des chauves-souris dans la transmission des maladies contagieuses est assez connu».

En outre, les chercheurs et les savants des États déstabilisés par des conflits sont particulièrement vulnérables, et leur travail risque d'être utilisé par des acteurs malveillants à des fins terroristes.

Comment peut-on éviter une flambée épidémique?

Certes, les mesures de prévention peuvent s'avérer efficaces dans la lutte contre le bioterrorisme bien qu'il soit impossible de prévenir toutes les attaques.

Dr. Bernard Plouvier appelle à ne pas abandonner les vaccinations efficaces ainsi que reprendre celle contre la variole et réintroduire le caractère obligatoire du BCG. Il précise qu'en dépit de rares contre-indications et des effets secondaires aux vaccinations, les risques prévisibles d'une épidémie sur «population vierge» sont beaucoup plus importants. En effet, «les Aborigènes d'Australie, les maoris de Nouvelle-Zélande, les Amérindiens des États-Unis et du Canada ou d'Amérique latine et des Antilles moins ont été exterminés par les vilains Blancs que par les maladies contagieuses telles que variole ou rougeole», ajoute l'expert.

Il ne faut pas surtout oublier que les manipulations avec des agents pathogènes doivent être effectuées dans des laboratoires isolés, avec un personnel séquestré du reste de la population. Car ce que l'histoire nous enseigne, ce n'est pas un si, mais un quand l'ignorance de ces précautions nous en coûtera en santé et en vies. Et des vies certainement très nombreuses.

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