Au tout début de la journée j’avais prévu de partager avec vous quelques sensations d’Aubrac en plein hiver polaire. Enfin ! Dix jours que ça ne dégèle pas et qu’au contraire cela s’accentue. Moins dix au mieux la nuit et pas plus de moins cinq le jour. Le pays est pris dans un écrin blanc, les arbres partout, figurent des statues de glace. Plus tard dans la journée, j’y ai renoncé. Non que je me mette à procrastiner, mais parce que ce soir j’ai du monde - et du beau !-.
Et puis, alors que la cuisine commence à être bien avancée - une potée aubracienne c’est aussi bon à avaler que long à concevoir-, je suis retombé sur des nouvelles conjointes d’EDF et des autoroutes. Aberrantes évidemment, car incompréhensibles. Au départ il s’agissait - avec la Française des Jeux - des fers de lance de l’État, en matière de gains. Et quand l’État gagne, cela ne me gêne nullement. C’est comme ça qu’il renforce l’hôpital, ouvre des crèches, rémunère mieux ses fonctionnaires, abonde les projets qui améliorent la vie des Français, baisse la TVA... Oui, mais pas chez les libéraux, pas chez Macron, pas dans la finance qui l’a installé - avec la complicité de vingt pour cent d'électeurs nantis, sans âme ni conscience -.
Pour ceux-là, seul l’intérêt privé compte. C'est toujours mieux de se partager le pognon à cent plutôt qu’à soixante millions ! Il y a donc eu la privation d’EDF. Un truc complètement dingue lorsqu’on sait que, comme l’air, l’eau et les ressources naturelles, l’électricité constitue justement un bien commun dont tout le monde a besoin à part égale. Éclatée dans plusieurs sociétés, comme la SNCF, EDF a évidemment perdu son pouvoir de nuisance syndical, avec notamment des droits du travail … et de grève, singulièrement rognés. Et ça plaît au peuple de droite ce genre de conneries ! Moralité, vendredi soir, sur le coup des dix-huit heures, la neige, la glace et le vent, le climat hivernal en somme, ont endommagé le réseau Et bien, au lieu d’envoyer une équipe de dépannage d’urgence comme au bon vieux temps des « salauds de fonctionnaires », la direction d’Enédis a décidé d'attendre le lendemain, qu'il fasse jour. Laissant plusieurs centaines de personnes passer la soirée et la nuit sans lumière et sans chauffage. D’ailleurs du chauffage, l'hiver en montagne, à quoi bon !
Mais ça c’est un détail ! Vous connaissez tous l’histoire de l’électricité produite en France avec nos centrales nucléaires (attention je n’en fais pas l'apologie, mais elles existent !) Cette électricité vendue à bas coût à des sociétés privés et étrangères, qui viennent les revendre sur le marché français, avec vingt ou trente pour cent de bénef. Quand ce n’est pas le fournisseur initial qui est contraint de racheter à vil prix, le jus qu’il avait livré pas trop cher.
Autant d’hérésies qui ont conduit l'Etat à racheter EDF et donc à le renationaliser. Vous y comprenez quelque chose vous ? Et si l’on rajoute que le gouvernement y a nommé un certain Luc Rémont, ami personnel du célèbre secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, et grand spécialiste des privatisations dans une autre vie, c’est effectivement tellement tordu qu’il y a de quoi se perdre et même se pendre pour les plus déprimés d’entre-vous.
D’ailleurs, c’est pour ceux-là que j’hésite à continuer. Car oui les autoroutes aussi c’était une affaire qui roulait pour les finances publiques. Et ça n’a pas changé depuis que ce sont des actionnaires privés qui se foutent tout dans les poches ! C’est tellement énorme comme gains, qu’une mission d’expertise avait préconisé auprès du ministre des finances - Le Maire - qui l’avait lui-même initiée, que les tarifs des péages baissent, à terme, de… 60 % ! C’est le Canard Enchaîné qui a mis la main sur cette bombe à retardement (car le rapport date de février 2021). Dans les douze ans prochains, les actionnaires, ceux de Vinci, Eiffage et Sanef, empocheraient 40 milliards ! Autant dire que si vous pensiez qu'elles étaient faites pour vous faciliter la vie, vous avez fait fausse autoroute ! Ce n’est que pour gaver les amis du président. Et du reste comme la vie n’est pas facile pour eux, les patrons du réseau routier ont décidé d’augmenter les tarifs de 4,5 %. Puisque ça passe !!!
Mais enfin, avec les retraites, les provocations de Macron et ces prix qui ne cessent de grimper pour creuser les inégalités, il y a matière à se rassembler et organiser une vraie révolte. Pour ce faire, c’est dans la rue et nulle part ailleurs que cela doit se passer et se multiplier...
