Vous y avez déjà participé, vous, à une manif ? Moi, cela faisait bien longtemps ! Depuis la « manif pour tous » en 2013 et « pour l’école privée » en 1984… Non je déconne, c’était plutôt en 1995 contre la première réforme des retraites, qui a fait tomber Juppé, puis en 2015 « Je suis Charlie » qui avait fait tomber Cabu, Wolinski et leur copains.
Et si la réponse est non, eh bien je vous y invite, vous y incite même : offrez-vous en une ! D’autant que le prix d’entrée demeure très raisonnable, même si, pour les protestataires du bout du monde, il faut quand même se payer 120 bornes, comme je l’ai fait ce matin. Pourtant « à la base » et même « de base » comme le disent les jeunes cons, dont heureusement certains manifestaient à Mende hier matin, je ne suis pas grand fan des mouvements de foule. Cela me rappelle toujours les somptueux rassemblements de masse autour du Fürher à Berlin dans les années folles du groupe Volkswagen et les matches de foot où l’on réussit à rassembler 80 000 abrutis dans un stade pour vociférer des insanités d’une affligeante indigence autour d’un ballon et d’une cage gardée et convoitée par les milliardaires les plus cons de la planète. Ouf...
Seulement votre honneur, j’ai quelques circonstances atténuantes. D’abord, nous n’étions pas plus de quatre mille à Mende ce beau mardi 31 de pluviôse où la neige enchâssait joliment la ville. Bon d'accord, nous n'étions pas plus d'une vingtaine d’après la police ! C’est d’ailleurs pour ça qu’ils étaient plantés partout et qu’ils avaient généreusement bloqué l’accès à la préfecture. Si bien qu'il fallut nous contenter de « bordéliser » - suivant l’élégante formule du ministre Darmanin – devant la cathédrale. Ce qui n’a pas dû enchanter l’archevêque, surtout lorsque ses tympans se sont tétanisés au moment où un énorme pétard appelé « démon » explosait sous le porche d’entrée. Objection Monseigneur ! Jésus avant de devenir éternel, étant mort à 33 ans, aurait sûrement pris place dans le défilé, en scandant le fameux slogan « Métro, boulot, caveau » ! D’ailleurs, j’en ai vu un, au volant d’un vieil utilitaire de la CGT qui lui ressemblait fort. Pour l’âge il était plus près de l’abbé Pierre, mais enfin pourquoi le Christ, ne prendrait-il pas un coup de vieux à l’occasion ? C’est qu’il y a matière, tout de même, à s’en faire, des barbes blanches …
Un défilé comme ça, entre trois et quatre mille protestataires -soit presque le double du 19 janvier - et dans un bled de 12 000 habitants, cela vous fait un bien fou. Enfin, lorsqu'on ne s’est pas inscrit à la start up néchion et que l’on ne collabore pas à l’entreprise d’extérmination des petites gens au profit d’une caste de nantis sans âme, ni conscience ; si peu des hommes en l'occurrence. Le réconfort de se trouver au milieu d’une foule joyeuse ou grave, mais déterminée et solidaire. Moi qui ne suis ni jeune, ni jeune, mais pas totalement vieux non plus - je devrais, selon Macron, avoir pris ma retraite il y a six mois – j’ai aimé croiser le regard de ces gamins enfin politisés ou au moins capables de se révolter contre ces brigands du gouvernement qui, après avoir pourri la planète pour s’en mettre plein les poches, prétendent les maintenir au travail jusqu’à épuisement et si possible leur disparition. Car une retraite non payée à un travailleur mort avant l'âge, c’est un peu plus d’argent à distribuer aux copains de la finance. Ceux qui choisissent celui qui va les servir à l’Elysée.
Aimé tous ses anciens, mal en point qui passent sur leurs cancers, leurs insuffisances respiratoires ou rénales, ou seulement sur leur arthrose pour soutenir les générations que l’on veut sacrifier. Quel dommage de ne pas avoir eu le réflexe de prendre la photo touchante de ce noble vieillard qui, chez l’ophtalmo - ou j’avais pris rendez-vous pour rentabiliser un peu le déplacement – avait scotché sur son déambulateur un petit écriteau où il était écrit en rouge « solidarité avec les grévistes ».
J'ai encore ce refrain dans mon coeur : " La retraite elle est à nous. On s'est battu pour la gagner. On se battra pour la garder ! " Et c’est là que je me dis que je devrais m’en payer un peu plus souvent des manifs de ce type. Parce que du coup, sorti de son quant-à-soi où l’on finit par se demander si l'on est bien normal, on découvre des milliers de gens - des jeunes, des vieux, des beaux, des laids, des pauvres et des riches ( mais , mais si !) - qui pensent pareil et ne se résignent pas. J’ai même regretté de n’avoir pas prévu un petit prospectus que j’aurais distribué au quatre mille collègues : " abonnez-vous à ma chronique. " Il n’empêche que je vous réinvite à faire suivre celle-là notamment et la belle vidéo qui l’accompagne, au plus grand nombre. S’ils veulent s’abonner c’est simple : ils envoient le mot « oui » ou on « lâche rien » à jaclarrue@gmail.com et c’est magique ! Le lendemain, pour pas un rond, ils peuvent se poiler, se régaler, s’indigner et même se désabonner s’ils en ont marre de se faire traiter de conos et autres joyeusetés…
Bon, je suppose que certains d’entre vous y étaient aussi. Ils peuvent me raconter. Et nous dire s’ils ont ressenti les mêmes vibrations, l’émotion, la détermination d’une population évidemment orientée à gauche, mais pas seulement. Car, face au libéralisme qui est peut-être ce qu’il y a de plus extrême en France actuellement, il y a un grand combat à mener. Il est transgénérationnel bien sûr, mais doit être aussi transpartisan. A part les premier de cordée et ce qui, en dessous, les lèche éhontément, tout le monde est le bienvenu pour mener la lutte finale...
Ne manquez pas la vidéo de cette belle manif contre la retraite à 64 ans.
A Mende entre 3000 et 4000 personnes pour une population de moins de 12 000 !
Vous pouvez la faire suivre et dire aux gens de s'abonner gratuitement à ma chronique en la demandant à cette adresse : jaclarrue@gmail.com