Jacques Fortin (avatar)

Jacques Fortin

retraité, après mille et un boulots

Abonné·e de Mediapart

312 Billets

1 Éditions

Billet de blog 7 février 2014

Jacques Fortin (avatar)

Jacques Fortin

retraité, après mille et un boulots

Abonné·e de Mediapart

Quousque tandem, Hollande, abutere patientiam nostram...

Nous autres, « hors le genre », en prenons plein la tête depuis quelques mois, et de tous côtés. Quand je dis « hors le genre » je désigne par là celles et ceux et les autres qui n’entrent pas dans le cadre normé des canons traditionnels et dominants de « l’hétérosexisme » bigenré.

Jacques Fortin (avatar)

Jacques Fortin

retraité, après mille et un boulots

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous autres, « hors le genre », en prenons plein la tête depuis quelques mois, et de tous côtés. Quand je dis « hors le genre » je désigne par là celles et ceux et les autres qui n’entrent pas dans le cadre normé des canons traditionnels et dominants de « l’hétérosexisme » bigenré.

La droite intégriste, bien sûr, ne nous ménage pas ses coups. Elle est désormais déchaînée contre « la théorie du Genre », un fantasme conceptuel qu’elle désigne comme la nouvelle hérésie avec des furies de Torquemada.

Or c’est elle qui porte une « théorie du Genre ». Une théorie à forme de dogme, une doctrine close et impérative, une doxa qui ne souffre pas la moindre nuance, fait fi du réel vécu et prétend faire taire le réel vivant. Ce qu’elle fustige se compose de réflexions diverses, multiples, contradictoires, empiriques autant que conjecturales. Elles scrutent ce qui, hic et nunc, détermine les hommes et les femmes « réellement existant » à être ce qu’ils sont, se conduire comme ils se conduisent et se reproduisent comme ils se reproduisent.

 Pas question de ce regard éclairé pour les Torquemada. Les Lumières leur font horreur. Leur théorie du Genre est simple pour ne pas dire simpliste : au prétexte qu’un vagin met au monde des enfants et une verge de la semence, toute une anthropologie devrait en découler. Une vie en rose et bleu. Avec elle, un ordre social déploierait sa dualité jusqu’aux jouets que l’enfant choisirait spontanément, bien évidemment char d’assaut et  camion de pompier d’un côté, dînette et poupée Barbie de l’autre. L’égalité homme-femme serait une chimère pernicieuse que la « complémentarité » saine et naturelle (sur fond de biologie toujours) devrait chasser.

En gros, la femme doit demeurer une recluse allaitante et l’homme un prédateur protecteur des siens. (Le discours psy ambiant, ventriloque de l’idéologie dominante, dirait l’une fonction utérine, l’autre socialisatrice).

Cette description de leur théorie sexiste et patriarcale, il y a encore quelques mois je n’aurais pas osé la donner telle quelle. Je l’aurais jugée caricaturale et datée, et moi de mauvaise foi. Voici qu’on l’entend pourtant, avec stupéfaction, revendiquée telle quelle haut et fort par les rues, dans les medias et lors de prêches revanchards. Voilà, surtout, qu’elle pèse non seulement sur la droite conservatrice (question de clientèle) mais sur la gauche, enfin… sur les ci-devant socialistes ballottés sur ce radeau de la Méduse d’une gauche dont on il est désormais patent qu’elle a perdu et son cap et ses capitaines… une épave de gauche.

Pendant qu’on est en train subrepticement d’expurger les manuels de l’éducation nationale pour en faire sortir toute mention du genre, qu’on se récrie en disant que l’éducation à l’égalité filles garçons ne vise en aucun cas à mettre en cause la différence des sexes (c’est quoi, hors la biologie, cette différence qu’il faudrait ménager ? soumission, assignations, réclusion des femmes ?) voilà que le gouvernement se couche et, d’un coup légitime les furies insensées de Torquemada surgis du antres fondamentalistes et des siècles noirs de l’Inquisition.

Cette défaite en rase campagne d’une équipe qui n’a plus de principe ni même de fierté, en annonce certainement d’autres…

Les associations LGBT qui viennent dans les établissements scolaires sensibiliser à l’homophobie vont se voir fermer les portes. Les financements, les campagnes, les soutiens vont leur être sournoisement mesurés. Gênantes parce que cause de scandales et divisant la « France apaisée » ces questions trouveront de moins en moins d’écoute. Un sourd basculement homophobe est en cours.

Torquemada est de retour.

Boutin et La Rochère sont ses pythies.

Debout les « hors le genre ». Aux armes !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.