Voilà, ça y est, on l'a obtenu.
Alors on peut se le dire franchement : ce mariage gay a été un épatant chiffon rouge agité par la gauche libérale pour tenir le devant de la scène et lui laisser tout loisir de faire ses (grosses) saloperies en coulisse. Pendant ce temps la gauche de terrain avait le regard ailleurs (oh pas complètement, c'est sûr, mais quand même on le lui tirait régulièrement ailleurs).
La droite libérale bonne fille y a apporté sa contribution en combattant à fond cette loi inique alors même que ceux de ses dirigeants qui défilaient confiaient sans mal dans les dîners en ville qu'ils étaient pour ce mariage ou s'en foutaient. Je ne parle pas de Christine la cousine bien sûr ni des calotins catho-tradi dont le sarkozisme a farci la droite.
D'ailleurs ce mariage, dont on sait tout le mal que j'en pense et la nécessité néanmoins de l'imposer "jusqu'à la lie", la contenterait à vrai dire. Il vient secourir une institution en profonde déshérence depuis cinquante ans, il vient policer des pratiques sexuelles que déjà la "libération" des mœurs avaient encadrées dans les backrooms et le gayporn plutôt que les parcs, jardins, plages ou l'inventivité collective éphémère des années 70. Il vient chanter l'hymne d'un familialisme harassé de divorces, d'enfants conçus hors mariage et tutti quanti. Une aubaine qu'ils n'ont pas su saisir.
Mais voilà, c'était la grande mesure de gauche (?!) du gouvernement. Toute la gauche était sommée (Mme Agacinski de se faire discrète) de la défendre et avec elle le gouvernement. Et ça a marché. Jusqu'à la gauche dite radicale LGBT voire les anticapitalistes qui ont allègrement défendu ce mariage bec et ongle au prétexte de défendre les LGBT, comme d'ailleurs ils défendent la légalisation de la prostitution au prétexte de défendre les personnes en situation de prostitution, ou le port du foulard religieux comme un signe de résistance progressiste et féministe (rien moins) à "l'islamophobie".
On a entendu de leur part "nous voulons avoir le droit de divorcer" par exemple. Délicat mot d'ordre, trait d'esprit chic et choc furieusement humoristique que ne manquent pas d'apprécier les millions de nos contemporain/es qui ont à vivre (ou eu) concrètement (pas dans les délires théorico-humoristiques) ce qu'est réellement le divorce, donc ce qu'est réellement le mariage. Mais bref.
Pendant ce temps ce gouvernement faisait ce qu'il s'était promis qui n'a rien à voir avec ce qu'il avait promis, nuance que ses électeurs feraient bien d'intégrer lors des prochains scrutins. Ce furent Arcelor-Mittal purement et simplement trahis, les travailleurs de Renault et Peugeot dûment soumis au dégraissage compétitif de leurs effectifs comme de leurs salaires. L'abandon des 75%, maintenant du plafonnement des salaires des patrons, la traque aux étrangers/immigrés, la poursuite de la casse des hôpitaux et du non remplacement des départs à la retraite des fonctionnaires, enfin le bouquet l'ANI, le scandaleux ANI qui précipite un peu plus les salariés sous la férule arbitraire des patrons et la rapacité aveugle des actionnaires. Une guerre au passage, cette gauche a pris le pli de déclarer des guerres sans débat aucun. Il semble que le cumul des mandats grâce aux mandarins socialistes aie de beaux jours devant lui. J'ai dû en oublier.
La suite approche et ça va castagner dur : les retraites, l'indemnisation du chômage, la sécu. Bref.
Mais la misérablement basse cote du président remonte. Oh, pas un grand bond en avant : un saut de puce, c'est le salaire de la loi sur le mariage pour tous. Face à la droite et, divine surprise sans aucun doute pour les Think Thank qui organisent la stratégie et la communication, l'extrême droite y compris explicitement nationalo-fasciste soudainement réactivée, le mol président (pas si mou quand il s'agit de faire ce qu'il s'était promis) apparait comme ayant été méchamment agressé, solide quand même (et suffisemment flexible en ne manquant pas par quelques fausses maladresses comme la clause de conscience pour les maires et en laissant dire son peu d'enthousiasme pour le mariage gay, lui-même vivant en union libre depuis toujours, quel bordel !), bref ce président tenant bon pour finir malgré la rue (de droite), un homme de gauche quoi sur ce terrain là. Et ça lui vaut quelques dixièmes de pourcentage en embellie.
Bon, ben voilà.
Oui, on peut se le dire, maintenant que c'est gagné, entre nous.
Non seulement le mariage gay comme revendication centrale des LGBT quand on voit la violence jusqu'ici souterraine de l'homophobie et si l'on songe à ce qu'est cette institution déclinante et sournoise, le mariage gay était non seulement une connerie mais en plus durant six bons mois il a servi de cache... sexe aux saloperies du gouvernement.