Les crises politiques successives qui secouent le pays de cèdres ont longtemps occultés les questions économiques et les multiples failles du système financier libanais basé sur une sorte de « désordre libéral ». Pourtant, la crise économique est bien là, et de plus en plus sentie par une population qui s’appauvrie jour après jour. La crise financière mondiale est certes un facteur d’explication, mais pas le seul. Le système économique libanais, avec sa dette publique colossale, explique ce problème, qui risque, en l’absence d’une réponse adéquate, de déstabiliser la fragile paix sociale libanaise.La société libanaise de statistique et de conseil a évalué, dans un rapport publié par le quotidien libanais Annahar, à 58 % la hausse globale des prix entre 1996 et 2007. Cet indice analyse l’évolution des prix en divisant la décennie étudiée en quatre périodes :Première période : entre 1996 et 1998La hausse des prix a atteint 13% en deux ans. Une hausse qui serait expliquée par plusieurs facteurs économiques interdépendants : des taux d’intérêts élevés et des dépenses considérables dans le secteur de construction qui ont provoqué une augmentation de la demande des matières premières. Par ailleurs, on ne peut pas oublier, dans cette analyse, les conséquences de la politique économique libérale pratiquée par les gouvernements depuis 1993.Deuxième période : entre 1998 et 2006Cette période a été caractérisée par une stabilité relative des prix avec une hausse de 1.6%. Cette stabilité est due à deux facteurs : un interne qui est le résultat de la baisse des taux d’intérêts et la faiblesse de la croissance, et un autre externe relatif à la faiblesse de l’inflation au niveau mondial et la bonne santé économique des pays de la zone euro, principaux fournisseurs de l’état libanais.Troisième période : de juillet 2006 à mai 2007Les effets de la guerre de juillet 2006 sur l’économie libanaise étaient considérables. Une hausse des prix de 4.5% a été observée, principalement en raison de la destruction d’une grande partie des infrastructures de la région du sud. De plus, les raids israéliens sur la banlieue sud de la capitale ont provoqué le déplacement de la population et la mise à plat du tissu économique de cette région, dont les conséquences ont été dévastatrices sur les prix des produits de consommation courante.Quatrième période : à partir de juillet 2007Cette période a été marquée par une hausse exponentielle des prix. Le rapport publié par le quotidien Annahar a observé 6% de hausse entre juillet et décembre 2007 et 11 % pour le seul mois de mars 2008. Le plus inquiétant dans ses chiffres, c’est l’augmentation cumulée annuelle qui dépasse les 16%, un chiffre jamais atteint dans l’histoire économique contemporaine du pays.Pire encore, la hausse des prix des produits alimentaires (principal produits de consommation des ménages modestes) a dépassé les 19% entre mars 2007 et mars 2008. Une fois de plus, l’économie libanaise montre que son système de « désordre libéral », ne peut être expliqué par aucune théorie économique, même les plus libérales. Les structures économiques du pays sont certes libérales, mais sans aucune procédure de régulation ou de contrôle, comme c’est le cas dans la plupart des pays qui ont adopté l’économie de marché. De plus, la crise politique qui risque de se prolonger, empêche de poser les bases d’une solution, à savoir une refonte globale du système économique avec une réelle ouverture qui permet de jouer la concurrence et par conséquent, baisser les prix.
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Billet de blog 27 mai 2008