Le Liban a toujours été considéré comme le pays le plus respectueux de la liberté d’expression de la région, en atteste une riche activité d’édition et la diversité de la presse écrite qui représente toutes les tendances de la société libanaise. Pourtant, plusieurs affaires de censure invitent à relativiser la notion de cette liberté d’expression dans un pays où l’individu est reconnu comme un membre d’une communauté plutôt qu’un citoyen, en d’autres termes, la communauté reste toujours un intermédiaire entre l’état et ses sujets.L’emprise du religieux et du communautaire est toujours visible dans un pays qui a toujours été géré par un système de démocratie confessionnelle. La dernière affaire de censure est celle du film d’animation franco-iranien Persépolis, qui dans un premier temps a été censuré puis autorisé grâce à une mobilisation de la société civile et l’intervention du ministre de la Culture. On ne peut pas s’empêcher de dire que la crise politique a joué contre la censure dans cette affaire qui a été largement politisée et médiatisée. Une autre affaire de censure montre l’incapacité des pouvoirs publics et de la société à évoluer dans une logique d’égalité de traitement de l’information. Le numéro de l’express daté du 28 février 2008 a été en partie censuré (les pages correspondant à un article sur les justes de France ont été déchirés avant la mise en vente), ce qui montre une certaine hypocrisie de l’état libanais sur un sujet relatif à l’histoire des juifs pendant la deuxième guerre mondiale. Enfin, un numéro « d’Historia thématique », consacré à une biographie non autorisée de Jésus (novembre 2007) a aussi été censuré au pays de cèdres.La société civile ne peut pas exister sans une réelle liberté d’expression et la liberté d’expression doit s’émanciper du religieux. Les productions littéraires et artistiques ne peuvent pas être jugés arbitrairement selon l’appréciation des responsables religieux et communautaires, d’où la nécessité d’une nouvelle loi capable de faire entrer le pays dans la modernité.
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Billet de blog 31 mai 2008