Nommé Premier ministre par le Président de la République le 31 mars dernier, Manuel Valls prend ses fonctions après le désastre électoral qu’a représenté pour la gauche les élections municipales.
A n’en pas douter la nomination de Manuel Valls tient des circonstances car, si le résultat des élections municipales avaient été inverses, aurait-il été appelé à cette fonction ?
Pourtant, depuis qu’il a été nommé, la question se pose de savoir s’il ne va pas se révéler un Premier ministre d’exception.
Ce qu’il y a d’exceptionnel dans la démarche de Manuel Valls, ce n’est pas tant le virage de politique économique qu’il essaye de négocier, à savoir redynamiser l’économie française en favorisant l’offre, par la baisse des charges, des impôts et de la dépenses publique, comme en témoigne ses déclarations lors de son discours de politique générale devant l’assemblée, que la manière dont il aborde les problèmes.
A cet égard, sa gestion de la loi Alur est symptomatique. A Cécile Duflot qui n’hésite pas à affirmer : « Ne soyons pas dupes, il s'agit d'une opération qui consiste à attaquer une des véritables lois de gauche de ce mandat », Manuel Valls répond : oui mais ça ne marche pas !
Il semblerait que pour la première fois nous ayons un Premier ministre qui n’hésite pas à fonder son action et ses propos sur le pragmatisme. Or c’est ce qu’il faut à la France : du pragmatisme avant l’idéologie. A quoi cela sert-il d’avoir la meilleure loi de gauche si les investisseurs privés n’investissent plus dans l’immobilier ? Comme le disait Manuel Valls lors des réponses du gouvernement à l’assemblée, le 18 juin dernier : « N’oublions jamais que il n'y a pas de meilleur protection pour les locataires qu'un marché locatif abondant. »
Si le gouvernement veut avoir une chance de faire redémarrer l’économie française il semble bien que la meilleure approche soit celle du réalisme, en lieu et place de la mise en force de mesures, certes intellectuellement ou idéologiquement valables, mais éloignées des réalités de terrain.
Faut-il aller plus loin encore et affirmer, comme le faisait Tony Blair : « Il n'y a pas de politique économique de droite ou de gauche, il y a des politiques économiques qui marchent et d'autres qui ne marchent pas. »
Toujours est-il que cette nouvelle musique qui provient de Matignon et qui prend ouvertement son inspiration aux sources du pragmatisme est une des meilleures chances qui s’offre à la France.
En effet, à regarder de plus près l’offre politique française, tous les partis se réclament du dirigisme. Même le parti du Front National, qui prône ouvertement une politique de rupture avec le consensus européen, le fait au nom d’une politique où l’Etat intervient pour sauver les Français et la France.
Or la France économique se meurt de devoir s’adapter en permanence à la noria de lois nouvelles élaborées par un cénacle technocratique détenteur de la vérité mais éloigné des réalités.
Après avoir été nommé grâce aux circonstances, peut-être que manuel Valls se révèlera un Premier ministre d’exception.