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Billet de blog 1 mars 2020

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Sur le front (du coronavirus)

"A la recherche du coronavirus", un reportage sur le front de l'épidémie, sans masque et à visage découvert. Six stations d'un chemin de croix dans ce 13ème arrondissement de Paris qui abrite le "quartier chinois". Des risques insensés pris au service de l'information.

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Première station, une pharmacie du boulevard Saint Marcel. Depuis l'extérieur, une pancarte prévient le chaland « plus de masque ». Je me plains auprès de la pharmacienne d'une pénurie qui va m'empêcher de réaliser le casse du siècle dans l'agence bancaire voisine. Son sourire me console de l’attitude d'écureuils boulimiques de mes concitoyens qui craignent le rationnement. Alors que je me dirige vers la sortie, elle m'interpelle. En veut-elle à mon "06" ? Espoir déçu, elle ne cherche qu'à me fourguer, certes à un prix d'ami et c'est un signe encourageant, un vieux stock de vaccins "Bachelot"  (époque H5N1) qui encombrent son arrière boutique. 

Deuxième station, Hôpital de la pitié salpêtrière (*). Si j'avais été en Asie, un agent aurait pris ma température à l'entrée. Ici rien de tel, la sécurité ne manifeste pas davantage d'intérêt pour ma personne que pour mon sac. Vivent les épidémies et la vacances de fouilles ! Je consulte le registre des admissions sans trouver trace d'un incertain Macron qui serait pourtant venu, nous dit-on, dans un des services (épidémiologie ?) Ce type étant porteur du germe de la réformite aigüe, une pathologie qui le fait s'attaquer au peu de politique sociale subsistant dans ce pays, il aurait dû rester en quarantaine sanitaire de façon à lui éviter de contaminer la partie saine du corps social. Autoriser ce patient contagieux, porteur pas sain du tout, regagner l'Elysée est la preuve d'un manque de vigilance et d'un laxisme inquiétant qui favorisent la pandémie ultra-libérale qui rôde autour de nous. Un long tour dans les services de l'hôpital déserté (est-ce l'effet samedi matin ?) et je ressors sur l'avenue. Un groupe de militaires de la base de Creil me frôle (je les reconnais à leur écusson). Ai-je été contaminé ? Une grande respiration ( intérieure) plus tard et je poursuis mon chemin, quels que risques qu'il faille prendre. 

Troisième station, le restaurant. L'heure du déjeuner arrive qui va me voir choisir entre deux dangers : le buffet chinois à volonté et la pizzeria dans laquelle des produits frais arrivent tous les jours d'Italie. Courageux mais pas téméraire, je décide de grimper les sept étages qui mènent à la chambre de bonne de ma jeune nièce qui ne s'appelle pas Buzyn. Elle habite à deux pas, la proximité est un, argument décisif auquel je regrette d'avoir cédé quand elle pose sur la table sa spécialité, une soupe de nouilles lyophilisée.    

Quatrième station, "le virus ne passera pas par moi". Dimanche 1er mars, un semi-marathon parisien (*) est prévu dans les rues de Paris. Son caractère impératif m'échappe. Après le match de foot Lyon-Turin et alors que les autorités sanitaires préconisent de redoubler de vigilance, cette course à pied apporte une nouvelle fois la preuve que la compétition sportive rend con, participants comme spectateurs. Si au moins l'épidémie en tuait quelques uns. Je nourris l'espoir que les organisateurs imposent le port d'un masque "Canard" à tous les participants. Même si mon manque d'entraînement ne me permet pas de distancer un virus même faiblard à qui il prendrait la fantaisie de me poursuivre, je décide de me prendre des photos  de cette drôle de basse-cour tricotant des guibolles. 

Cinquième station : "Macron menacé " titre la version internet de Gala ( que de sacrifices pris pour vous ). Par des opposants plus nombreux et plus virulents ? Le magazine ne s'intéresse qu'aux virus et détaille quelques mesures pour s'en protéger. Son premier rempart, les gardes du corps. Tels de fidèles Benalla, ils doivent être chargés de tabasser les virus qui s'approcheraient un peu trop du président  En fait, la réalité est moins glorieuse, ils portent une "solution hydroalcoolique" à utiliser en cas de serrages de mains à risque, celles des gilets jaunes ou de personnels soignants en colère. Le président s'en lave les mains, comme à son habitude, évitant le risque d'une infection de révolte montante. Un peu plus loin, le site évoque la mise en quarantaine d'un animateur de télévision remplacé par son "joker". Cette information est-elle destinée à nous préparer à un jeu de chaises musicales à la tête de l'exécutif ? Gala, repaire de la France Insoumise ? Aucune indication n'est donnée qui permette de deviner le nom du joker présidentiel. Grivaux ? Il s'en branle, si j'ose m'exprimer ainsi. E. Philippe ? Il est trop occupé à faire retraite du côté du Havre. Castaner ? entre les manifs et les boîtes de nuit, c'est le burn out assuré. Reste Buzyn, sorte de couteau suisse dont le passage au ministère de la prévention des épidémies a permis de juger des compétences.   

(*) voilà ce qui arrive quand on n'est pas connecté aux médias h24. L'information donnée le samedi matin est ringarde dès le dimanche. Pan sur le clavier comme dirait certain volatile. 

Sixième station, mon fauteuil devant la télé. Ce grand démocrate de Macron a  décidé de recourir au 49.3 afin le sol français au coronavirus. Le babil du porte-voix gominé de la chaîne d'état me ramène à la réalité et je réalise qu'il est question du casse des retraites. Si j'osais, je conseillerais à Gnafron, ministre de l'intérieur, d'interdire tout rassemblement de plus de trois personnes, prenant prétexte du risque de propagation du coronavirus. Cette autre suggestion encore, interdire les drapeaux rouges puisque, c'est bien connu, le rouge énerve les virus alors qu'ils n'en n'ont aucun besoin. 

A l'attention de lecteurs inquiets, ce bulletin de santé personnel : dimanche matin, ni fièvre ni éternuement, tout juste un cor, même pas 19, au pied.🤐

(*) seule mon inaptitude au bricolage m'a tenu éloigné de l'hôpital Tenon et Mortaise. 

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