CLIMAT SOCIAL : LE SENS D’UNE REVOLTE :
La lutte contre la réforme des retraites, cela dure depuis longtemps et de manière lancinante. Le pouvoir en place pensait pouvoir « tourner la page rapidement ». On peut comprendre qu’ils aient à ce point envie d’oublier. Mais c’est un peu comme un bouton sur la peau qui refuserait de disparaître. On essaye de le brûler, de l’opérer, mais il persiste. Les observateurs n’y comprennent pas grand-chose. Du côté de la Macronie, on s’enferme dans les certitudes, selon lesquelles le temps finira par tout arranger. « T’as un problème insurmontable, tiens pose le là sur la table. Laisse passer...et le temps, et le temps et le temps… te le réglera. » chantait naguère Gilbert BECAUD. C’est tentant mais cela ne marche plus.
La fachosphère, la droite classique et la racaille journalistique s’insurgent sur le thème de la montée de la haine et de la violence. Mais ils ne parlent que d’une seule violence. Celle des manifestants et des casseurs qui sont paraît-il d’extrême gauche, et dont leur gourou serait Jean LUC MELENCHON. Ah comme ils aimeraient voir leurs fantasmes se réaliser ! Mais la mayonnaise ne prend pas.
Vous avez dit violence ?
Il n’y a pas si longtemps, ils étaient nombreux à vomir sur les syndicats qui « ne représentaient plus rien. » Le comportement et la stratégie exemplaires de l’intersyndicale leur a coupé tous leurs effets. Comme ils auraient aimé se répandre sur les français privés de vacances par des « preneurs d’otages. » On connaît la musique. Cela ne s’est pas produit. Pour autant, cela ne les a pas empêché d’ironiser sur le thème : « Ils n’ont pas pu bloquer le pays nananaire !!! »
« Les cons ça ose tout et c’est à cela qu’on les reconnaît » La réplique de Michel AUDIART prend tout son sens.
Ils ont tenté toutes les magouilles pour convaincre les députés républicains de voter leur réforme scélérate. Le compte n’y était pas malgré tous les efforts !
A l’issue du 49,3 , on a vu fleurir des manifs sauvages avec des incidents, notamment des feux de poubelles et là, ils ont commencé à dénoncer les comportements anti républicains. L’arrogance du pouvoir ne s’est pas apaisée. Puis est venue la manif protestant contre les bassines de Sainte SOLINE. Un déferlement de violences policières proche de la boucherie.
« Violences policières, » Il paraît que ce terme ne doit pas être employé. MACRON l’avait déjà décrété du temps des gilets jaunes. Aujourd’hui, ils sont nombreux à le relayer. Commençons par l’extrême droite. ZEMMOUR, le DRACULA de RECONQUETE, l’assoiffé de sang, invité matin midi et soir sur les chaînes pourries s’est empressé de le rappeler. Il clame haut et fort que « le statut des policiers doit être celui de chasseur et non de gibier. » Comprenez : donner le droit de tuer aux policiers. Pour lui, les flics ont tous les droits.
« La Police ne tue pas elle nous protège ! » hurle chaque jour l’hystérique Pascal PRAUD. Ah bon ? Elle nous protège en tabassant, en gazant, en mutilant, en éborgnant ? Vous avez raison d’y croire ! Que dire aussi de Gérald DARMANIN, le petit JAVERT de pacotille à moustaches, qui place l’expression « extrême gauche » dans toutes ses phrases, à la manière du curé exorciseur avec son « VADE RETRO SATANAS... » Le ridicule est au pouvoir. Pardon mais l’incantation ne suffira pas cette fois. Il est temps d’en prendre conscience.
L’essentiel est ailleurs…
Ah comme ils sont heureux d’annoncer une relative baisse du niveau de mobilisation… « Le début de la fin » voit-on depuis peu sur nos écrans. Rêvez toujours !
Il est temps de prendre de la hauteur . A quoi sommes - nous entrain d’assister ? Ce mouvement ne ressemble à aucun autre.
Ce n’est pas 1789. Royalistes rassurez vous, MACRON votre monarque, gardera sa tête.
Maintenant, épargnez nous vos jérémiades autour de la terreur et des sans culottes.
Ce n’est pas le front populaire de 1936 avec une forte mobilisation populaire et un pouvoir de gauche: La droite libérale est au pouvoir et ne négocie rien !
Ce n’est pas Mai 68, la France n’est pas paralysée. La bourgeoisie pense qu’elle peut encore dormir en paix.
Ce n’est pas non plus la révolte des gilets jaunes c’est encore autre chose. Il s’agit à mon sens d’une sorte de révolution rampante et d’un basculement lent et irréversible de notre société. Avec le COVID, ils ont pensé que notre pays était seulement composé de moutons dociles. Quelle erreur ! Il y a, comme disent les juristes, un faisceau d’indices qui sont annonciateurs d’un tournant qui pourrait bien être irréversible. Nous allons les répertorier.
1- Un bouleversement sociologique :
Les réactionnaires ont l’habitude de dénoncer les privilégiés de la fonction publique qui selon eux, pourraient s’offrir le luxe de la grève. Ils ont encore tout faux !
D’abord, on trouve dans la rue des catégories socio-professionnelles que l’on ne voit jamais, des artisans, des commerçants voire des patrons ! Des salariés du privé, Comme c’est bizarre.
Il y a depuis peu parmi nous des jeunes dont le souci devrait être ailleurs que dans la réforme des retraites. Il faudrait travailler le sujet mais ils sont là et quand les jeunes sont dans la rue le pouvoir peut trembler !
2 - Un monde syndical chamboulé :
« Il faut virer les mauvais syndicats pour conserver celui qui plaît au patronat ! » Chantait Jean FERRAT, qui cherchait ainsi à ironiser sur la CFDT .
J’ai participé à toutes les manifs à BESANCON et je me suis intéressé aux rangs de la CFDT. Je peux vous dire qu’ils sont fournis et remontés ce qui me ravit. J’ai tant laissé de plumes dans les trahisons successives de cette centrale.
D’autres syndicats que je considérais pour ma part, comme non seulement réformistes mais vendus au pouvoir : FO CFTC, CFE CGC, UNSA… sont non seulement dans le mouvement mais en font une analyse pertinente et sans complaisance sur le thème « On ira jusqu ’au bout. »
Militant du syndicat Solidaires, je n’aurais jamais pensé que cela fût possible.
« L’unité syndicale cela ne durera pas ! » raillaient les amis du pouvoir. Ils peuvent aller se rhabiller.
3 - La pensée déverrouillée
Il n’est plus possible aujourd’hui de verrouiller la pensée et les motivations. La révolte gronde au sein même de la CGT, et c’est la ligne dure qui semble l’emporter ! Qui l’eût cru ?
Il y a quelque temps j’ai entendu un homme de droite, Henri GUENOT, ancien conseiller de SARKOZY, qui s’exprimait sur ce mouvement. Le visage grave, il a expliqué que le pouvoir commettrait une grave erreur en sous estimant l’ampleur de cette révolte qui comporte selon lui un fond de psychologie collective... Eh bien dites moi ! Les salons du 16e arrondissement n’ont pas fini de s’offusquer et de trembler…
Cerise sur le gâteau, c’est un député de droite qui a porté la motion de censure à l’assemblée Nationale.
Ils ont aussi tenté de jouer le JOKER, la carte de l’opinion publique contre les manifestants : un échec retentissant ! Rien ne se passe comme d’habitude et ce n’est pas fini.
La pensée unique ne règne plus désormais.
4 – L’ordre établi bousculé :
Nous avons entendu parler de manifs interdites… Cela ne fait pas un peu désordre dans un état de droit ? Passons mais l’interdiction n’a jamais réellement fonctionné dans l’histoire du mouvement ouvrier. Au 19e siècle, la misère suintait de partout, les grèves étaient interdites mais elles avaient lieu tout de même. La loi LE CHAPELIER interdisait toute coalition ou association, elle n’a jamais fonctionné. Les syndicats étaient interdits mais ils ont existé notamment sous forme de mutuelles, bien avant 1895, date de la constitution de la CGT.
La grève et la manif de solidarité avec les travailleurs de LIP en 1973 étaient aussi illégales. Je pourrais multiplier les exemples, mais il faut juste savoir que parfois, il est des moments où le rapport de force prend le dessus sur l’ordre bourgeois. Le soulèvement de la commune de PARIS en est l’exemple le plus frappant. Alors les journaleux qui nous servent la soupe de leur indignation de voir la légalité bafouée sur le thème « La grève oui mais le blocage non , ce n’est pas légal »feraient bien d’étudier un peu l’histoire de France. « La grève par définition ça bloque ! » leur a lancé sans ambage notre militant de SUD RAIL Fabien VILEDIEU. Bravo à lui. !
Alors il me semble que ces 4 indicateurs constituent un élément déterminant annonciateur de changements irréversibles, bien au-delà du dossiers sur les retraites. Passons à autre chose martèlent les macroniens. Naïfs qu’ils sont, ils ne savent pas ce qui les attend sur les autres dossiers !
ON LÂCHE RIEN !
Jean Claude TARBY