Et maintenant… Tout reste possible !
Le 7 mars 2023, fut bien une journée historique. Il était bien question de la grève générale mais aussi de la claire conscience de la masse des travailleurs que rien n’est gagné et qu’il ne faut pas croire que faire céder les milliardaires sera un jeu d’enfant. Les travailleurs les plus exploités n’ont nullement l’intention de perdre des journées de salaire si ce n’est pas pour gagner.
La manifestation parisienne n’avait pas, ce 7 mars, les 700 000 manifestants escomptés. Nous sommes encore loin de la manifestation du 13 mai 1968. Nous sommes encore loin de la grève générale qui est pourtant bien le seul moyen d’aboutir à une victoire. Tout le monde le sait et c’est aussi pour cela que les travailleurs hésitent à s’engager dans un mouvement sans la claire perspective d’aller vers la victoire. C’est loin d’être un signe de faiblesse. Les larges masses sont judicieuses. Elles sentent et elles savent leur force, elles font des caisses de grèves, elles pensent à la bataille, mais elles veulent la gagner. Nous voyons la mobilisation s’étendre avec en particulier l’indispensable appui de la jeunesse. Les universités et les lycées se joignent aux travailleurs. Il y a eu plus de 3 millions de manifestants dans le pays.
La volonté d’imposer l’abandon de la réforme des retraites concentre chez les exploités comme chez les exploiteurs des intérêts et des aspirations opposés :
• Soif de vivre et de ne pas perdre sa vie à la gagner d’un côté.
• Soif du profit et de la réduction du « coût » du travail au mépris de la vie des travailleurs de l’autre.
Mais, répétons-le, pour mobiliser l’ensemble des travailleurs, il faut ouvrir la perspective d’un véritable programme de défense de l’ensemble des revendications des travailleurs et ne pas s’en tenir à la seule question de la réforme des retraites alors que nous sommes attaqués sur bien d’autres fronts : atteintes aux libertés, diminution du pouvoir d’achat…
L’intersyndicale reste unie et il faut s’en féliciter. Mais, elle est acculée entre un pouvoir aveugle et sourd qui va dans le mur et la lame de fond sociale qu’elle veut continuer à diriger pour la contenir. Elle cherche pour cela une issue en demandant à M. Macron de la recevoir. Elle cherche, avant tout, à négocier, dès maintenant avec le pouvoir politique tandis que le vrai pouvoir, celui des milliardaires, estime qu’en ne cédant rien il va l’emporter une fois de plus. L’intersyndicale dit :
« Cela ne peut plus durer. Le silence du président de la République constitue un grave problème démocratique qui conduit immanquablement à une situation qui pourrait devenir explosive. En responsabilité, l’intersyndicale lui adressera un courrier lui demandant à être reçue en urgence pour qu’il retire sa réforme. »
La masse des travailleurs qui est prête à s’engager dans la lutte si la perspective de la victoire devient réaliste attend autre chose. Elle demande un vrai programme de défense des revendications tel que celui proposé par l’AGIMO (voir ci-dessous) qu’il faut discuter. Elle cherche le combat classe contre classe avec une auto-organisation des travailleurs prenant en charge leur mouvement revendicatif, élisant leurs délégués, fédérant les comités d’usine, les comités locaux… Elle veut la grève générale bloquant tout le pays pour montrer que les milliardaires ne sont plus rien sans les travailleurs. Ils ont besoin de nous mais nous n’avons nullement besoin d’eux.
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Programme de défense des travailleurs proposé par l’AGIMO
• Retrait de la réforme des retraites.
• Augmentation immédiate de 200 euros pour toutes les retraites.
• Une seule école pour tous : l'école laïque. Nous demandons l'adoption, comme première réforme de l’enseignement, de la loi Savary qui avait été refusée par Mitterrand.
• La suppression des camps de rétention. Les règles françaises pour les migrants ne doivent pas être plus répressives que celles des anglais. Les migrants ne devraient pas chercher à n'importe quel prix à passer en Angleterre. Si nécessaire, la France devra quitter l’espace Schengen.
• Indemnisation pour les manifestants estropiés notamment lors des manifestations des gilets-jaunes. Amnistie pour tous les manifestants condamnés. Remboursement des amendes.
• Suppression des forces de polices compromises dans la répression et les brutalités contre les manifestants. Remplacement par des brigades de sécurité composées de civils volontaires. Celles-ci seront placées sous l'autorité des représentants des travailleurs.
• Répudiation de la dette. Nous ne devons rien.
• Nationalisation sans indemnités ni rachat de tous les grands médias (télés, radios, journaux, revues) qui sont dans les mains d'une dizaine de milliardaires.
• Réforme de toutes les règles concernant l'information en s'inspirant du programme du CNR et de ce qui a été acquis en Argentine mais en allant beaucoup plus loin pour en finir avec les dogmes imposés et le système de pensée unique, garantir la liberté d'expression et la possibilité pour chaque courant d'avoir des canaux d'information en respectant des règles de proportionnalité et d'équité.
• Abrogation de toutes les lois liberticides notamment celles de Macron : La loi n° 2017-1510 du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme. La loi asile et immigration du 10 septembre 2018. La loi dite anticasseurs publiée au J.O. le 10 avril 2019. La loi « sécurité globale ».
• Réforme fiscale : Suppression de la CSG. Création d’un impôt sur les dividendes (Faire payer les capitalistes et non pas les salariés). Plus forte progressivité pour les impôts sur le revenu (Suppression du système par tranches. Un simple pourcentage d’autant plus élevé que le revenu est élevé). Impôts sur la fortune avec forte progressivité (même principe de calcul). 6 taux de TVA : 0% pour les produits de première nécessité, taux réduit de 5%, taux intermédiaire de 10%, taux normal de 20%, taux pour produits de luxe de 35%, taux pour produits de grand luxe de 50%.
• Ouvrez les livres de compte ! Les travailleurs disent : « Nous n’avons rien à cacher. Faites comme nous ! ». Arrêtez les truandages, les cahuzaqueries, la fraude fiscale ! Les escrocs en prison !
• Retour à l’échelle mobile des salaires qui existait avant Mitterrand. Il faut un rattrapage systématique des salaires indexé sur l’augmentation du coût de la vie.
• Sortie de l’OTAN. Sortie de l’UE. Retour en France de tous les militaires français en opération dans des pays étrangers. Il faut, en toute transparence, fournir des armes à la résistance ukrainienne et non pas aux puissances capitalistes qui les utilisent contre des peuples opprimés (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, dictature du Tchad…).
• Expropriation et nationalisation sans indemnités ni rachats de toute entreprise qui ferme avec reprise de la production sous le contrôle des travailleurs.
Vous pouvez imprimer ce texte sous forme de tract pour le distribuer autour de vous. Vous le trouverez avec notre mise en forme sur le site de l'AGIMO.
Jean Dugenêt, le 8 mars 2023
