Agrandissement : Illustration 1
Ayant remplacé la vieille armoire à pharmacie du premier étage, j'en ai démonté les miroirs pour les placer à des endroits stratégiques qui renvoient la lumière de l'extérieur. Il y en a déjà partout dans le jardin, parfois derrière les feuilles, lui donnant une impression de profondeur. J'ai commencé par en disposer un étroit entre les deux fenêtres du studio, soit entre les deux parois qui participent à son isolation sonore (c'est une boîte dans la boîte) ; comme elles sont exposées à l'est et encastrées sous le auvent, le petit miroir éclaire un peu la pièce. Le jeu est de le rendre invisible pour n'en conserver que l'effet.
Agrandissement : Illustration 2
J'ai placé les deux autres derrière les étagères de la cabine qui est forcément exiguë. Il y en avait déjà un grand tout au fond. Sous certains angles elle semble beaucoup plus spacieuse. Elle abrite des centaines d'instruments du plus gros, le piano, aux plus petits, des appeaux d'oiseaux. Les tiroirs en sont pleins. Les plus beaux, violons ou cors, sont rangés dans leurs boîtes. Certains sont plutôt encombrants comme les synthés vintage, les guitares ou le frein, une contrebasse à tension variable construite par Bernard Vitet. Sur les étagères ou dans les tiroirs, je les ai regroupés par famille, les percussions en bois ou celles en métal, les flûtes, les vents, les guimbardes, etcétéra. Dans les pièces les plus lumineuses de la maison il n'y a aucun miroir, même minuscules. C'est inutile et j'aime bien caractérisé chaque espace. Seuls des tableaux sont accrochés au rez-de-chaussée, tandis qu'au premier les murs sont blancs avec absolument rien d'affiché si ce n'est les bibliothèques qui occupent des pans entiers (il y en a sept en tout, toutes thématiques !). Même chose dans l'escalier, la première volée de marches est vierge alors que des œuvres habillent la montée jusqu'au deuxième étage éclairée par un vélux. Ma préférée est l'ange d'Ella & Pitr qui perd l'équilibre et semble dégringoler.
Pour ma part je ne tombe qu'en montant (j'ai enfin compris ces jours-ci que, prenant les virages à la corde, j'accroche mon bout de pied sur l'étroitesse des marches qui tournent en colimaçon), comme la semaine dernière en venant du sous-sol où je me suis esquinté deux doigts et arraché un ongle en m'accrochant aux tuyaux ! Il y a évidemment des miroirs à la cave, et je n'avais pas enfilé mes gants de caoutchouc (comme l'avançait Jean Cocteau, "les miroirs feraient bien de réfléchir un peu plus avant de renvoyer les images.", mais, du Sang d'un poète à Orphée, sa phrase que je préfère reste "regardez-vous toute votre vie dans un miroir, et vous verrez la mort travailler, comme des abeilles dans une ruche de verre"). Mehr Licht ! (bon d'accord, là ce sont les derniers mots de Goethe sur son lit de mort ; ce qui devint le titre d'un album étonnant de Bernard, et correspond peut-être mieux au sens de mon article, toujours plus de lumière).