In my solitude
- 11 janv. 2021
- Par Jean-Jacques Birgé
- Blog : Miroir de drame.org
Dans ma solitude, vous me hantez avec des rêves d'autrefois, vous me narguez avec des souvenirs qui ne mourront jamais ; je m'assois sur ma chaise, sentiment de désespoir, la morosité partout, renvoyez-moi l'amour... Dans ma solitude, je fais des rêves d'avenir, des souvenirs qui n'existent pas encore, je m'allonge sur mon lit, sans jamais perdre l'espoir...

Billie Holiday - (In My) Solitude (Decca Records 1946) © RoundMidnightTV
Dans la journée je n'ai pas le temps de déprimer. D'ailleurs, la dépression n'est pas mon fort. Temps perdu à ignorer la loi des cycles, comme le font, par exemple, les suicidés. Il paraît que cette tendance grandit dramatiquement avec la durée du confinement et les lois assassines. Dès le début j'avais écrit que les effets de bord seraient bien plus meurtriers que le virus. Néanmoins, nous avons beau être costauds, nous sommes tous et toutes affectés par la bascule que nous impose le capitalisme, incapable de gérer correctement l'épidémie. Au contraire il s'en repaît. Les réactions de chacun, chacune, sont inattendues. Certains, pétrifiés par la peur prennent leurs distances et se renferment. D'autres ne veulent plus rien savoir et obéissent, ou n'en font qu'à leur tête. Les spéculations vont bon train. De quelle manipulation serions-nous les victimes ? Il n'y a que l'embarras du choix entre les Chinois, les vaccins, la destruction systématique de l'économie, l'eugénisme, etc. L'incompétence se marie avec l'utilisation odieuse de la crise par notre gouvernement qui en profite pour faire voter des lois iniques et liberticides que presque personne n'ose contrer en l'état. Cela se paiera plus tard...Dans la journée je travaille avec Nicolas Chedmail sur un disque de rock déjanté qui m'emballe. Je range, je jette, je répare, je m'entraîne, musique, gymnastique, lecture, hospitalité, marche, courses, écriture, communication (ont tout de même été publiés mes CD Perspectives du XXIIe siècle pendant le premier confinement et Pique-nique au labo juste avant le second !), etc. Le premier est une dystopie prémonitoire, le second laisse espérer que la vie est possible, ensemble. Le projet de disque sur la ville de Victoria en Transylvanie est évidemment retardé, d'autant que j'ai besoin d'avoir une vue d'ensemble du livre de Dana Diminescu avant de m'attaquer à la partition symphonique. Je fourbis mes armes et prends des contacts avec des musiciens/ciennes...
Mais le fond de l'air est triste, dans ma solitude, vous me hantez avec des rêves d'autrefois, vous me narguez avec des souvenirs qui ne mourront jamais ; je m'assois sur ma chaise, sentiment de désespoir, la morosité partout, renvoyez-moi l'amour... Dans ma solitude, je fais des rêves d'avenir, des souvenirs qui n'existent pas encore, je m'allonge sur mon lit, sans jamais perdre l'espoir...
Illustration : Edward & Nancy Kienholz, Useful Art No. 3 (table & chairs), 1992
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