Jazz Migration
- 14 sept. 2020
- Par Jean-Jacques Birgé
- Blog : Miroir de drame.org

La compilation CD s'ouvre sur le trio Rouge composé par Madeleine Cazenave dont la percussion sonne tranchante sous le bois des touches noires et blanches. La basse de Sylvain Didou et la batterie de Boris Louvet font s'envoler les volutes vers les cimes, ou vers les abysses selon la situation planétaire de l'auditeur (ceux de l'hémisphère sud marcheraient-ils la tête en bas ?). Si Fantôme, qui rassemble la saxophoniste-clarinettiste Morgane Carnet, le clarinettiste Jean-Brice Godet, le vibraphoniste Luca Ventimiglia et le pianiste Alexandre du Closel, se réclame de Terry Riley, il faut savoir que cet initiateur s'est toujours affranchi de la stricte répétitivité, improvisant lui-même essentiellement, pour finir par se consacrer presque exclusivement à la composition pour quatuor à cordes. Le quartet (on dit quartet en jazz parce que c'est un mot américain) soigne les couleurs dont il se barbouille en en redemandant encore. Le quintet Go To The Dogs! se joue des styles puisqu'il y a longtemps que les étiquettes ne riment plus à rien. Aristide D'Agostino à la trompette, Arnaud Edel à la guitare, Thibaud Thiolon à la basse et Jean-Emmanuel Doucet à la batterie zappent à la Zorn, swinguent funk et rockent impertinents. Pour finir, La litanie des cimes (reprenez le remonte-pente dès que vous êtes arrivés en bas) retrouve le vertige des hauteurs et des tintes dressées au milieu des chants instrumentaux. Le violoniste Clément Janinet qui a composé les pièces de ce trio, la clarinettiste Élodie Pasquier et le violoncelliste Bruno Ducret sont sur le même versant que ceux qui tournent et retournent. La neige ne fond pas même s'il pleut. Ils avancent, ils glissent et maudissent...
La tendance à développer les instruments classiques européens me réjouit, soit ici les clarinettes et les cordes. Il y a en France de plus en plus de violonistes, violoncellistes, clarinettistes, et encore de rares hautboïstes et bassonistes. Ils montrent une délicatesse européenne face aux clameurs américaines des saxophones et de la batterie... Ces amuse-gueules migratoires donnent envie de se mettre à table puisqu'ils sont tous morceaux issus de plats complets parus ou à paraître.
On peut écouter le CD qui est gratuit ici. Et pour savoir la mission de Jazz Migration et son fonctionnement, le mieux est d'aller sur leur site, mais c'est un véritable accompagnement dont bénéficient les lauréats !
Le Club est l'espace de libre expression des abonnés de Mediapart. Ses contenus n'engagent pas la rédaction.