Billie dans l'Amérique raciste
- 23 nov. 2020
- Par Jean-Jacques Birgé
- Blog : Miroir de drame.org
Au Mangrove de Steve Mc Queen, énième film sur le racisme aux ressorts dramatiques tellement prévisibles, j'ai préféré le documentaire sur Billie Holiday de James Erskine qui met en parallèle son histoire tragique en butte au racisme américain avec celle d'une journaliste, mystérieusement suicidée, qui avait rassemblé 200 heures de témoignages audio sur son idole.

BILLIE (2019) - Bande-annonce © latelier dimages
Il est extraordinaire d'entendre Charles Mingus, Tony Bennett, Sylvia Syms, Count Basie, Joe Jones, Barney Kessel, ses amants, ses avocats, ses proxénètes et même les agents du FBI qui l'ont arrêtée, parler de Billie. Le travail de colorisation, ridicule et iconoclaste lorsqu'il s'agit de cinéphilie, fonctionne très bien avec les documents d'archives. On plonge dans la vie de l'artiste, dans ses tourments masochistes, ses addictions, son combat contre le racisme, en particulier lorsqu'elle interprète la chanson Strange Fruit et, surtout, dans sa musique, sublime, poignante. Les superpositions d'archives de Billie et de la vie américaine donnent l'impression d'un road movie arty que les chansons semblent commenter. Les enregistrements inédits de Linda Lipnack Kuehl sont étonnants. Les photos, les films de Billie bouleversants.
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