La marche des lucioles
- 26 nov. 2020
- Par Jean-Jacques Birgé
- Blog : Miroir de drame.org
Le disque des clarinettistes Étienne Cabaret et Christophe Rocher me fait penser à une gloire traversant les nuages. Leur album est lumineux, entraînant, joyeux, sautillant, il avance en faisant fi des mauvaises nouvelles, dans la tradition des musiques engagées, comme on sait le faire en Bretagne...

Tandis que nous subissons la gestion criminelle de la crise dite sanitaire, paraît en Bretagne La marche des lucioles. Il est vrai que cette région a été relativement épargnée par le virus et, en jouant au chat et à la souris avec les Robocops décervelés, certains purent continuer à admirer l'horizon dégagé de l'océan, voire s'y baigner de lumière. Le disque des clarinettistes Étienne Cabaret et Christophe Rocher me fait justement penser à une gloire traversant les nuages. Si les lucioles sortent la nuit, leur métaphore représenterait-elle un photophore ? Leur album est lumineux, entraînant, joyeux, sautillant, il avance en faisant fi des mauvaises nouvelles.
CABARET ROCHER - teaser © Ensemble Nautilis
Les clarinettes traditionnelles de Cabaret sont droites, celles de Rocher arrondies par le jazz. Ensemble ils forment Cabaret Rocher, de quoi danser en bord de mer, surtout en faisant des vagues. Sur le blog qu'ils consacrent à La marche des lucioles, ils évoquent les musiques engagées qui ont traversé l’histoire et invitent des artistes à s'inspirer chacun, chacune d'une des onze pièces qu'ils ont jouées en duo. La vidéaste Oona Spengler plonge, la graphiste Olivine Véla ajoute une image à celles qu'elle a créées pour la pochette, leur amie chinoise Luyi se rapproche des lucioles, Eric Legret photographie une danseuse, le compositeur et artiste visuel Rob Mazurek leur envoie un tableau, l'artiste vidéo Pierre Bussière traverse la forêt, Guy Le Querrec retrouve une photographie du soixantième anniversaire de ses parents prise à Rostrenen chez les parents d'Étienne Cabaret (!), l'illustration du chanteur breton et producteur de miel Jean-Daniel Bourdonnay souligne la colère des lucioles, la graphiste Sara Garagnani revient vers l'utopie...Le temps que j'écrive mon article, la musique cède soudain la place au silence, le jour à la nuit, mais dans mon jardin les seules lucioles que je vois sont celles qui apparaissent en me frottant les yeux, incrédule, comme celles d'Étienne et Christophe font briller nos oreilles...
→ Cabaret Rocher, La marche des lucioles, CD Musiques Têtues, dist. L'autre distribution, 15€
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