Tribunes et Idées
"Quel Enjeu en 2014, pour les municipales et, au delà, pour les européennes de Juin ?"
Réponse à la tribune "Contre la résignation, l'urgence d'une alternative à gauche" ( C.Autain -FASE-, P.Gayral -ALTERNATIFS-, I.Hayes -GAUCHE ANTICAPITALISTE- ) publiée dans l'Humanité le 21/08/2013
Constituer un bloc social et politique large, à vocation majoritaire, contre l'austérité en faveur de la transformation sociale et écologique me semble aussi une urgence...si elle s'accompagne d'humilité, de modestie de notre part car nous sommes en phase de construction sur notre corpus, avec une necessité de façonner un nouveau projet mobilisateur et crédible à gauche, tout en le liant à des radicalités et à un buen vivir.
Nous devons nous transcender et arrêter exclusivement de nous égarer dans les positionnements par rapport à l'UMP-FN ou au PS, surtout lorsqu'ils sont confus et trop souvent incompréhensibles pour les citoyens.
Aux municipales..refuser (mais pas partout) l'alliance avec le PS au 1er tour pour les uns au Front de Gauche, pendant que d'autres (le PCF ou +) négocient déjà leurs sièges...
Parler d'alliances de 1er tour avec des sections locales ou des équipes militantes (aile gauche minoritaire ?) du PS ou d'EELV (réduit à une structure verte)..et en même temps dire que cela sera rare,...
Puis finir...avant même toute liste ou vote, en fin de texte, par évoquer sous une forme de résignation morose le rassemblement unitaire de gauche "sans grande précision programmatique ou engagements" et donc être avec des élu(e)s socialistes sur des listes de 2éme tour aux municipales, dans des majorités ou minorités...en rejoignant l'argument du PS de l'unité, que nous accepterions au 2éme tour après..l'avoir refusé au 1er !
Comment s'y retrouver,politiquement, dans nos régions avec un tel cadre..et le présenter aux citoyens ?
Pourra -on avoir autre chose qu'un concept à "géométrie variable" ?
Une telle stratégie laisse encore, trop souvent, au PCF le soin de développer sa politique de balkhanisation (loin de préserver les équilibres au sein du Front de Gauche) , aveuglé par l'unique volonté de préserver son implantation "traditionnelle" (quasi uniquement maintenue grâce au PS), et l'envie de "retrouver à minima le même nombre d'élu(e) locaux".
Une ambition "à minima" alors qu'existe le risque...d'être foudroyé par la claque que les électeurs feront, vraisemblablement, subir aux socialistes et à leurs alliés, dans une grande confusion où enjeux nationaux et locaux se méleront.
Je vois difficilement comment globalement soutenir des socialistes locaux qui vont tenter
(trop souvent) exclusivement de nous faire croire que non, désormais ce n'est plus comme aux législatives (avec F.Hollande, majorité présidentielle partout !) ...les municipales..ça n'a rien à voir...l'eau confiée aux multinationales privées (après avoir promis l'inverse dans le programme de l'équipe de gauche..en 2008) et autres dérives social-libérales (ou renoncements) sur fond de clientélisme, devrions nous fermer les yeux et passer notre tour, refuser de sanctionner..en attendant les européennes ?
Au dernier congrès du PG, Gabriel Amard a déclanché un tonnerre d'applaudissements en nous incitant à sanctionner les maires et les municipalités de gauche qui n'ont pas respecté leurs principaux engagements, en particulier sur l'eau en régie publique...et qui doivent être confrontés "sans complaisance" à leur bilan local.
Je n'ai pas oublié le passage de Gabriel à la tribune...
J'y ai vu là une necessité d'en revenir au fond, au programme à appliquer (ou à l'analyse du bilan des sortants) à partir du local, du concret, des quartiers..à la confiance que nous donnons à des hommes et des femmes, à des engagements à tenir dans le respect de la lignée de nos familles à gauche...et de nos vies politiques, syndicales ou associatives.
Bien entendu ce n'est pas à nous de sauter l'étape "municipales" parce que nous laisserions à penser que les européennes seront de toute façon plus simples à appréhender, avec une campagne médiatique globalisée contre l'Europe austéritaire et l'unité entre l'ensemble des partis de la gauche radicale européenne.
Notre jeunesse politique, au Front de Gauche, nous demandera de plus nous impliquer en local, sur la durée, car il n'y a pas de vocation majoritaire...sans ce travail de fourmi, dans nos régions et nos départements. Les citoyens ne respectent un mouvement qu'à partir d'une implantation locale sérieuse, de présences régulières, des possibilités d'actions..d'autant plus avec la crise et l'austérité.
Notre travail, peut être à plus long terme, c'est aussi de refuser une sorte de statu-quo radical à la gauche du PS..et de réfléchir sur la multitude de nos composantes, au Front de Gauche.
Les citoyens s'y retrouvent-ils ? Sommes nous plus fort ainsi et sur quelle base programmatique commune avançons nous ? Pourquoi le Front de Gauche ne progresse t-il pas lors des récentes législatives partielles ?
Nous avons comme ambition de transformer la République, d'arriver à la 6éme avec plus d'implications citoyennes et d'égalité, de représentativité et d'envie démocratique...cela necessitera aussi d'avoir le courage de re-penser la gauche, car les citoyens de gauche sont exigeants et n'oublient pas, ne sont pas amnésiques...
Bâtir une vraie alternative forte, oui, plutot que de nous résigner à des choix politiques
"par défaut" ou "par dépit" qui ont fini par susciter l'abstention, le doute citoyen, le speticisme même devant le noble engagement politique lorsqu'il est au service du plus grand nombre, qu'il est propice au développement commun dans le respect de l'Humain et de son environnement.