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Billet de blog 18 mars 2025

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La montée des périls

Les tensions internationales nourrissent le pire du capitalisme. Le pouvoir macronien, quant à lui, entend bien tirer parti de la période actuelle.

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Que faire face à Trump ? Que faire face à Poutine ?

Que faire dans le cadre d’un nouvel ordre mondial basé sur la force ? Quelle est la bonne stratégie ? Peut-on préparer la paix en exaspérant les tensions ?

Faut-il continuer à armer l’Ukraine notamment en la dotant de missiles à longue portée ?

Peut-on compter, dans un contexte de montée de l’irrationnel, sur des prises de décision toujours rationnelles de la part de Zelensky et des deux dirigeants russe et américain que d’aucuns considèrent comme de dangereux autocrates ?

Peut-on notamment parier sur la sagesse de Vladimir Poutine à la suite de frappes de missiles balistiques ukrainiens qui toucheraient des villes importantes sur le territoire russe, en d’autres termes peut-on accepter de mettre Volodymyr Zelensky en capacité de jouer à la roulette russe ?

Peut-on accumuler des armes, en acheter, en fabriquer en masse sans les utiliser ? La célèbre maxime « Si vis pacem, para bellum » est-elle réellement de bon conseil ?

Il est bien difficile de répondre à toutes ces interrogations mais, à n’en pas douter, une question mériterait d’être soumise au débat démocratique - entre citoyens informés et non pas manipulés - celle de savoir si il convient de s’engager dans une économie de guerre et avec quelles ressources budgétaires.

Mais en la matière, le débat est déjà tranché car s’il est une loi désormais intangible en macronie c’est bien que les Français n’ont plus voix au chapitre, tout juste leur est-il concédé à l’occasion de conférences citoyennes bidonnées ou de conclaves trompeurs un droit à la parole en forme d’exutoire.

Effort de guerre il y aura donc. Il faut faire face à l’ogre russe avec ses 130 milliards d’euros de budget militaire. Les dépenses européennes en matière d’armement qui s’élèvent à 400 milliards d’euros environ ( sans compter le Royaume-Uni) sont paraît-il largement insuffisantes, un plan européen de réarmement à hauteur de 800 milliards est annoncé et notre seul budget français va être porté à 100 milliards.

Et cet effort de guerre doit être entrepris sans impôt supplémentaire. Il n’est pas difficile de deviner sur quelles épaules pèsera cet effort, la ligne dogmatique du pouvoir conduisant toujours aux mêmes solutions. La renégociation de la réforme des retraites est ainsi déjà caduque trois semaines après son lancement, et ce n’est probablement qu’un premier coup de semonce dans un climat social qui s’assombrit de jour en jour.

En instrumentalisant le conflit ukrainien, en jouant sur la peur, le pouvoir va pouvoir donner un coup d’accélérateur à ses réformes libérales. La menace russe remplit désormais l’essentiel de l’espace politique, c’est le monstre qui rend tous les autres sujets secondaires ou dérisoires, qui surdétermine tout. Les normes sociales et environnementales ne sauraient constituer des freins à la productivité d’un secteur militaro-industriel désormais vital et ultra-prioritaire.

Quoi de plus mobilisateur qu’une menace existentielle ? Pour le monde capitaliste , il ne saurait y avoir de meilleure stratégie que celle qui consiste, pour paraphraser La Boétie, à obtenir des travailleurs une servitude volontaire exigée par la défense de la nation.

Le pouvoir macronien, en pleine déliquescence, entend bien profiter de cet effet d’aubaine.

Et puis, le réarmement, c’est bon pour l’emploi, c’est bon pour le PIB. Comme le remarquent certaines esprits subtils comme Dominique de Villepin au micro de France Inter, « quand on parle de risque de guerre et d’efforts à faire c’est aussi quelque chose qui va bénéficier à tous les européens, à l’économie européenne Tout cela bénéficie y compris à la transition climatique. Dès lors que vous développez une industrie par définition, il faut qu’elle soit la plus décarbonée possible ». Les armes au service de l’écologie, il faut oser ! La trumpisation de la vie politique a franchi l’Atlantique depuis longtemps et ne touche pas que les milieux d’extrême droite car l’idéologie partisane qui va jusqu’à nier les évidences est dans l’air du temps.

Les tensions internationales nourrissent le pire du capitalisme qui préférera toujours les dictateurs aux démocrates. A l’heure de la crise climatique et écologique, l’humanité, conduite par des psychopathes, fait le choix de faire monter encore tous les périls qui menacent sa survie.

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