La lus grande ville du monde du monde, une agglomération de 26 millions d'habitants, attend, dans un calme relatif, une réplique annocée au séisme déjà impressionant qui a provoqué le tsunami dévasteur sur le Sendaï. Toute la plaine du Kanto, toute cette partie du coeur japonais sur la façade pacifique de Honshu est concernée par un implacable enchainement de dominos de l'angoisse.
L'amabassade de France à Tokyo a recommandé l'évacuation des Français sur place. Il n'est pas possible d'évacuer une ville comme Tokyo. La double menace d'une réplique sismique et un d'un accident nucléaire majeur pèse sur les tokyoites sans alternative. Partir vers le sud serait encore plus risqué. Si l'on est pris sur la route (côtière) par le séisme? Les ponts et tunnels sont plus que nombreux sans ce pays insulaire et montagneux. Si l'on est rattrappé par un nuage radio-actif et que l'on ne peut pas profiter de l'abri des maisons et de l'aide des secouristes?
La situation est sans issue. L'attente du "Big one", depuis 1923, est une constante menace avec laquelle les Japonais ont appris à vivre. Mais cette annonce, d'une probable réplique dans les heures ou les jours qui viennent est bien plus insupportable. Les premiers signes de panique sont encore rares : plus d'essence, plus de provisions dans les supermarchés... mais déjà les Japonais déblaient et reconstruisent, évaluent les dégâts, "enterrent les morts et nourissent les vivants" comme le disait le marquis de Pombal après le tremblement de terre de Lisbonne.
Alors que les menaces s'amoncellent et qu'elles prennent la forme des pires catastrophes naturelles (séisme, tsunami) et technologiques (catastrophe nucléaire), le peuple japonais se plie avec intelligence aux consignes de sécurité : rester dans les batiments sûrs et, si nécessaire, passer des tests d'exposition aux radiations. Au pays d'Hiroshima, cette absence de panique est à porter au crédit d'une éducation au risque et d'un sens de la solidarité et de la collectivité peu commun. Le comportement des Japonais est un modèle de civisme et d'intelligence collective.
Le bilan, déjà terrible, le serait certainement bien plus sans cette attitude courageuse. Partager l'angoisse de cette réplique dévastatrice annoncée, préparer toute l'aide possible et nécessaire... bien peu de choses au regard de cette catastrophe qui, il faut l'espérer, n'aura pas lieu.