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Billet de blog 3 févr. 2023

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La Kanaky-Nouvelle-Caledonie est une ethnocratie

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Illustration 1

1 - Le clientélisme électoral

La déroute qu'ont subi certains partis loyalistes, aux élections provinciales, de 2019, tel que le parti Calédonie Ensemble. Peut-être dû, à l'apparition du parti Éveil Océanien qui est composé, en grande partie par la communauté wallisienne. Car cette communauté vota en grande partie pour le camp loyaliste. Des années de mépris, des leaders loyalistes, envers la communauté wallisienne, ont fait que cette dernière a changé son fusil d'épaule. En se constituant en une, nouvelle organisation politique. Par un positionnement qu'on peut qualifier de centriste ( la “ troisième voie “) que scande, ce nouveau parti, autoproclamé, Éveil Océanien. Soit dit-en passant, la troisième voie, est un peu, le créneau, du parti Union Calédonienne. Mais il faut croire que cette fameuse union a du s'endormir, sur sa ligne politique. Le nom du parti Éveil Océanien, fait office de réponse, à une instrumentalisation des voix, électorales wallisiennes par les leaders loyalistes. Ce nouveau parti politique a asséné des coups de plombs, dans l'aile loyaliste. Que ces derniers ont vécu comme des coups de couteau, dans le dos. À croire qu'ils ne voyaient qu'en la communauté wallisienne, des sortes de “chiens de garde “, de leurs intérêts électoraux . Vu que les premières impressions loyalistes furent l'incompréhension totale. Reflètant le peu de considération des loyalistes, envers les wallisiens, trop habitué, à considérer, la communauté wallisienne comme des gens peu instruits, bon à travailler, dans les chantiers, et à se taper dessus, les week-ends. Les wallisiens étant là, pour constituer ni plus ni moins que le puit électoral que les leaders loyalistes puisent selon l'agenda politique, en vigueur. Sans oublier, les maigres contreparties qui sont selon certains dires, des emplois fictifs et autres, cartons de poulets. Que les leaders loyalistes auraient présenté “ humblement “ pour apater leur auditoire, par une coutume qui n'ent est pas une. Cette dernière ayant pour seul objectif, de faire mieux accepter, un clientélisme électoral. À ce petit jeu, Philippe Gomès a payé les frais, de ce semblant de reconnaissance. Lui qu'on voyait à une époque, toutes les trois semaines, sur les chaînes d'informations locales, a pris en pleine face, son karma de faussaire.

À l'image des loyalistes qui ont bien intégrés, leurs discours, pro-français, des lumières, sans la répartie qui va avec. Comportement latins oblige, confiant de leurs aplombs, et fort de leurs embonpoints, des leaders loyalistes se prennent pour des lumières. Tandis qu'ils ne sont qu'un semblant de bougie. Par le biais, d'un discours selon lequel pour le résumer grossièrement, la lumière vient du vieux-monde et les peuples issues, de sociétés dites primitives, sont toujours plus ou moins, archaiques. Ils sont toujours plus ou moins, dotés d'une pensée sauvage qui n'est pas, sans peine, à s'en défaire car vraisemblablement inscrites, dans le patrimoine génétique, des sauvages. Mais quel ne fut pas l'étonnement d'apercevoir, sous les yeux des projecteurs, le leader de l'Éveil Océanien, ( avec, en prime, un nom et prénom, abordable, à prononcer), Milakulo Tukumuli s'exprimé sans un fort accent, face caméra. Des leaders loyalistes n'ont pas manqués, de qualifier par un essentialisme que nous leurs connaissont, celui teinté d'un certain habitus colonial. Ils l'ont présenté d'après le prénom de ce nouveau leader politique, comme quoi Milakulo veut dire “ miracle “. Ce nouveau chef de parti serait alors, un miracle ! Cela revient à dire qu'étant mathématicien, Milakulo Tukumili est perçu comme, miracle de sa race. En le disant mais sans vraiment le dire, des leaders loyalistes le perçoivent comme l'exception qui vient confirmer, un imaginaire raciste. Dans la mesure où, si on le présente comme un miracle, comme l'élu, le reste de sa communauté, seraient plus ou moins, dénué de raisons profondes.

Il faut dire qu'il n'est pas bon, de venir troubler, les vaches sacrées de la politique néo-calédonienne, dans leurs ruminations. Mais quand on a l'appui de sa communauté, et de ses vieux, coutumiers. On ne craint pas le pire. Quand on est animé d'un sentiment de justice pour les siens. Cela a l'air de déstabiliser, le camp loyaliste qui bien souvent, ont prétendu défendre, la veuve et l'orphelin, sans doute pour justifier, un tant soit peu, leurs salaires mirobolants. Mais quand on prend connaissance, des frasques judiciaires qui caractérisent des leaders loyalistes. On peut remettre en question, leurs soi-disantes prétentions à incarner, à eux seuls l'espoir, et vraisemblablement, encore moins, la justice. Cette inconpréhension passagère, des loyalistes est vécus comme une trahison, des wallisiens. Envers un parti loyaliste qui a favorisé l'arrivée en masse, de wallisien durant le boom du nickel, pour bénéficier d'une main d'œuvre moins revendicative que les kanaks, et aussi pour contre balancer, le vote indépendantiste socialiste kanak. Dorénavant, cette indépendance politique de certains wallissiens, si on peut la formuler ainsi, renvoit les loyalistes devant leur propre insécurité politique voire, leur propre insécurité identitaire.
Les caldoches voyaient en les wallisiens, des alliés pour contre-carrer, le vote indépendantiste kanak. Encore qu'allié est un bien grand mot. Car les wallisiens n'ont jamais été considérés comme tel, mais davantage comme une sous-espèce, pratique pour faire barrage, à une autre sous-espèce. De sorte que les affrontements, entre kanak et wallisien ont marqué l'histoire politique en particulier, et l'histoire de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie, en générale. Comme la période des événements qui s'est déroulée, dans les années 80-90, et le conflit de l'Ave Maria, à Saint-Louis qui a eu lieu, en 2000. La mentalité de “ cow-boys contre les indiens “ qu'on insufflait, les loyalistes, aux wallisiens, à l'encontre, des kanaks. Cette manœuvre pernicieuse semble arriver, à son terme pour se retourner aujourd'hui contre les loyalistes. Les loyalistes n'étant plus, à la tête du gouvernement. Ils se contentent désormais, d'un rôle d'opposant politique, rôle habituellement occupé par les indépendantistes. Nous amènant à penser que cette opposition loyaliste qui est historique, vient délégitimité, le camp loyaliste. Tant les lubies des loyalistes, anti-indépendance, pour ne pas dire anti-kanak s'accordent selon les fausses notes de l'extrême droite française. Pour autant, cela n'est pas un scoop. La droite loyaliste, de l'île en question a toujours tenu un discours proche de l'extrême droite qu'elle tente de maquiller, sans grand succès. Tant le naturel semble revenir, au galop, sous couvert de pseudo-humour caldoche. Si on considère un discours politique loyaliste, teinté d'affect négatifs renvoyant essentiellement a de la peur. La peur d'une indépendance kanake qui est alors perçue et diffusée dans les rangs loyalistes, tel un retour à un âge de pierre, pour ne pas dire, à une planète des singes.

Cette insécurité politique des loyalistes fut perceptible, lors de la série référendaire de trois référendums, sur l'accès, à l'auto-détermination qui s'est achevée dernièrement, en Kanaky-Nouvelle-Calédonie. Où lors du deuxième référendum, la montée du vote indépendantiste, est venu donner des sueurs froides, à un électorat loyaliste, à bout de souffle. La France, en faveur des loyalistes, s'en est mêlée. En avançant la date du dernier référendum, contre l'avis des indépendantistes, en proie comme d'autres, à un taux de mortalité important, dû au Covid-19. Un maigre lot de consolation pour les loyalistes car malgré cette timide victoire, lors de la série référendaire. Ils demeurent dorénavant, dans l'opposition. Par ailleurs, certains leaders loyalistes veulent mettre en place, un référendum sur le projet de société concernant l'avenir du caillou (le surnom de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie). Là, en l'occurrence, proposer, un projet de société ça n'est pas leur fort. Mise à part le fait de rester dans la France, ils n'ont su élaborer, un projet de société, digne de ce nom. Renvoyant à leur propension, à régner par la diffusion d'amalgames et autres mésinterprétation macabre. À titre d'exemple, le clip tendancieux qui fut réalisé par le collectif des voix du non à l'indépendance, lors du troisième et dernier référendum, d'accès, à la pleine souveraineté, de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie. Dans le but de taire tant bien que mal, leur engagement à la tête de l'archipel concerné qui semble sans, dessus dessous. À l'image de l'extrême droite française, les loyalistes n'ont pas vraiment vocation, à exercer, le pouvoir. Hormis que dans ce contexte néo-calédonien, les loyalistes ont pu l'exercer pendant trente ans. À l'issue des trente ans, de règne loyaliste, au gouvernement de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie, la dette publique, a augmenté de façon considérable. À croire que des leaders loyalistes ne sont que le faire-valoir, d'un certain, ordre établi.


Dès lors, la méfiance envers des loyalistes tout comme des élus indépendantistes demeure palpable notamment auprès d'une partie de la jeunesse. Que les élus de tout bord confondus ont du mal, à convaincre. Du fait que ces élus sont enfermés dans les idées progressistes, des années 90. Celles relatives, à un modèle industriel qui est vanté comme émancipateur pour tout un chacun. Pourtant, quand on regarde l'état actuel, de la planète. On a de quoi être sceptique face à un modèle industriel énergivore qu'on nous vend comme seul chemin salutaire. D'autant plus que la notion de destin commun qu'on nous a conté comme fable unitaire, voire une prophétie auto-réalisatrice, sans substance. Ce fameux destin se heurte à la réalité, d'une loi sur l'emploi local qui est sensée, privilégié les locaux à diplômes, expériences équivalentes, face aux “ expats ”. Mais en pratique est aussi efficace que des coups d'épée, dans l'eau. Face à l'arrivée massive d'individus, de la maison mère française, sur cette île d'outre-mers. Faute de nouveaux alliés, des loyalistes sont favorables, à la levée du gel électoral pour ces métropolitains qui symbolisent le sang neuf, d'une armada institutionnelle française qui entend bien garder, cet archipel sous son joug. En prônant le dégel électoral, des leaders loyalistes confirment une mesure qui se résume à de la corruption électorale. On voit mal des fonctionnaires français, cracher dans la soupe qui les nourrit, à coups de primes, en tout genres. Les loyalistes qui déjà se sont vu lâchés par une partie de la communauté wallisienne, risque de se faire grand-remplacer, par cette nouvelle vague venu de 22 000 km. Face à ce tsunami hexagonal, ils n'auront que leurs yeux pour pleurer. Face à de “ vrais “, français, leur insécurité identitaire risque de prendre un coup. Les loyalistes qui sont majoritairement caldoches, ont au niveau identitaire, le cul entre deux chaises. L'une des chaises est française, mais le design manque de couleurs tropicales. L'autre chaise est néo-calédonienne qui est une sorte de pâle copie de sa voisine, australienne. Alors ils brodent comme ils peuvent, une citoyenneté calédonienne qui a du mal, à prendre.

Au niveau identitaire, il est intéressant de noter que l'insécurité identitaire des caldoches réside dans le fait pour eux, de ne pas avoir digéré, leurs histoires. Les caldoches étant déraciné, réduit un temps à l'esclavage. À ce titre sont victimes de l'histoire et ne sauraient se détourner de ce passé douloureux. Ils sont quelque part comme les kanaks victimes de l'impérialisme français. Mais joue les amnésiques. Car l'impérialisme français a fait de certains d'entre-eux de grands propriétaires terriens. Au détriment du peuple autochtone de cette île, les kanaks qu'on a repoussé sur des terres arables, à flanc de colline. Une configuration qui pour les caldoches sera source de fierté, d'avoir été reconnu par le maître. Une pseudo-reconnaissance du maître vécu tel un anoblissement pour des anciens bagnards qui furent autrefois traité comme des animaux. Tant la valeur travail vient solidifier, leurs arbres généalogiques. Pourtant, cette valeur travail ne constitue pas une dimension suffisante pour se construire, en tant qu'individu, à part entière. À cet effet, le politique vient compléter tant bien que mal, une identité qui a du mal, à se comprendre. Car on ne peut résumer, sa raison d'être comme étant juste un corps, un outil. Cette dernière remarque constitue un point de convergence avec ce que les kanaks subissent également puisqu'eux aussi sont chosifiées. Dans la mesure où , on les considère comme des choses, des corps, comme potentielle force de travail. Seulement le hiatus réside dans le fait que ce sont désormais certains caldoches loyalistes qui choséifient à leurs tours les kanaks, les wallisiens, l'ensemble des minorités racisés qui compose l'archipel comme sous-groupe. Alors qu'historiquement les caldoches étaient eux aussi jadis, considérer comme sous-groupe. Quand on sait que le racisme incarne une haine de soi qu'on projette sur l'autre. On peut se demander si dans ce contexte qui nous anime, ici, l'insécurité identitaire/politique de certains leader caldoches/loyalistes ne traduit pas une haine de soi, qu'il projette sur l'indépendance en particulier, et sur la société mélanésienne, en général ?
Par ailleurs, des caldoches sont partis, à la recherche de leurs familles algériennes. Des retrouvailles qu'on imagine, non sans une grande émotion par une démarche qu'on ne peut que saluer. Se faisant, des caldoches on présenté la coutume, marquant leurs appartenances, à une région du monde auquels, ils sont désormais attachés. Ils ne tiennent qu'à eux de revendiquer leur place. Loin de celle qui a enchaîné leurs ancêtres. Ce même impérialisme français qui les enchaîne aujourd'hui. En leurs faisant croire que sans la mère patrie, du jour au lendemain, ils se retrouveraient orphelins. Car en l'état actuel des choses, les leaders caldoches/loyalistes sont les idiots utiles, de l'impérialisme français. Relatif à ceux issues de colonie de peuplement, les caldoches incarnent, tout comme les québécois, des sortes de “ nègre blanc ”. À ce titre, les leaders loyalistes symbolisent des nègres blancs ou métisses, de maison pour garder, la maison du maître. En étant des faire valoir, de la parole du maître. Pourtant, ils sont bien plus que ça. C'est pourquoi leur insécurité identitaire n'en est pas vraiment une. Du fait qu'ils ne tiennent qu'à eux de revendiquer leur part d'océanité. Ils ne tiennent qu'à eux de faire ressortir leur mana. Cette composition n'est pas non plus, un anathème contre les loyalistes, en particulier, et contre les caldoches, en général. Tous les caldoches ne sont pas loyalistes, tous les Kanaks ne sont pas indépendantistes, et tous les Wallisiens ne sont pas non plus centriste. Les remarques qui sont dirigées vers les loyalistes/caldoches, témoignent d'exigences, les concernant. Car ils constituent la clé de voûte de la binarité, en Kanaky-Nouvelle-Calédonie.


Une binarité venant légitimer des mandats, bâtis, en quelque sorte sur un concours de prestige essentialiste ( nationalisme français versus le nationalisme kanak). Dans un imaginaire collectif, où le débat fait office de nous-contre-eux. Suite à quoi des élus s'arguent d'être les vertueux fondateurs, d'une identité quelconque, en devenir. Par le biais d'un cheminement institutionnel qu'on nous annonce comme fastidieux. Ce cheminement vient justifier, des mérites politiques dispendieux qu'on nous présente comme délai de grâce. Afin qu'on ne doute pas, de la réelle volonté politique d'élus, de tout bord confondu, à représenter, les intérêts, de leurs électeurs. Mais quand on voit une Sonia Backes occupée un poste, à la Province sud et un poste à Paris 1. Sans même parler de son empreinte carbone, rien que par son cumul de mandats, elle délégitime sa parole. Aux yeux de néo-calédoniens qui se serrent la ceinture, après une pandémie, aux effets conséquents, sur l'île, comme ailleurs. Désormais, on voit mal madame Backès incarnée, une quelconque, forme de vertu. En snobant ses électeurs auxquels elle a fait jadis, les yeux doux. Leurs préfèrant de loin, le glamour de la capitale française. On attend avec impatience, une série sur nc 1ère, “ Sonia in Paris “. Tandis que Sonia Backès incarne davantage, un mix entre une Christine Boutin et une Nadine Morano. Sans oublier, un Nicolas Metzdorf qui lui emboîte le pas, pour devenir député. Alors qu'il fut tout juste élu, maire de La Foa. Faut croire que le retournement de veste, en politique est une qualité. À croire qu'ils sont allés, à bonne école ? Côté indépendantiste ça n'est pas non plus fameux. Louis Mapou est le chef du XVII ème gouvernement calédonien, et son frère par un non-lieu, échappe, à la justice. On a du mal à croire que ça soit la même justice pour tout le monde. Au point qu'une crise de la représentativité envers nos chers élus, se fait sentir de part et d'autres, de la scène politique néo-calédonienne.
La binarité en Kanaky-Nouvelle-Calédonie traduit une forme d'hétérotopie. Cette notion renvoie pour Michel Foucault, à la juxtaposition d'espaces incompatibles. Tout autant que cet archipel incarne une  ethnocratie. Dans la mesure où le gouvernement tient sa position, des tenants et aboutissants, des disparités ethniques. Particulièrement perceptible lors d'élections, où le clientélisme ethnique y joue un rôle. L'ethnocratie, l'hétérotopie caractérisent toutes deux, une séparation d'espaces propre pour Frantz Fanon, à la colonisation. Car celle-ci institue une hiérarchisation d'espaces. Cette hiérarchisation rend compte de conditions économiques/sociales/spatiales inégales selon le degré d'appartenance des individus, à la tryptique classe/genre/race (l'intersectionnalité).

L'hétérotopie/l'ethnocratie étant le reflet de la coercition, exercée sur les subalternes, souffrant d'un manque de repères, de contradiction de règles sociales. Ce manque de repères et de contradiction de règles sociales est aussi le fruit d'une conscience de classe qui dépasse les clivages politiques. Cette classe sociale en soi et pour soi, se forme au gré des jeux d'alliances politiques, avec pour ligne de mire, leurs intérêts respectifs. Cette classe sociale auquellle, nous faisant allusion ici s'érige en capitalisme patriarcal.

2 - Le capitalisme patriarcal
Le bipartisme néo-calédonien ne remet pas vraiment en cause, le patriarcat qui semble faire bon ménage, à la fois avec la construction d'une identité calédonienne pourtant supposée moderne, et d'une identité kanak semble-t-elle, proche de sa tradition. Cette dernière remarque tend à nuancer la représentation progressiste de la modernité occidentale, puisque la question de l'égalité homme/femme a toujours constitué le talon d'achille, de la modernité 2. Cependant, il serait faux d'affirmer que la société mélanésienne est parfaite. Car sa structure clanique engendre aussi des inégalités, certes moins importantes. On lui reconnaît un ancrage démocratique important via une recherche, prononcé du consensus, bien que la position de la femme paraît diminuée. Encore que la société mélanésienne recense une féminisation croissante de son intelligentsia, apportons de fait un discrédit quant à une représentation de la femme kanake, soumise. Il n'est pas lieu ici de faire le procès, de telle ou telle culture. Aussi, il convient de prendre du recul, face à des points de vue ethnocentriques. Consistant à croire que seulement la culture, les valeurs de l'un, seraient meilleures que celles de l'autre.
À cet effet, on peut se demander, si le bi-partisme, n'est pas le reflet, d'une suffisance patriarcale ? Suffisance, d'une vision apologétique marxiste qui consiste à contrôler le processus de transformation du nickel. Certes viable, mais ô combien aliénante via une perception émancipatrice du surproductivisme, au grand dam, de la biosphère. Et pour cause, cela dénote le discours de certains indépendantistes vantant le rapport privilégié à la terre du peuple premier, qu'eux-mêmes sous couvert de modernité contribuent à pervertir. Suffisance à rester français qui n'exempte, en aucun cas de devoir porter un projet de société ambitieux, répondant à des enjeux contemporain (exemple, le réchauffement climatique). Suffisance, du fait de ne pas, envisager de manière ferme, un après-nickel. Traduisant une certaine tiédeur politique, d'aborder cette question. Enfin suffisance d'évoquer le destin commun, telle une formule magique unitaire qui revêtirait d'avantage la forme d'une « thérapie de groupe stérile ». Renvoyant chacun devant sa volonté de tendre ( ou non) la main à l'autre. Cette suffisance, revêt la forme d'un capitalisme patriarcal qui quelle que soit l'issue référendaire, sera lui, conforté. À l'image du remous que suscita la découverte du nouveau gouvernement en date (suite au retrait des indépendantistes, le 2 février 2021, du premier gouvernement de Thierry Santa), comportant peu de femmes.
D'autant plus que l'humilité résonne comme le slogan du capitalisme patriarcal. Permettant d'assoir le respect, de taire la violence de la subordination. Si l'on considère la définition A, de l'humilité, d'après le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales ( cnrtl.fr) qui nous explique la chose suivante « Disposition à s'abaisser volontairement (à faire telle ou telle chose) en réprimant tout mouvement d'orgueil par sentiment de sa propre faiblesse ». Quant à la définition C qui fait référence à la modestie (d'une profession), « Caractère de ce qui a peu d'importance, peu d'envergure, peu d'éclat ». En ces termes, on peut se représenter l'humilité comme une forme de résilience, une sorte de capacité des subalternes, à relativiser la domination. Pourtant ce que l'on aime à retenir de l'humilité, en tout cas ce qui est vendeur, dans ce terme érigé en vertu. C'est son aspect servile qui a coutume de plaire par la révérence qu'elle suppose. Elle est un trait des perdant(e)s magnifiques, taisant un tant soit peu, la violence de la subordination. Tout autant qu'une grâce qui se joue de l'orgueil étant la promesse, d'un imposant silence qui enseigne aux téméraires, à se passer de mots, pour éprouver de l'empathie via un regard, un hochement de tête qui se plaît à cligner les yeux. Malgré sa grandeur, elle est une simplicité, une présence réconfortante, une force tranquille, tel un charisme qui tait son nom.


Il n'est pas question de faire le procès de l'humilité, plutôt de dénoncer une instrumentalisation de celle-ci par le capitalisme patriarcal. De prendre du recul, avec une notion d'humilité qui tout comme sa consœur la résilience apparaissent comme des valeurs de plus, en plus galvaudées. Dans la mesure où leurs instrumentalisations serviraient à ne pas, dénoncer le système de domination, mais plutôt à applaudir les subalternes quant à leurs capacités, à se faire pressuriser de préférence en silence, et tant qu'à faire, avec le sourire. Féliciter les subalternes d'être humble, revient en quelque sorte, à cautionner le système de domination, donc ici, le capitalisme patriarcal. Ce en quoi l'humilité est la valeur phare du capitalisme patriarcal. Plus largement, du paternalisme qui s'éprend de celle-ci pour faire entendre un discours teinté de valeurs asservissantes. Tel un appel au calme, surtout, on se doit de ne pas faire de bruit, ne pas trop critiquer, à moins de faire valoir son utilité, à la société, à la communauté, à la famille pour justifier, une parole plus ou moins légitime. Visant à faire accepter, une servitude sans appel, à un ordre préétablit qui par définition, a du mal à se remettre, en cause. Certains mettent ça sur le coup d'un conflit générationnel. Une fougueuse jeunesse ou une marginalité qui a du mal à rentrer, dans le rang. Cette dernière ne serait pas en mesure de penser le monde tel qu'il a été construit par ses pères, tel qu'ils le laissent, à la future génération. Encore que cet héritage progressiste vole en éclats, compte tenu, de la question environnementale. Partant de ce constat, finalement quoi de plus normal que de tenir, un discours radical en humanité, face à un discours paternaliste, humble de violence.

3 - Conclusion
Une identité océanienne comme potentiel, vecteur de vivre-ensemble
Qu'est-ce qu'être néo-calédonien ? Ce qui découle de l'imaginaire collectif, c'est qu'être calédonien s'inscrit dans une perspective moderne. Face à une question identitaire kanak qui via son souhait d'une plus grande reconnaissance de sa culture est perçue comme régressive. Est-ce que le fait d'être kanak signifie systématiquement, d'être calédonien, ou est ce que l'individu d'origine kanak selon sa capacité, a vacillé entre tradition et modernité lui permet d'être kanak, et à la fois calédonien. Ces deux identités semblent renvoyer, à un idéal politique différent (nationaliste-calédonien dans la France contre indépendantiste-kanak plus ou moins avec la France). C'est dire si le bipartisme comme norme binaire irrigue l'ensemble de la société. Il détermine les rapports de pouvoir comme fondement de la société néo-calédonienne. De sorte que les identités politiques qui découlent du bipartisme (loyaliste versus indépendantiste), apparaissent comme des représentations sociales figées. Au cas où la binarité politique comme représentation sociale serait questionnée, cela reviendrait pratiquement à remettre en cause l'identité même, de l'individu qui aurait du mal à se construire, en dehors de ce schéma politique omniprésent.


On en vient à se demander, si des éléments de réponses au vivre-ensemble ne résideraient pas, dans le fait d'ériger, une tierce identité ? Une identité océanienne qui englobe par nature, toute la société calédonienne. Face à une identité néo-calédonienne qui se prétend néo, nouvelle. Alors qu'elle n'a pas encore digéré son passé. Et une identité kanake dont certains ont du mal à s'y faire, si ce n'est la rejette, en bloc. Du fait que cette identité souffre d'une aversion (pour ne pas dire, de racisme), pour sa tradition qui est perçue malheureusement, dans l'imaginaire collectif, comme régressive. En raison de quoi une alternative identitaire paraît pertinente pour situer notre place dans le monde et dans la société qu'on cherche à bâtir, sur une base plurielle. Si bien qu'aujourd'hui, personne n'est vraiment 100 % caldoches, kanaks, wallisiens, tahitiens, javanais, etc... Nous sommes tous les résultats d'une histoire, de chemins qui s'entremêlent comme les unions scellent de sentiments célestes. L'Océanie est et a toujours été le carrefour de peuples qui le composent, et le traversent. À ce titre tous les néo-calédoniens sont plus océaniens que français. C'est ce que semble porter le projet de citoyenneté calédonienne. En tant qu'océanien, on cherche, à marquer notre différence, ainsi que notre place. Pour l'instant, cette place transparaît une absence de parole. Celle renvoyant, à un récit territorial qui nous reste à écrire ensemble. Au pied d'un monde qui rejette de plus en plus une interprétation unilatérale, de l'histoire. Ainsi la lumière se fait sentir sur les différents versants de l'histoire. Un rendez-vous avec l'histoire qui ne consiste pas à se flageller, mais à honorer, l'histoire de la commune humanité, pour que les générations futures quelles qu'elles soient, n'aient pas à rougir de cette écriture commune. 

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