J'ai longtemps éprouvé une sorte d'aversion pour mon île, la Kanaky-Nouvelle-Calédonie. Contre les mentalités qui y figurent. Notamment, à la capitale qu'on prénomme, Nouméa la blanche. Une sorte d'amertume, celle semblable au fait de boire la tasse face à la marée haute des amalgames qui noient les voix dissidentes. Quand on parle de sujets qui fâchent. Des sujets qu'on évite bien souvent pour préserver la pirogue du vivre ensemble. Celle qui tangue par moments vers des positions extrêmes. Il faut dire que la voile du destin commun s'illustre par des trous qui ne forgent pas une direction sereine.
Sans parler du système capitaliste qui encourage une mentalité de chasseurs de dollars et les comportements qui vont avec. L'espace étant réduit sur une île, ces comportements sont exacerbés. Ils font ressortir des individualités qui contrastent avec une façon de vivre océanienne. Cela est encouragé comme projection d'un bonheur matériel accessible soi-disant par la sueur du front. Sans parler des bassesses et autres hypocrisies que ces comportements peuvent induire. Dans une société où l'argent est roi. Tous les coups sont plus ou moins permis. On ferme les yeux sur les inégalités pour se concentrer, sur son propre intérêt. En cela, le racisme est une idéologie pratique pour occulter son rapport à l'autre. Via la généralisation l'essentialisation que le racisme diffuse. Le racisme tend à justifier un sort de l'autre qui est perçu comme prémédité. À titre d'exemple, les kanaks sont pauvres parce qu'ils sont fainéants, etc, etc...
Les métisses sont quant à eux doublement observé de part et d'autre du manche. Celui qui tient le manche, le maître bien souvent non racisé peut voir en eux, un allié. Quand les métisses réussissent socialement. Ils sont potentiellement un exemple à prôner comme figure, symbole d'intégration. Dans la mesure où, ils ne remettent pas trop en cause la parole du maître. Ceux qui sont face au manche espèrent peut-être que le métis portera la parole des leurs dans d'autres sphères, d'autres strates sociales. Encore une fois le calcul coût bénéfices vient semer son grain de sel. Mais quand on se sent sous-représenter tout exemple d'intégration est bon à prendre. Autant de sources d'inspiration pour des sous-espèces que la méritocratie républicaine ne manque pas de mettre en lumière si besoin étant pour inciter les autres à faire de même. À se vouer corps et âme envers un système, dont nous tous existons que pour notre force de travail. La valeur travail devient alors est de loin. La seule valeur potentiellement vectrice de justice sociale. Voire la valeur travail devient la seule arme véritable de l'anti-racisme dans une société qui prône l'égalité des chances.
Or, la fable méritocratique qu'on nous conte pour mieux nous faire adhérer au projet républicain, bat de l'aile. Car arriver à un certain niveau social, les portes du club se ferment. Ceux qui ont réussi à mettre le pied pour bloquer la porte sont incités à épouser la culture du club. En renvoyant des services et courber l'échine quand il le faut pour espérer prospérer. Le club auquel je fais allusion ici fait office de capitalisme patriarcal.
Ce en quoi Karl Marx et Friedrich Engels n'ont cessé de nous dire sur le capitalisme que dans la vie ce qu'on a, est ce que les autres veulent bien nous laisser. Ici en l'occurrence presque rien si on tient compte d'un régime économique prédateur qui vampirise la force de travail jusqu'à la moelle. Sans évoquer la planète qui est perçue comme une vaste marchandise.