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Billet de blog 10 mars 2023

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Les Maldives un mal pour un bien

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Illustration 1

Mes dix mois, passés, au Sri-Lanka ont filé à vive allure. Quand en Inde s'annonce bientôt la saison montagneuse. Celle qui tient ses promesses de beautés en tout genre. Pour l'instant, je dois quitter le Sri-Lanka pour mieux revenir. J'ai atteint mon quota d'extension de visa. Cette solution parait la plus économique. Je souhaite rejoindre l'Inde. Ainsi, je tournerais le dos, un temps du moins, à l'île la plus proche des dieux. Tourner le dos à cette île qui rêve, et fait rêver. 

Cependant, mon escapade indienne est pris de court. Mon visa indien m'étant refusé, je me rabats sur les Maldives. Le visa y est gratuit. Je ne resterai que quelques jours. Les Maldives c'est bien mignon mais ce n'est pas forcément dans mes budgets. Je lorgne les hôtels bon marché, les vols pas chers. Ceci étant fait j'y resterai une petite semaine. Histoire de me remettre de rencontres qui incarnent la cerise sur le gâteau de mes émotions nocturnes. J'aime dire à de probables conquêtes croiser au Sri-Lanka que je suis un jeune écrivain incompris par sa plume qui le boude, en ce moment. Quoi qu'écrivain c'est un bien grand et joli mot. Il me faut trouver une muse, me posais-je la question, face à de belles inconnues. Or, quand je le pense à haute voix devant de probables candidates. Ça peut arriver que j'ai bu plus que de raison pour noyer mon manque d'inspiration. Sans parler du volume de la musique techno, en soirée qui ne permet pas de longues conversations. De plus, mon niveau d'anglais est en chute libre. Au fur et à mesure que j'enquille les bières fraîches comme moyen de subsistance, dans cet environnement tropicale, des plus hostiles. Je cherche à amadouer une amazone, pour faire équipe face, à la fureur de la jungle.

J'ai tout de même réussi à poser cette interrogation. Mais j'ai reçu en guise de réponse, des yeux qui se lèvent au ciel. Certaines laissent esquisser dans un soupir, un tant soit peu amusé " playeeer ", " come ooon " rétorque-je aussitôt. Autant dire que mon semblant de sensibilité que je tente de mettre en avant, vole désormais, en éclat. Pourquoi pas, bon débarras, après tout les soirées sur la plage, du sud du Sri-Lanka ça n'est pas non plus, le club des sages poètes disparus. Et c'est tant mieux, amies du soir, bonsoir ...

Un soir dans une soirée, je reconnais une russe que j'ai abordé dans une soirée précédente. Je me souviens de son visage, mais les prénoms ça n'a jamais été mon fort. Je vais la voir, on discute un peu. Je danse à côté d'elle. On se regarde partiellement. À croire que je suis devenu malgré moi ce qu'on appelle ici, un beach boy. Même si je n'arpente pas langoureusement les plages d'une partie de l'océan indien, biscotaud à l'air. Pour enjoliver la forme, je me dis que je cherche à chasser la solitude, sur mon terrain de chasse qui si je puis le formuler ainsi, s'anime à la nuit tombée.

Tout d'un coup, surgit une polonaise taille mannequin tout droit sorti d'un Elle magazine. Elle passe devant moi, danse à ma gauche. D'habitude les grandes asperges c'est pas mon truc. Mais allez comprendre, je n'ai yeux que pour elle. Du fait peut-être qu'elle m'intrigue. En tout cas, elle n'as pas l'air bien dans ses bottes. Elle fait des pas désarticulés qui ont tout de même, l'air plaisant. De toutes manières, il n'y a pas de pas de danse spécifiques pour la techno, c'est ça qui est bien. Après quoi probablement dû à mon niveau d'alcoolémie respectable, je me rend compte que la pauvre s'est foulée la cheville. Moi qui pensait qu'elle imitait les pas d'un dernier clip, à la mode. Je l'a vois s'éloignée pour gagner la plage. Suite a de brefs regards échangés, je me permet de la rejoindre pour tenter de lui parler, au calme.

Je m'avance vers elle, avec ma vingtième canette de bière, à la main comme signe d'acceptation d'un probable échec. J'engage la conversation, sans grand mystère du genre how are you, etc... Le courant passe, elle a un accent british. Donc elle articule, prononce bien les mots. Une bouffée d'oxygène car le Sud du Sri-Lanka est rempli de russes est la plupart du temps je les comprend mal. Les russes que je croisent ne parlent pas non plus bien l'anglais. Par moments, les conversations sont limités. Là en l'occurrence, la conversation est fluide c'est agréable. On se raconte les raisons de nos venues respectives, sur cette île de l'océan indien. On a la trentaine bien installée et les mêmes envies de voyages. Je lui propose de lui montrer à Mirissa des chemins, hors des sentiers battues, lors d'une prochaine rencontre. Ça a le don d'attiser sa curiosité. On s'échange les numéros, on se quitte là-dessus, en tout bien, tout honneur.

Quelques jours plus tard, je l'a retrouve affalée sur un transat posé sur le rivage. Avec sa cheville mal en point elle n'est pas en jambes pour un triathlon. Je lui propose un tour à moto. La moto, c'est un peu la condition sine qua non pour lui montrer mes endroits favoris. Aussi, pour amortir un rapprochement la moto c'est bien pratique. Première étape un temple en bordure de rizières, j'y viens prendre des photos ou juste m'asseoir, le contempler. Ce temple n'est pas dur à trouver. Cependant, il cache une petite maisonnée qui abrite de bien belles et anciennes statues, au sommet d'escaliers gardés par des singes. Cette modeste demeure est souvent fermée, à clef. La plupart des touristes ne savent pas qu'on peut demander la clef. Je pense que la plupart, non pas connaissance de cette maison. En tout cas ce que j'ai retenu de mes années, à Marseille, c'est qu'il y a toujours moyen de moyenner. Aussi à ma première venue, en demandant à gauche à droite, j'ai réussi à avoir la clef. Grâce à un vieux moine atteint d'éléphantisme qui ne décolle pas de son siège et prie H 24. La première fois que je lui ai demandé la clef, je le trouvais tout fiévreux. Il incantait des chants non-stop, dans une forme de trance. Je me suis dit en le voyant, pour la première fois " ben celui-là, il n'a pas l'air de s'entraîner pour faire The Voice Sri-Lanka " ! Au début, je pensais qu'il avait juste chaud, mais quand j'ai vu la taille de sa jambe. J'ai compris que ça n'était pas dû à une prise de stéroïdes qui aurait mal tourné.


Là en l'occurrence niveau authenticité, on est bon. Vu que ma potentielle muse semble acquiescer, ce troublant scénario. D'autant plus que le moine nous donne sa bénédiction. En nous attachant autour du poignet, un fil blanc qui ne paye pas de mine. Mais comme ça vient de lui et vu sa condition pour ne pas dire son aura. En le voyant, tu te doutes bien qu'il n'est pas là pour amuser la galerie. Après quoi, je m'improvise guide touristique en baragouinant des pseudos vérités historico-philosophiques apprises sur le tas, sur Wikipédia.  Elle prend des photos, en veux-tu, en-voilà. On en vient à partager nos impressions, sur ce bout de contrée lointaine. La suite au prochain épisode, tout ce que je peux vous dire dorénavant, c'est que ce que je pense être ma plume, me fait moins la gueule...
Ça n'est pas plus mal que mon visa en Inde a été refusé. Car je compte y aller pour une période plus longue. Quand bien même l'Inde me terrifie par son nombre. Moi qui ne supporte plus trop, les grandes villes. Je noircis le tableau. Car je pressens que cette destination ne sera pas de tout repos. Faut dire qu'au Sri-Lanka, c'est facile de se la couler douce. Mais que serait l'aventure sans palpitations que serait la cuisine indienne, sans épices ? N'allez pas non plus croire que par ce voyage, je cherche avant tout l'amour. Quand je cherche surtout, à reconquérir ma vie par l'émerveillement. À l'instar d'une vie qui se berce de brises maîtresses. Je cherche avant tout, à poser les mots sur un imaginaire fait de beautés volatiles. 

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