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Billet de blog 26 mai 2023

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Manu a dit décivilisation

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Macron dépece l'état providence pour le compte du capital. Face à l'ampleur de la mobilisation sociale, il crée par sa police, un climat de violence, sans précédent dans la société. Tout en se dédouanant de quelconques responsabilités. Il s'illustre par un lexique propre à l'extrême droite. Semble-t-il apprit sur le tas du basculement, vers un état autoritaire. 

Comme à son habitude, Macron insiste sur la dissension comme écran de fumée pour se dédouaner. À l'heure où, Nicolas Sarkozy risque de la prison ferme. Macron sans peur et sans reproches continue tranquillement, son chemin de croix pour le compte de son dieu, le marché unique. Bien aidé, par des médias mainstream qui sont désormais, dans les mains de l'oligarchie. Celle-ci ne s'inquiète pas trop de la marche à suivre. Surtout quand la peur rythme la marche au pas, dans une société bâtie sur la coercition. D'où du sommet des structures sociétales telles des pyramides, le mépris coule en cascade comme constantes vomissures.

En réponse à cela, Macron souligne une décivilisation. Ainsi, les joutes verbales du président français reviennent sur le devant de la scène pour flatter l'idéologie de l'extrême droite. La raison étant que la bourgeoisie a si peur d'un revirement de situation qu'elle dédiabolise l'extrême droite. Le capital sachant très bien qu'avec Marine Lepen rien ne change. Avec Melenchon par contre, c'est le retour à un État providence, un État fort, très loin d'une dictature du prolétariat que scandent à l'unisson tous les médias mainstream. Qualifiant d'emblée Meluche d'extrême gauche. Tandis qu'il entend fonder un nouveau Parti socialiste, sur les bases selon ses dires, d'un interventionnisme d'état.

Quoiqu'il en soit, interrogeons-nous sur ce terme de décivilisation. Vraisemblablement ce terme renvoit à celui de civilisation. Dès lors, il nous faut une définition commune de civilisation pour nous entendre sur les interprétations que nous allons avancer ici. En ce sens, pour Hannah Arendt la civilisation renvoit à une aide envers les plus fragiles pour assurer à chacun une place dans la société, dans une perspective d'égalité des chances. Pour Danilo Martucelli être civilisé, c'est savoir se tenir de l'intérieur. C'est-à-dire, savoir maîtriser ses pulsions ses passions, au nom d'une raison érigée comme provident phare, dans la longue nuit de l'obscurantisme. Pour Renaud Camus le penseur d'extrême droite qui a écrit sur ce sujet ; la décivilisation serait une sorte de retour de la barbarie. Une sorte de vengeance sanglante qui paraît inévitable des esclaves envers leurs maîtres, envers l'Occident comme épicentre du monde moderne. Traduisant ainsi, une peur du changement, face à une société qui comme sa culture mute. À l'image de sa population qui se distingue notamment par son pluralisme. À l'encontre d'une pensée d'extrême droite qui forge une pensée unique qu'elle, paradoxalement, prétend combattre. Du fait d'une pensée unique d'extrême droite qui transfigure ses peurs et sa haine de l'autre. En tentant de les rendre légitimes par un discours pseudo-intelligible, dans le but de prôner ses peurs,  et autres fantasmes macabres comme essence pure.

Cette dernière remarque met en exergue la xénophobie de l'extrême droite. Qui centre l'essentiel de son idéologie autour de l'interprétation d'une race pure construit autour de la seule blanchité. Avec un discours qui se concentre sur ses peurs, d'être grand-remplacé, voire de disparaître. On croirait entendre le dernier souffle d'une espèce en déclin, en disparition. Peut-être, c'est en cela qu'Hugo Clément est intervenu dans un meeting du R.N, pour parler écologie, allez comprendre...

Une extrême droite qui finalement n'a d'extrême que sa mésinterprétation. En prônant des valeurs d'antan comme patrimoine symbolique et historique, à l'aune d'un âge d'or de l'impérialisme français. Si bien qu'au lieu de se ranger du côté du peuple, l'extrême droite se range du côté du pouvoir, de l'ordre établi. Quoi qu'on en dise, un ordre dont l'extrême droite n'a jamais été étrangère. Mise en perspective notamment par le fait que Macron a fait voler en éclats un bi-partisme semble-t-il, à bout de souffle. Aussi l'oligarchie pour se réinventer et ainsi incarner à nouveau son subterfuge progressiste. Cet ordre dominant se concentre désormais politiquement dans un extrême centre bourgeois. Dont Macron, en sa qualité de banquier d'affaires assure les intérêts, envers et surtout contre le peuple. Et là où la concordance se fait nécessaire avec l'extrême droite, est au sujet de la préservation de l'ordre établi. Si ce n'est que le point de convergence avec la droite, l'extrême droite, l'extrême centre voire même une partie de la gauche républicaine est de conserver la culture occidentale à peu près telle qu'elle selon les aspirations politiques comme culture dominante. Et toujours selon les aspirations politiques de chacun, les manières seront différentes pour que tout un chacun intègre cette culture dominante.

Cependant, pour Macron quoi de plus pratique que d'alimenter les fantasmes xénophobes de l'extrême droite pour gagner du temps et ainsi continuer, ses réformes néolibérales mortifères. Si on considère une extrême droite comme idiot utile du pouvoir. Puisque l'extrême droite ne manifeste pas contre la réforme des retraites. Et donne son soutien inconditionnel envers un état policier dont elle partage assurément, la vison sécuritaire/autoritaire. Un deal win-win pour l'extrême droite qui a jusqu'à attendre jambes croisées pour se donner une figure de présidentiable. En prônant un retour à l'ordre, en cette période de doute démocratique. 

Cela dit, on ne combat pas la violence, en mettant en place, un autre état violent. On combat la violence, en mettant en lumière les douleurs du monde telles qu'elles nous ont été conté hier, et telle que nous les connaissons aujourd'hui. Pour cela, encore, faut-il s'inscrire dans un réel qui est bon de rappeler, hétérogène. 

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