
L'heure du départ approche, j'emballe mes affaires aussi précieuses, soit-elle pour signifier ma présence, là où ne m'attend pas. Je pars rejoindre l'autre versant de ma vie qui me tend les bras. À tous ces actes manqués qui m'ont contenu dans un espace qui n'a plus, la même importance.
Il y a de ces lieux qui habitent votre imagination par une atmosphère sans pareille. La nature y évoque un tout, perçue par une curiosité qui prend le dessus sur l'indifférence. Où, quand, comment peuvent sembler des questions sommaires, quand le périple importe autant que la découverte. À tous ces actes manqués qui m'ont conduit à me renouveler las-bas plutôt qu'ici. Le « je est un autre » nous confie Rimbaud, aussi pour se découvrir quoi de mieux que s'aventurer dans, ces ailleurs prolifiques, révélateurs de ces nous qui sommeillent en soi. Quand ici le bonheur à portée de main m'a été interdit, las-bas à portée de regard, je retrouverai, cet enfantin sourire. Chacun se plaît à mystifier une destination quand l'émerveillement est au rendez-vous. Un acheminement qui s'étend de surprises de soubresauts et vacarmes en tout genre. Quand ce qui paraît pittoresque est époustouflant et quand ce qui paraît fantastique est dérisoire. Tout est question de perspectives, mais les invectives n'aidant pas à percevoir ce qui est autre. Las-bas tout diffèrent moi même maintenant, je me sens différent.
Grâce à ce voyage d'une virulente beauté qui prend le pas d'une direction aussi étrange que d'heureux hasards. Lorsque les incompréhensions s'accommodent de sourires. Parfois les mots ne suffisent pas à retranscrire la curiosité. La langue n'a pas de réelles barrières. Quand le regard reflète l'âme. Il y a des harmonies en substance qui font que les mots ne sont pas nécessaires. Seul compte le regard. Quand les différences amusent plus qu'elles n'effraient. Ces différences-là, on en redemande. Car elles nous font sentir l'instant, plus qu'une richesse, elles sont un besoin d'exister. Ces différences qui témoignent d'une amitié naissante chaque jour, d'une surprise une célébration chaque jour. Il me faut simplement appréciés ces vagabonds instants , appréciés ces messager moments. Simplement quitter un endroit où la routine prend otage une vie, quitter un confort qui nous conforte dans le regard des autres.
Dorénavant le chemin de mes envies se nourrit de modestes enseignes où par la simplicité d'une entrée, je m'y aventure. Où chaque mets rend hommage à la saveur d'un pays d'une région. L'accueil rend chaque instant de toute beauté. La vie en vaut le détour, ici et là. Quand loin de son pays natal, on trouve un chez-soi. Désormais, chez moi, est là où au sel de la vie. Je me nourris à la source sur le fleuve du temps avant de quitter ce monde. En autant de morceaux qu'il n'y a d'étoiles, là où rayonnent les ténèbres.
Ce voyage qui sommeille en moi adoucit une mort promise aussi mystérieuse soit-elle. Il me donne le pouvoir d'écrire ma vie décrire ces instants que je pense posséder. Mais dans cette vie ou une autre l'inattendue demeure spectaculaire d'éphémères. Une obsolescence qui fut programmée pour fléchir. Grâce à des tourments, au tournant d'une vie sans encombre, sommes-nous bercés par le silence des dieux, ou armés d'espoirs d'imaginer le monde ? Fuir la vie est ainsi faite fuir le temps fuir la mort, puissent les dieux accueillir avec bonté ceux qui ne sont plus, sur le chemin où le désespoir guette.
Vivre à crédits d'espérances avant que le rideau ne tombe, je goûterais au désir aussi éphémère soit-il. Pour ne plus entendre dans les profondeurs de mon âme chanter les sirènes du regret. Ni insensible à leurs charmes ni à leurs sérénades mais les jérémiades nous mène la vie dure. En vain je cherche du courage au fond de cette bouteille posée sur le rivage d'une mer d'ivresse. Désormais disciple de la beauté du monde, sa paisible présence a su taire les maux. Au son des vagues nomades mon cœur s'est perdu. L'émerveillement conforte mon plaisir qui autour de ce nouveau moi s'étreint.