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Billet de blog 8 décembre 2013

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Des corbeaux à Corbeil ?

Le Figaro, dont est propriétaire un sénateur qui intéresse tant la Justice actuellement, Serge Dassault, n’est pas particulièrement ma tasse de thé, mais on y trouve, parfois, des informations intéressantes. C’est souvent le cas dans ces articles parus en 1913 dans les colonnes du journal et que Le Figaro d’aujourd’hui ressort jour après jour.

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Le Figaro, dont est propriétaire un sénateur qui intéresse tant la Justice actuellement, Serge Dassault, n’est pas particulièrement ma tasse de thé, mais on y trouve, parfois, des informations intéressantes. C’est souvent le cas dans ces articles parus en 1913 dans les colonnes du journal et que Le Figaro d’aujourd’hui ressort jour après jour.

Le 24 novembre 1913, Le Figaro avait donné une information originale dont la conclusion permet de saluer la constance de la ligne politique très droitière de ce quotidien.

En Allemagne, en cette année 1913, une société de dressage s’était constituée pour tenter de remplacer les pigeons voyageurs par des corbeaux voyageurs.

On sait que les corbeaux sont des oiseaux intelligents et capables d’apprendre beaucoup de choses, et les premiers résultats avaient été tout à fait satisfaisants avec des corbeaux revenant sans problème, non pas au pigeonnier … mais au corbeillier (Ce mot n’a pas l’air d’exister … mais je le crée, car il me plait bien, d'autant qu'on peut l'imaginer à Corbeil) en apportant bien le message qui leur avait été confié.

L’expérience conduite en Allemagne ne fut pas poursuivie très longtemps, cependant, car les corbeaux dressés, volant à tire d’aile vers l’endroit où on les attendait, étaient interceptés par des groupes de corbeaux sauvages qui faisaient en sorte de les dissuader de poursuivre leur vol et même les trucidaient s’ils ne renonçaient pas à leur mission pour demeurer avec leurs congénères.

Le Figaro de 1913 y voyait déjà un motif de se lamenter « que la liberté du travail » ne soit pas respectée par les corbeaux. Autrement dit Le Figaro trouvait que ces corbeaux n’étaient pas assez inspirés de libéralisme économique. J’ai, bien sûr, une interprétation tout à fait opposée puisque je suis admiratif du fait que les corbeaux aient un tel sens de l’action collective … et même, là, d’un syndicalisme très actif s’opposant résolument à la mise en esclavage des corbeaux, alors que ceux-ci aiment tant bailler aux corneilles plutôt que travailler pour un maître. Le Figaro reprochait donc à ces oiseaux noirs de se comporter un peu comme des rouges, tandis que je découvre avec plaisir leur militantisme.

Au-delà de ce regard différent de celui du Figaro par option politique, il me semble, de plus, que l’on n’aurait pu faire transporter à ces corbeaux que des courriers anonymes, ce qui en limitait considérablement l’intérêt et ne méritait pas de les priver de leur liberté.

Revenant à l'actualité, il semblerait que Monsieur Serge DASSAULT ait vu son étoile pâlir, à partir du moment où des oiseaux de mauvais augure ont commencé à bavarder sur les mœurs politico-financières de celui qui pensait que son immense fortune lui permettait de tout acheter, des votes des habitants de Corbeil jusqu’au silence de ses acolytes.

Des corbeaux bavards se seraient-ils mêlés à l’entourage de l’avionneur pour dénoncer l’auteur des rafales ayant visé ses hommes de main ? Pour lui, en tout cas, la fin des pigeons semble se dessiner et la Justice s'attache à éclairer ces mystères.

Jean-Paul Bourgès 8 décembre 2013

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