Tout le microcosme, comme aimait l’intituler Raymond BARRE, bruisse, s’indigne ou se tient les côtes de rire, se déchire à la suite du cafouillage hebdomadaire, sans lequel nous ne saurions désormais plus vivre au-delà de quelques jours d’abstinence.
Juliette KEATING a publié ce matin un délice de billet, qui vaut une fessée sur le postérieur déculotté de garnements qui ont oublié les usages les plus élémentaires. Malgré le titre de mon billet, je n’ai pas envie d’aborder ce sujet par le côté picaresque et profondément ridicule de ce qui est en train d’agiter la sphère politicienne et médiatique parisienne, mais je préfère réfléchir à la situation de risque dans laquelle nous nous trouvons avec un tel personnel politique.
Et, tout d’abord, un petit rappel concernant Jean-Pierre JOUYET. Ce pur produit de la bourgeoisie, remarié à une descendante des TAITTINGER, est passé par l’ENA dans la célèbre promotion Voltaire, qui le conduisit à l’Inspection des Finances. Il devint ministre sous Nicolas SARKOZY puis Président de l’Autorité des Marchés Financiers avant de diriger la Caisse des Dépôts et Consignation et rejoignit alors son copain de la promo Voltaire, François HOLLANDE, comme Secrétaire Général de l’Elysée, dont on sait que la fonction en fait souvent le véritable Premier Ministre.
Etre passé par l’Autorité des Marchés Financiers, devrait avoir immunisé n’importe qui par rapport au plus minime délit d’initié … qui peut envoyer en prison celui qui s’en rend coupable. Et, pourtant, un Jean-Pierre JOUYET souffle dans l’oreille et dans le magnétophone de deux journalistes du Monde qu’un ancien Premier Ministre est venu lui suggérer de violer la séparation des pouvoirs en faisant accélérer la procédure lancée contre son rival … dont il fut le « fidèle » collaborateur durant cinq ans.
Ce qui s’est passé ces derniers jours c’est la rencontre d’incapables avec des spadassins, ne se déplaçant que la dague au poing. Ni les uns ni les autres ne méritent la moindre confiance … et, pourtant, l’un restera, n’en doutons pas, Secrétaire Général de l’Elysée, tandis que l’autre clamera avoir affaire à un menteur ou un idiot qui n’aura rien compris de ce qu’il était venu lui demander à la table du restaurant « Le Doyen ».
La signification la plus profonde de ces comportements dignes des derniers siècles de l’Empire romain, c’est la perte totale de repères moraux, bien sûr, mais aussi strictement professionnels, chez la caste illégitime qui, peu à peu, a confisqué le pouvoir dans notre pays.
Jean-Pierre JOUYET n’est que la partie émergée et indigne d’un iceberg qui dérive sur un océan d’incompétence, par absence totale de morale publique.
Celui qui m’aurait entendu m’exprimer comme cela, il n’y a pas même dix ans, se serait demandé si je n’avais pas un coup dans le nez. Mais j’en suis venu à souhaiter un grand coup de balai, renvoyant à la niche autant la droite que cette fausse gauche, sans, pour autant et bien évidemment, offrir à Marine LE PEN et au FN la rampe de lancement qui nous projetterait dans le drame de la libération des forces de la haine.
Une nouvelle République ? Qui peut raisonnablement penser que ça ne soit pas nécessaire ? Ils nous ont conduits au bord du gouffre … faisons en sorte de ne pas tomber dedans en ayant l’imprudence de faire un grand pas en avant, au lieu de faire un pas de côté.
Jean-Paul Bourgès 10 novembre 2014
11 novembre, j'ajoute quelques lignes du discours prononcé par le Général DE GAULLE devant la Chambre des Députés, alors qu'il sollicitait l'investiture de celle-ci et que, dans son programme, il proposait de mettre en chantier une nouvelle constitution :
Mais ce ne serait rien que de remédier provisoirement, tant bien que mal, à un état de choses désastreux si nous ne nous décidions pas à en finir avec la cause profonde de nos épreuves. Cette cause - l'Assemblée le sait et la nation en est convaincue - c'est la confusion et, par là même, l'impuissance des pouvoirs.
Par des méthodes totalement différentes, bien évidemment, et avec des orientations d'autant plus différentes que c'est le système mis en place par le Général DE GAULLE qui est désormais à bout de souffle, il faut, de nouveau changer de constitution.