… de dispositions peu convaincantes
A la suite de l’affaire CAHUZAC - premier cas, de toute l’Histoire de la République, où un homme politique fut convaincu d’avoir dissimulé des revenus au fisc (Hum, hum … ne serais-je pas en train de divaguer ?) - on est parti dans une vaste opération destinée à éclairer tout un chacun sur ce que possède chaque élu, chaque grand responsable administratif etc … la grande transparence est tendance, on publiera ce que chacun possède … officiellement.
On oublie, me semble-t-il, que le premier reproche fait à Jérôme CAHUZAC n’est pas d’avoir eu une grande réussite financière acquise dans la réalisation d’implants capillaires sur de célèbres cranes voulant dissimuler leur calvitie, mais c’est d’avoir trompé le fisc sur le niveau des revenus dont c’était la racine. Lorsqu’on saura le montant exact de ce qui fut planqué en Suisse puis à Singapour pendant vingt ans et qu’on aura pu déterminer l’origine exacte de cet argent, il est possible que cela se traduise aussi par une sanction de l’Ordre des Médecins, s’il apparaissait qu’une partie de ce magot provenait de « générosités » de laboratoires pharmaceutiques.
Il n’est que temps d’oublier désormais le nom de ce schizophrène qui put avoir fraudé depuis longtemps puis devenir le chef des limiers chargés de la chasse aux fraudeurs. A la Justice d’opérer désormais et à l’administation de Bercy de lui faire rendre gorge. Joli cas pathologique pour les psychiatres !
Mais que penser des dispositions annoncées par François HOLLANDE ?
Ma première réaction est une forme de stupéfaction devant la nécessité d’énoncer ainsi des évidences. Bien évidemment l’exercice d’un mandat électif ne doit pas et ne peut pas se traduire par un enrichissement personnel … s’il n’y a pas corruption. Mais qui va déclarer des revenus ou des éléments de patrimoine découlant du fait qu’il s’est laissé « graisser la patte » ? La question n’est donc pas dans la déclaration et dans la publication, qui ne peuvent qu’alimenter des dérives populistes parfaitement malsaines. La seule question qui compte c’est d’exercer une surveillance tout à fait secrète et attentive de tous ceux dont la fonction pourrait les conduire à céder à des tentations malsaines. Faut-il une Haute Autorité pour cela ? Peut-être, mais, à condition de leur en laisser les moyens, j’aurais parfaitement confiance dans l’administration des finances et la magistrature pour faire ce travail qui ne doit viser que les fripouilles et ne pas bloquer les initiatives de ceux qui sont intègres et n’ont pas mérité d’être suspectés.
Ma deuxième réaction c’est le sentiment d’immensité de la tâche qui ne consiste pas tant à traquer les fraudeurs, qu’à remettre dans le bon ordre la hiérarchie des valeurs dans nos sociétés. Si nous sommes gangrenés par la triche fiscale ça n’est pas, contrairement à ce que certains racontent, parce que nos impôts sont trop lourds. C’est parce que la soif d’avoir toujours plus, sans se soucier du fait que d’autres ont de moins en moins, s’est emparée de ceux qui se prennent pour l’élite de nos sociétés … alors qu’ils sont en train d’en devenir la lie.
Ma troisième réaction est plus politique. Elle s’appelle stupéfaction devant la soudaine pureté qui s’est emparée de la droite qui a réussi à instruire le procès de la gauche sur le thème du « L’opération mains propres doit balayer tous ces socialistes pourris » en réussissant à faire oublier des noms qui sentaient le soufre comme Karachi, KADHAFI, TAKIEDINNE, WOERTH, SARKOZY etc … même les meilleurs prestidigitateurs ne sont pas sûrs de pouvoir, à ce point, escamoter le lapin sous nos yeux.
Un effet semble cependant plus mirifique que tout. Au cas où ces dispositions baptisées de « moralisation de la vie politique » seraient décidées, Henri GUAINO a annoncé qu’il mettra fin à sa vie politique. Bravo François HOLLANDE d’avoir trouvé le moyen de nous débarrasser de ce Monsieur qui eut le front d’injurier un juge, au motif qu’il avait osé mettre Nicolas SARKOZY en examen.
Jean-Paul Bourgès 11 avril 2013