
Agrandissement : Illustration 1

Tout s’effondre. Les murs d’un studio-coin cuisine dont le siphon en panne avait été un signe annonciateur, la relation du couple qui y habite. Elle veut le quitter, il en a marre d’elle. Bientôt il ne reste rien du logis qu’un tas de parpaings en polystyrène et quelques armatures en bois. La joyeuse destruction ayant été accélérée par des comparses musiciens qui venaient d’ouvrir le bal avec un concert aussi dissonant que désopilant.
On reconnaît sans mal et avec joie l’esprit sioux et la manière musicalo-burlesque qui caractérise les spectacles de la compagnie La vie brève autour de Jeanne Candel et de sa dernière piste de danse: le Théâtre de l’Aquarium. Depuis, ayant façonné collectivement et partagé ce fonds de sauce commun, chacun fait sa route en se souvenant de la maison-mère.
C’est le cas de Lionel Dray avec Les Dimanches de monsieur Désert et récemment Ainsi la bagarre (lire ici), par ailleurs acteur habituel des spectacles de Sylvain Creuzevault.
C’est présentement le cas avec Samuel Achache qui ,après avoir cosigné plusieurs spectacles avec Jeanne Candel (dont le fameux Crocodile trompeur) et codirigé avec elle deux ans durant le Théâtre de l’Aquarium, a fondé sa compagnie de théâtre et de musique la Sourde en 2021. Il a créé un spectacle en septembre dernier à l’Athénée avec Florent Hubert (direction musicale, saxophone et clarinette), Antoni-Tri Hoang (clarinette et saxo alto) et Eva Risser (Piano, pianos préparés, flûte) .
A l’exception de Jeanne Candel, on retrouve tous les sus-nommés, familiers de La vie brève à Avignon dans Sans tambour, nouvelle mise en scène de Samuel Hachache avec Lionel Ray (comédien) , Sarah le Picard (comédienne), Léo-Antonin Lutinier (comédien souvent vu, lui aussi ,dans les spectacles de Creuzevault), et d’autres familiers de La vie brève que sont Agathe Peyrat (chant, soprano) et Sebastien Innocenti (accordéon).
Coté musique, sous la direction de Florent Hubert, des arrangements collectifs des Lieder de Schumann jouent les mouches du coche. Côté théâtre, le spectacle multiplie les amorces d’histoires naissantes ou finissantes qui viennent se frotter ici et là avec les lieder dans un montage permanent dont la force est, on le pressent, d’avoir été élaboré au fil d’improvisations collectives de relances. Le fragmentaire est à la fête, il génère ce qui va suivre avec un imprévisible entrain. Tristan et Yseult passent en guest-stars et conseillers techniques.
Tout s’effondre y compris la narration du spectacle. Tout se déglingue : les barreaux d’une échelle, les marches d’un escalier, le faux piano suspendu qui abrite un vrai mini plan d’eau, les rêves de grandeur. Tout cela est joyeusement irracontable. La catastrophe dans la joie. Il faut cependant savoir terminer un spectacle, ce qu’ils savent faire en enjambant le champ de ruines pour venir saluer.
Après sa création au dernier Festival d’Avignon, le spectacle poursuit sa tournée. Après Meudon et Narbonne le 16 nov, le voici au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris du 1er au 5 déc, puis du 7 au 11 déc. Suite de la tournée: Théâtre de la Manufacture / Opéra national de Lorraine de Nancy du 10 au 12 janv 23, Théâtre de Paules 24 et 25 janv Points communs, Cergy-Pontoise es 3 et 4 fév, Théâtre des Bouffes du Nord, Paris du 22 au 26 fév et du 28 fév au 5 mars,Théâtre de Lorient les 8 et 9 mars, Théâtres de la ville de Luxembourg les 16 et 17 mars Le Grand R à La Roche-sur-Yon les 28 et 29 mars, Théâtre de Caen les 12 et 13 avril