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Le théâtre Garonne de Toulouse comme le Théâtre de la Bastille à Paris sont deux ports d’attache d’un certain théâtre flamand en France, ces aventures comme le TG Stan ou De Koe renommé De Hoe fondées sur le travail d’acteurs (jeu, écriture, dramaturgie), d’ailleurs ces deux compagnies ont connu plusieurs aventures communes. Ne cherchez pas le nom du metteur en scène, la fonction est diluée dans le travail collectif.
Si le tg STAN aime aborder et transfigurer à sa façon des pièces du répertoire, ce n’est pas le cas de De Hoe qui, au fil des spectacles , a signé près de quatre vingt pièces originales. L’ensemble comporte sept personnes. Plus si affinités. En 2014, L’homme au crâne rasé (spectacle donné au Théâtre Garonne et à la Bastille) était, pour une fois, inspiré (librement) d’un roman de Johan Diasne. L’un des membres de l’ensemble Willem de Wolf en était à l’initiative et, dans un rôle secondaire, il accompagnait Peter Van den Eede et Natali Brooks dans l’histoire d’un couple qui se retrouve vingt ans après leur séparation.
Le nouvel homme, titre du nouveau spectacle, relance les dés de cette histoire et de ce spectacle passé, dix ans après, avec les mêmes interprètes excepté Willem de Wolf qui n’est plus sur le plateau pour la version française, remplacé par un nouvel homme,Nico Sturn. La création de la version française s’est faite au Théâtre Garonne en mais dernier, le spectacle est aujourd’hui à l’affiche du théâtre de la Bastille.
« C’est toi qui a proposé de venir ici, de retourner à l’endroit de notre dernière rencontre », dit N (Natalie Brooks) à Pe ( Peter Van den Eede ). Cet endroit c’est quoi ? Aussi bien le théâtre où nous sommes (et où l’acteur et l’actrice ne sont pas venus depuis bientôt dix ans) que l’aéroport de Rome où N et Pe se souviennent s’être rencontrés, ou bien c’était en faisant la queue dans un théâtre ou plutôt encore, vingt ans ans auparavant dans la queue pour entrer à la chapelle Sixtine. « C’est dans ce va-et-vient (incessant) entre acteur/actrice et personnage que nous dévoilons les contradictions qui font que tout cela semble désordonné et inachevé, mais touche aussi, et déroute » dit De Hoe.
Le brouillage des pistes, des temps et des identités, l’incertitude, le mentir-vrai, le double jeu, ont les coudées franches et sont autant de pain béni et d’os à ronger pour l’actrice et l’acteur. Leur jubilation à jouer ce texte ping-pong contamine notre plaisir, satisfaisant, ô combien, notre appétit à voir évoluer ces deux bêtes de scène que sont Natali Brooks et Peter Van den Eede lesquels semblent jouer sans jouer, à l’image de leur personnage. Troublant et vertigineux
La première rencontre naguère entre N et Pe allait déboucher sur une histoire d’amour puis une séparation. Ni et Pe se retrouvent donc vingt ans après, ils ont changé, l’époque aussi. N balance des posts sur Facebook, se doutant que Pe les lit. Mariée à un italien, quatre enfants, N est toujours actrice, cachetonne dans des feuilleton où elle joue une femme politique et s’est inscrite à la Ligue du nord ce qui cueille à froid Pe, célibataire, plutôt de gauche sans que ce mot soit dit.
Sont-ils sincères, se jouent-ils la comédie, disent-ils la vérité ou bien celle que l’autre veut entendre, quel revival vivent-ils, jouent-ils, provoquent-ils ensemble? Le théâtre ramasse la mise à tous les coups.
NI (Nico Sturm), le mari de N, dans l’ombre, n’y comprend rien mais surveille. N s’éclipse, laissant ensemble les deux hommes. Tout se finira devant la machine à café, italienne il va sans dire.
Le nouvel homme, un spectacle de De Hoe, au Théâtre de la Bastille, 20h30, sam 18h30, relâche le dim, jusqu’au 29 sept.