
Assis sur des chaises ou par terre, les spectateurs forme un cercle restreint comme autour d’un brasero, d’un feu de bois. Entre dans le cercle une femme en robe longue (Anna Gaïotti) puis,un peu plus tard, une autre femme en pantalon de cuir noir (Tatiana Julien). Elle se frôlent, bientôt se mêlent, s’enveloppent l’une à l’autre, l’une bientôt nue, l’autre à demi nue. Pas un mot ne sera dit, ce sont leurs corps qui dialoguent, se parlent et ainsi s’adressent à nous.
Frôlements, reptations lentes, tête contre tête, corps contre corps, caresses des peaux, des sexes, doux enroulements multiples des membres sous un dôme de lumières faibles parfois à la limite de la pénombre,et souvent changeantes ( Kevin Briard, Agathe Patonnier) accompagnées par une musique aux effluves obsédantes (Gaspard Guilbert).
Elles ne nous regardent pas, elles s’emmêlent l’une dans l’autre, lentes et lourdes et soudain étonnement souples, légères. Tout une gammes d’étreintes amoureuses jusqu’à, ici et là, se confondre, allant jusqu’à former comme un seul corps redoublé. Un amas, de bras, de jambes, de pieds, de dos et de bustes nus d’une extrême sensualité et d’une confondante délicatesse. Une persistante vibration entre deux corps de femmes aux yeux comme repliés au dedans d’elles mêmes. déesses de la nuit. Ainsi nous vient et nous comble Une nuit entière une performance si l'on veut, un moment de grâce coécrit par les deux interprètes, un otni (objet théâtral non identifié) produit par la compagnie Interscribo implantée à Amiens et fondée par Tatiana Julien, artiste associée à la maison de la culture d’Amiens (Pôle européen de création et de production) et accompagnée par le Phénix de Valenciennes.
Une nuit entière ouvrait en beauté à la Maison de la culture d’Amiens dirigée par Laurent Dreano, le Festival Amiens Europe, pôle hexagonal du Feminist futures festival où sont programmés des artistes du réseau APAP (Advancing Performing Arts Project) soutenu par la commission européenne et regroupant onze structures allant de la Pologne à la Norvège, de l’Islande à l’Italie, du Portugal à l’Allemagne en passant paqr la France, l’Autriche et la Serbie.
Le même soir , une second spectacle du festival e en tous points opposé au premier : Billy’s violence écrit par Victor Afung Lauwers, mis en scène,scénographié et costumé par Jan Lauwers fondateur avec Grace Ellen Barkey de la flamande Needcompany. A grand renforts de scènes agitées et bordéliques ,le spectacle met en scène en dix séquences, autant d’héroïnes du théâtre de Shakespeare sujettes à lqa violence, de Desdémone à Ophélie, de Cordelia à Cléopâtre, de Portia à Juliette, etc. Point commun entre toutes ces scènes revues par la Need Compagny : la constante violence faite aux corps des femmes, corps souvent maculés de boue, de sang, autant de scènes où le trop n’est jamais assez. On a connu cette troupe mieux inspirée.
Le festival continue jusqu’au 27 janvier avec des artistes comme Jule Fierl, la belle voix de Cristina Branco ou un Manuel d’auto Défense à Méditer par Hélène Soulié. Une féminist school propose udes qteleirs et un cycle de conférences interrogeant la place des femmes dans l’espace public,les institutions, sans oublier la situation et la lutte des femmes en Iran. .
Le festival à Amiens fermera ses portes demain. Une nuit entière tourne : le 18 mars à la maison de la danse de Marseille, le 21 mars à la Soufflerie de Rézé, du 28 au 30 mars à Bonlieu, scène nationale d’Annecy et le 31 mai à Beauvais au Théâtre du Beauvaisis.