Il est des jours… un 13 novembre
Il est des jours qui seront un passé,
Ivre d’enfer, de terreur et de sang
Quand des vies, par des fous, sont effacées.
En ce jour de novembre assourdissant,
Les râles des mourants couvrent la rue
D’un linceul de terreur si oppressant
Que le rire et la joie ont disparu.
Face au bruit qui souffle en folles saccades
D’armes, jetant l’effroi, broyant les âmes,
Les regards vident les pleurs en cascades,
Devant le corps de l’ami, de la femme,
Et leurs lèvres aux sourires éteints
Par la fureur de ces êtres infâmes
Montrant vers les nues leurs crocs de mâtin.
Au-delà des cieux, avides de mort,
Riants, ils tuent, se moquant de leur dieu.
Le temps ne leur laisse pas de remords
Pour la terreur de leur passage odieux.
Leur folie barbare répand la peur,
Qu’ils jettent par leurs fusils et leurs yeux
Sur des foules figées par la stupeur
Ils s’enfuient pour prolonger leur gloriole
Ignorant, ici, l’esprit qui se tait
Et là, le sang qui recouvre le sol.
Ils vont tuer des croyants et des athées,
Plus loin, pour continuer l’ignoble jeu.
Et enfin, quand leurs corps ils font sauter,
Ils insultent et trompent leur dieu.
C’était un soir de plaisir en novembre,
On trinquait aux terrasses des bistrots.
Paris rêvait dans la nuit couleur d’ambre
De son charme libre, ni peu, ni trop.
Attirée par des accords de guitare,
La foule chantait sortant du métro.
D’un coup tout se tait… Oh ! Il est trop tard !
Jean Riboulet, 22 novembre 2015