La première réaction, à chaud, n’est pas forcément le fruit d’une pensée réfléchie. Cependant, nous pouvons tirer d’ores et déjà quelques enseignements qu’il sera nécessaire d’affiner dans les jours à venir. Le résultat est sans appel pour notre circonscription des français de l’étranger : la déroute de la gauche au premier tour des élections législatives est préoccupante.
En effet, nous savons désormais que le mouvement « La République En Marche » n’est pas du tout positionné sur des idées sociales, progressistes et humanistes qui sont les vraies valeurs de la gauche. Alors, pourquoi sommes-nous confrontés à un tel échec de nos idées ?
UN ECHEC CINGLANT
Tout d’abord, le champ de ruines laissé par les socialistes au niveau national et local est un vecteur de désaffection pour les idées de gauche. François Hollande a assassiné le Parti socialiste pour lui faire payer la fronde d’une partie de ses soutiens. Certains journalistes ont accusé Jean-Luc Mélenchon de vouloir faire exploser le PS ! La vérité est plus crue, c’est Hollande qui a mis son propre parti à genoux : d’abord en poursuivant une politique économique trop libérale et ensuite en poussant vraisemblablement à la création du mouvement En Marche, qu’il voulait de centre-gauche. Belle réussite ! Au niveau local, la fuite du député Leroy est emblématique du désordre intellectuel et organisationnel qui règne au PS.
Ensuite, le rassemblement et la « confluence » que le candidat François Ralle Andreoli était censé incarner réalise une performance très médiocre. Aucun d’entre nous ne peut s’en réjouir, bien au contraire. Cette déconfiture nous est préjudiciable à tous, car elle saborde une dynamique qui a donné de l’espoir aux électeurs de gauche pendant la campagne présidentielle. Nous avons tous participé à cette campagne 2017, les soutiens affluaient au jour le jour à l’approche du premier tour de la Présidentielle. Ce sont plus de 6000 personnes qui ont voté Jean-Luc Mélenchon dans notre circonscription, c’est-à-dire presque 20 % des votants. Ce chiffre est voisin des résultats nationaux, ce qui est loin d’être négligeable. Pourtant, il ne se retrouve pas dans le vote d’aujourd’hui. La « confluence » du micro parti « Agissons Ensemble » est un échec cinglant puisqu’elle n’a pas permis de galvaniser les électeurs autour de son représentant.
LE MARIAGE DE LA CARPE ET DU LAPIN
Au-delà du résultat individuel de François Ralle Andreoli, l’analyse des scores qui nous concernent nous permet de tirer certains enseignements pour des élections futures.
En premier lieu, il est important de rappeler que Les Insoumis ont voté pour des idées, un programme, « L’Avenir En Commun ». Celui-ci est porteur d’espoir pour mieux vivre ensemble et en harmonie avec notre environnement. Jean-Luc Mélenchon n’en est que le porte-parole. Il n’est pas le gourou dépeint par une partie des journalistes. Ce serait méconnaitre le niveau d’éducation politique des Insoumis, qui sont très attachés aux idées plutôt qu’à l’homme. Même si Jean-Luc Mélenchon est un incomparable orateur, il ne représente que la tête de pont d’un mouvement qui réfléchit et propose des idées par sa base.
C’est pourquoi, Les Insoumis ne supportent pas la dilution. Mélenchon l’a bien compris et a refusé quasiment tous les petits arrangements politiciens avec d’autres formations qui ne respectent pas le programme, ou voudraient en atténuer les mesures principales. L’Insoumission est un état d’esprit et pas une compromission. Lorsque François Ralle Andréoli affirmait rassembler du Parti Communiste jusqu’aux Macronistes il prônait le mariage de la carpe et du lapin : une union contre nature, mal assortie. Du coup, les invités se sont abstenus de participer à cette mascarade. La campagne de 2012 sur notre circonscription a vu la gauche en plein essor. De très bons résultats pour les verts, le PS. Il semble que cette fois-ci, les électeurs ait peu apprécié la candidature multicarte de « Agissons Ensemble ».
Les Insoumis n’auraient-ils pas soufferts de déréliction, ce sentiment d’abandon et de solitude devant ce qui leur était proposé ? Que sont devenus, dans cette élection législative, les 20 % d’Insoumis de notre circonscription qui ont voté Mélenchon au premier tour de la présidentielle ? Les courants de pensées holistes traduisent une tendance à constituer des ensembles qui sont supérieurs à la somme de leurs parties. Alors, comment un rassemblement peut-il produire moins que l’ensemble de ses parties ? Toutes ces questions devront être abordées et mises en lumière au moment de faire le bilan de cette élection qui sonne comme un désaveu de l’idée de « confluence » et de son candidat François Ralle Andreoli. Cet échec devra être décrypté pour comprendre les évolutions politiques de ces derniers mois. Il semble qu’une erreur d’analyse soit à la base de ce naufrage : il faut se poser la question de ce que veulent les citoyens. Et le résultat décevant de Sergio Coronado en amérique du Sud vient confirmer cette tendance.
Ce que veut le peuple, semble-t-il, c’est un projet, pas seulement local mais national et international. Dans son livre « Le hasard et la nécessité» Jacques Monod affirme : « Le projet explique l'être, et l'être n'a de sens que par son projet. » Le peuple de gauche a compris que l’enjeu actuel nous dépasse et qu’il faut aller au-delà des petits rassemblements de circonscription pour être élu. C’est pour cela que l’Avenir En Commun et son porte-parole ont réalisé un bon score aux Présidentielles. Il faut suivre cette voie et ne pas diluer les idées dans des tambouilles politiciennes où les électeurs ne se retrouvent pas.