J'ai appris en décembre 2022 grâce à la lettre quotidienne (le dimanche est cependant sacré, comme de juste) de Spectrum News qu'une étude avait porté sur le temps devant l'écran des enfants et adolescents autistes suite au confinement. Thème intéressant, surtout à une période où il a tant d'âneries (pour une fois, pas des lacaniens) sur le sujet.
La recherche a été publiée le 1er décembre dans "Frontiers in Psychiatry". Et puis je m'aperçois qu'il s'agit d'un article de recherche d'une équipe française, de la cohorte ELENA, française mais apparemment non francophone ! Cela me contrarie, car cette recherche ne me semble pas avoir fait d'une large diffusion.

C'est une critique qu'on peut adresser au milieu scientifique français en ce qui concerne l'autisme (pour ce qui m'intéresse), c'est de ne pas prendre la peine de vulgariser auprès du grand public, mais surtout des personnes concernées, les résultats des recherches menées, que ce soit en France ou dans le monde.
Nous nous heurtons encore à des professionnels qui ne lisent que les études en français, où toutes les lacaneries diverses et avariées peuvent se répandre.
Sachant ce que je devais chercher ("cohorte ELENA"), je n'ai pas eu de mal à trouver la recherche ... Mais seulement sous la forme de résumé en français. Je trouve çà insatisfaisant. Pour moi et le public intéressé par les recherches sur l'autisme, mais aussi pour les personnes ayant accepté d'être intégrées dans la recherche.
Selon moi, les résultats des recherches doivent être mis d'abord à disposition des participants, puis du public intéressé. Cela suppose une publication en français. Peut-être pas de toute l'étude, mais d'une partie significative ou sous un format accessible (interview, article journalistique ...).
Si je reviens en arrière sur les étapes : juste avant la publication, est-ce qu'un collectif composé de personnes autistes et de parents a examiné les résultats de la recherche ?
On doit revenir encore plus en arrière pour savoir comment a été défini le thème de la recherche, comment les personnes concernées (personnes autistes et parents) y ont été associées. Je suis particulièrement sceptique à ce sujet, parce que je ne vois pas dans les publications d'informations claires sur les procédures suivies. Recherche, oui, très bien, mais "participative", il vaut mieux passer son tour pour être nobélisable.
frontiersin.org Extraits de "Screen time and associated risks in children and adolescents with autism spectrum disorders during a discrete COVID-19 lockdown period"
Temps d'écran et risques associés chez les enfants et les adolescents atteints de troubles du spectre autistique pendant une période de confinement en mode autonome (COVID-19)
Berard, Mathilde, Peries, Marianne, Loubersac, Julie, Picot, Marie-Christine, Bernard, Jonathan Y., Munir, Kerim, Baghdadli, Amaria
Introduction
L'utilisation de la télévision et des appareils mobiles par les enfants et adolescents avec des troubles du spectre autistique (TSA) occupe une place centrale dans leur vie quotidienne. La mesure actuelle du temps d'écran est la durée totale (généralement en heures/jour) du temps passé à regarder des programmes ou à jouer à des jeux vidéo, à la télévision, sur un ordinateur ou sur un appareil mobile. Une autre constatation récurrente est que, au cours des décennies précédentes, le temps passé devant un écran par les enfants et les adolescents a augmenté. À ce jour, les études sur le temps passé devant un écran par les enfants et les adolescents dans la population générale ont mis en évidence des résultats de santé moins bons en termes de risques de sédentarité, de scores de forces et de difficultés comportementales, de comportements prosociaux (1, 2), de bien-être psychologique, de qualité de vie (3), de sommeil (4), ainsi que de troubles dépressifs (3, 5) et anxieux (6). Il a également été suggéré qu'un temps d'écran excessif peut entraîner une aggravation des symptômes de type autisme (7-10), du trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH) (11, 12), de la dyslexie (13), ainsi que des retards de langage, d'acquisition cognitive et motrice (14, 15).
Jusqu'à présent, les indicateurs de risque de temps d'écran excessif chez les enfants et les adolescents de la population générale comprenaient le sexe masculin, l'âge avancé, la résidence urbaine, l'insuffisance de l'espace de vie et de jeu à la maison, le faible niveau d'éducation des parents, le faible revenu du ménage et des pratiques parentales incohérentes en termes de capacité à contrôler les comportements liés au temps d'écran (16-20).
Compte tenu des préoccupations concernant l'impact négatif du temps d'écran excessif des enfants et des adolescents, un certain nombre de lignes directrices internationales ont été proposées (21-24). Ces directives recommandent systématiquement de ne pas dépasser une heure de temps d'écran par jour pour les enfants et les adolescents âgés de 2 à 5 ans, et 2 heures par jour pour les enfants de plus de 5 ans. De manière surprenante, les études ont toujours montré qu'au moins la moitié des enfants de la population générale dépassent ces limites (19, 25, 26), et ce de manière croissante avec l'âge (25, 27).
Bien qu'il n'existe actuellement aucune recommandation spécifique sur le temps d'écran acceptable chez les enfants et les adolescents autistes, les études montrent systématiquement qu'ils passent plus de temps devant un écran que leurs pairs au développement typique (28-32) et qu'ils risquent donc davantage de devenir dépendants (33-35), ou d'être attirés par les jeux vidéo qui peuvent correspondre à leurs schémas d'interaction sociale solitaires et répétitifs (36). Un certain nombre d'études ont également souligné les effets défavorables d'un temps d'écran excessif chez les enfants et les adolescents avec TSA, notamment un comportement sédentaire accru (29, 31, 32), des symptômes de TDAH (33), une interaction réciproque mère-enfant réduite (30) et des problèmes de sommeil (37-39). La National Survey of Children's Health (26) portant sur un échantillon représentatif d'enfants américains âgés de 6 à 17 ans a montré que, même si plus de la moitié des enfants présentant un TSA étaient de grands utilisateurs (plus de 2 h/jour), ils passaient néanmoins autant de temps devant un écran que les enfants ne présentant pas de TSA. Montes (26) a également mis en garde contre l'hypothèse d'un risque accru de temps d'écran excessif chez les enfants et les adolescents autistes, surtout si l'on tient compte de l'utilité des dispositifs électroniques visuels dans les TSA comme aides à la communication et à l'enseignement.
Une étude récente examinant l'impact de la pandémie de COVID-19 sur les comportements de santé chez les adolescents autistes a fait état d'une augmentation significative du temps passé devant un écran, tant en termes d'utilisation pendant la semaine (3,7 h/semaine) que pendant le week-end (5,9 h/semaine) (39). D'autres études ont également souligné l'effet négatif du confinement COVID-19 sur l'activité physique des jeunes et les possibilités de loisirs pendant le confinement (40, 41). Les ordres de rester à la maison pendant la pandémie de COVID-19 ont entraîné le doublement ou le triplement du temps passé devant un écran chez les enfants et les adolescents autistes (16, 19, 39-46).
L'objectif de la présente étude était d'examiner et de décrire le temps d'écran dans un échantillon d'enfants et d'adolescents présentant des diagnostics de TSA validés et inscrits à l'étude de cohorte ELENA en France pendant une période de confinement ponctuel, et d'identifier les facteurs de risque cliniques et sociodémographiques du temps d'écran excessif.
Nous avons d'abord émis l'hypothèse que le temps d'écran des enfants autistes augmentera pendant la période de confinement, comme l'ont observé des études antérieures. De plus, sur la base d'études antérieures, nous nous attendons à identifier plusieurs facteurs de risque de temps d'écran excessif chez ces enfants, à la fois cliniques (symptômes autistiques sévères, faible fonctionnement intellectuel et adaptatif et problèmes de comportement) et sociodémographiques (faible niveau d'éducation et statut socio-économique des parents).
(...)
Discussion
La présente étude a fourni une occasion unique d'examiner le temps d'écran pendant une période distincte de confinement COVID-19 parmi un échantillon de 249 enfants et adolescents présentant un diagnostic bien caractérisé de TSA et inscrits dans une cohorte régionale de TSA en France. Nous avons constaté que 37,4 % des sujets avaient un temps d'écran supérieur aux niveaux recommandés pendant la période de confinement. Ce chiffre est comparable à celui obtenu dans la population générale des États-Unis dans le cadre de la National Health and Nutrition Examination Survey qui a rapporté des profils de comportement sédentaire comprenant l'écoute de la télévision ou l'utilisation de médias électroniques dépassant 2 heures/jour ou plus de temps d'écran pour 47 % de la population des enfants et adolescents de 2 à 15 ans (27). Il convient de noter que cette dernière étude a classé les comportements sédentaires en fonction du temps passé devant un écran comme étant "productif" (par exemple, l'utilisation d'un ordinateur pour les devoirs ou la lecture, ou toute autre activité éducative) ou "de loisirs" (par exemple, regarder la télévision ou jouer à des jeux informatiques ou vidéo).
En ce qui concerne l'impact du confinement sur le temps d'écran des enfants, la moitié des parents ont signalé une augmentation depuis le début de la pandémie, ce qui concorde avec des études antérieures (39). Cela indique que le temps d'écran mesuré pendant la pandémie ne représente pas nécessairement le temps d'écran habituel des enfants. En particulier, les enfants et les adolescents ont dû s'adapter à un nouveau système virtuel à des fins éducatives et professionnelles, de sorte que le temps d'écran " excessif " peut être biaisé par cette contrainte pendant le verrouillage.
Les résultats de l'étude actuelle sont conformes à ceux de Must et al. (32) qui ont comparé des enfants autistes et des enfants au développement typique âgés de moins de 12 ans. Must et al. (32) ont rapporté des temps d'écran significativement plus élevés, 2,5 contre 1,6 h/jour, chez les enfants TSA et non TSA, respectivement, bien que pendant une période sans confinement. Une étude de Krupa et al. (30) portant sur des enfants de 2 à 4 ans autistes par rapport à des enfants non autistes au développement normal a également fait état d'un temps d'écran hebdomadaire significativement élevé, soit 8,4 heures contre 6,9 heures respectivement, sans toutefois dépasser les niveaux recommandés. Néanmoins, bien que le temps d'écran ne soit pas excessif, pour ces jeunes enfants, l'étude de Krupa et al. (30) a souligné l'importance du temps d'écran conjoint famille-enfant qui avait un impact sur l'interaction réciproque mère-enfant.
La présente étude a permis d'identifier les facteurs associés à un temps d'écran excessif. Tout d'abord, le temps d'écran supérieur aux recommandations était plus élevé chez les adolescents (63%), soit presque le double de celui des moins de 12 ans. L'expérience d'un temps d'écran excessif chez les adolescents est également soutenue par des études antérieures et est probablement liée à la facilité d'accès aux écrans, à l'attrait pour les réseaux sociaux et à la difficulté de mettre en place des contrôles plus stricts (19, 63). Deuxièmement, notre analyse a montré que les enfants qui passaient trop de temps devant l'écran avaient des compétences de vie quotidienne plus faibles (évaluées par le VABS-II). Cette constatation est conforme à l'association précédemment rapportée entre le temps d'écran excessif et les conditions de santé négatives chez les enfants et les adolescents autistes (29, 33, 37). Troisièmement, les enfants et les adolescents autistes qui passaient beaucoup de temps devant un écran étaient significativement plus renfermés (selon l'évaluation de la CBCL), ce qui suggère que les enfants présentant ces caractéristiques cliniques sont plus susceptibles de passer beaucoup de temps devant un écran. Cependant, il est difficile de comprendre la véritable nature de cette interaction, qui peut refléter soit un plus grand intérêt pour les activités solitaires sur écran, soit un effet négatif du temps d'écran excessif sur le comportement prosocial. Par ailleurs, le degré de retrait observé chez les enfants et les adolescents qui passent beaucoup de temps devant l'écran pourrait être lié à une plus grande sévérité de l'autisme, comme l'ont noté Dong et al. (64), qui ont constaté que les enfants présentant des caractéristiques sensorielles importantes étaient plus susceptibles d'être fascinés par les stimuli visuels des écrans. Il est également possible qu'on leur ait donné ces appareils parce que c'était un moyen pratique de les occuper pendant le confinement. Quatrièmement, l'analyse univariée a révélé que les adolescents qui passaient beaucoup de temps devant l'écran étaient non seulement plus âgés, mais aussi plus souvent de sexe masculin, ce qui est également conforme à la littérature antérieure (19, 63). Cinquièmement, les adolescents qui passaient trop de temps devant l'écran recevaient moins de services de soins spécialisés et moins de ressources éducatives à la maison. Dans des circonstances aussi uniformes, il a également été noté que les parents eux-mêmes peuvent être impliqués dans le temps d'écran excessif (65). Comme cela a déjà été signalé dans des études antérieures (19), le faible niveau socioéconomique (NSE) des parents est également un facteur de risque de temps d'écran excessif chez les enfants qui ont moins d'opportunités de loisirs et d'activités professionnelles non liées aux écrans.
Enfin, les analyses multivariables et de sensibilité ont souligné que le fait d'être plus renfermé et d'avoir un NSE parental faible était un facteur de risque de temps d'écran excessif chez les enfants. Chez les adolescents, l'âge avancé et le sexe masculin étaient les facteurs de risque d'un temps d'écran excessif, deux facteurs communément soutenus par des études antérieures basées sur la population (17-20, 63). Il convient de noter un certain nombre de limites de l'étude. Le sous-échantillon d'enfants et d'adolescents examiné pour la présente étude était plus jeune et présentait des scores de fonctionnement intellectuel et adaptatif plus élevés que dans l'ensemble de la cohorte ELENA, ce qui limite la généralisation de nos résultats. ELENA est une cohorte régionale et non un échantillon représentatif à l'échelle nationale, ce qui peut biaiser nos résultats sur le lien entre le statut socio-économique et le temps d'écran, et nous ne pouvons donc pas les généraliser. Les données sur les caractéristiques socio-familiales n'étaient disponibles que pour un sous-ensemble d'enfants, qui ne différaient pas de l'ensemble de la cohorte sur ces variables. Nous ne disposons pas d'une mesure de l'exposition aux écrans avant le confinement ni d'une comparaison avec la population sans TSA ou la population générale. Une partie des données cliniques utilisées dans cet article ont été recueillies lors de la dernière visite dans ELENA, environ 12 mois avant notre enquête COVID-19. Cependant, la présentation clinique dans d'autres cohortes de personnes autistes (66) s'est avérée stable à court terme. Néanmoins, l'un des points forts de l'étude actuelle est l'utilisation d'un grand échantillon d'enfants et d'adolescents dont le diagnostic de TSA a été confirmé, avec la prise en compte d'un large éventail de variables cliniques et socio-familiales recueillies à l'aide d'instruments validés et de facteurs de risque potentiels. Bien que la taille de l'échantillon soit limitée, la signification des résultats pour un sous-groupe relativement petit était importante et conforme aux recherches antérieures. Étant donné la relation positive trouvée entre l'âge et le temps d'écran excessif, des recherches futures sont nécessaires pour examiner les effets à long terme du temps d'écran excessif à partir de l'adolescence.
Implications
L'expérience d'un temps d'écran supérieur au niveau recommandé chez les enfants et les adolescents autistes est tout aussi importante que les effets négatifs conséquents d'un temps d'écran excessif sur la santé. Il est donc primordial d'élaborer des recommandations sur le temps d'écran et de fournir des conseils aux parents d'enfants et d'adolescents autistes. D'autres études sont nécessaires pour examiner la relation entre les comportements sédentaires, le temps passé devant un écran et les résultats en matière de santé et de comportement chez les enfants et les adolescents autistes. Les facteurs de risque cliniques et sociaux identifiés dans l'étude actuelle permettent également aux professionnels d'envisager des mesures pour mettre en œuvre une utilisation plus optimale des activités liées au temps d'écran à des fins éducatives, thérapeutiques et sociales. Il est particulièrement important d'encourager l'accès des enfants à des activités de loisirs et culturelles hors écran qui complètent les interventions éducatives, notamment pendant les périodes de confinement.
Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)
Je reste perplexe devant la notion de temps devant écran excessif. En admettant que ce serait le cas pour des enfants ou adolescents neurotypiques, pourquoi stigmatiser ce temps pour des personnes autistes ? Faut-il critiquer les cannes ou la lecture automatisée de documents pour les aveugles, les fauteuils roulants, les implants cochléaires, ... Pourquoi ne pas admettre que le temps sur écran permet des interactions sociales très difficiles dans la vie quotidienne ? Pourquoi ne pas étudier les progrès réalisés grâce à cette période, grâce aux techniques plus largement diffusées (téléconsultations, guidance parentale etc.) ?