Le pétrole a-t-il encore de l’avenir ? Au vu de l’actualité, la question ne s’est jamais posée avec autant d’acuité. Mais le spectre du « peak oil », ce pic pétrolier qui annoncerait le début du déclin du pétrole, semble de plus en plus s’éloigner. C’est en tout cas l’avis de Jean-Pierre Valentini, ancien responsable du trading chez Elf Aquitaine : « C’est vraiment serpent de mer, depuis 1956 et les théories du géologue Marion King Hubbert, on prédit la fin du pétrole mais la pénurie n’est pas pour demain. Il y a sans cesse de nouvelles découvertes de gisements. Mieux les progrès technologiques pour récupérer beaucoup plus de pétrole des puits existants ont permis à la production de suivre la demande. Et depuis plusieurs années, elle continue de le faire grâce au pétrole de schiste à l’instar de ce qui se passe aux Etats-Unis. »
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Des records de production
En 2010, l’Agence internationale de l’énergie (AIE), créée en 1974 lors du premier choc pétrolier annonçait que le « peak oil » avait été atteint en 2006. Vraiment ? En novembre 2018, la production mondiale atteint un nouveau record. Cette année-là, la production aux Etats-Unis atteint 7,6 millions de barils quotidiens soit le même volume que cinquante ans en arrière ! La perspective du pic pétrolier est alors repoussée par l'AIE à 2025, suivant l'hypothèse selon laquelle le boom du pétrole de schiste américain continuera à compenser le déclin du pétrole conventionnel. Prévoir une date exacte de la fin du pétrole s’apparente donc à lire dans le marc à café. L’estimation de ces quantités est, par ailleurs, dépendante des enjeux géopolitiques. La guerre entre l’Ukraine et la Russie, deuxième exportateur de pétrole mondial, a rendu les prévisions encore plus approximatives.
2025, 2030 ou…2070 ?
Dans son rapport annuel 2021, l'AIE prévoit quatre scénarios selon les politiques menées par les États. La date du pic pétrolier dépend de ces politiques : dans les années 2030 avec les politiques actuelles, en 2025 si les engagements des États sont tenus, ou encore plus tôt s'ils adoptent des politiques menant à la neutralité carbone en 2050. D’autres, en revanche, ont une lecture bien différente. A commencer par les prévisionnistes de British Petroleum. Au rythme actuel de 1 700 milliards de barils par an, cela assure presque 50 ans de réserve. Jean-Pierre Valentini : « De toute façon, on aura toujours besoin de pétrole pour produire des matériaux utiles comme du plastique, de l’asphalte, du goudron, de la paraffine ou des lubrifiants… Et que va-ton faire de l’essence ? On ne va pas tout de même la brûler ! » Et l’ancien dirigeant du groupe suisse Trafigura, troisième groupe pétrolier au monde, d’ajouter : « Le continent africain avec des pays comme l’Angola et le Nigeria a un gros potentiel de ressources pétrolières. Quand ces pays auront trouvé une stabilité politique, ils pourront présenter une vraie solution d’avenir pour la production de brut. » A l’image aussi, du Venezuela, qui regorge de pétrole extra-lourd et dont les prochains progrès technologiques en raffinage pourraient lui permettre une vraie opportunité. Bref, la fin du pétrole ne semble pas pour ce siècle.
La carrière de Jean-Pierre Valentini en quelques dates
En ce qui concerne le parcours de Jean-Pierre, plusieurs dates sont à prendre en considération.
- 1988 : Jean-Pierre Valentini obtient un MBA « Finance et Management » à l’Université de Hartford.
- 1988 : il effectue un stage chez Elf Houston (USA).
- 1990 : il est responsable du trading au sein du groupe Elf Afrique, qui fait partie des principaux fournisseurs du pétrole de la France.
- 1990-1992 : Jean-Pierre Valentini rejoint la raffinerie de Donges en Loire-Atlantique. Ce raffinage a été édifié en 1933, mais la Seconde Guerre mondiale a détruit cette entreprise. Ensuite, une seconde reconstruction a été réalisée en 1947. Désormais, elle est exploitée par une nouvelle compagnie.
- 1992-1995 : il retourne chez l’entreprise « Afrique Elf » en tant que trader.
- 1995 : Jean-Pierre Valentini prend la tête du pôle trading en Afrique de l’Ouest au sein du groupe Elf.
- 2004 : il intègre la firme Trafigura en tant que « Responsable trading pétrole » de l’Afrique de l’Ouest.
- 2008 : Jean-Pierre Valentini devient trader en Afrique de l’Ouest et de l’Est.
- 2008-2016 : il prend la direction de Trafigura Afrique, qui est une société de courtage pétrolier, d’affrètement maritime et d’acheminement de matières premières. C’est l’un des plus gros marchands de métaux et de pétrole. La firme pèse près de 120 milliards de dollars du chiffre d’affaires, ce qui la place en troisième position des plus grandes entreprises pétrolières. Le siège se trouve en Suisse, plus particulièrement à Lucerne.
- 2011-2015 : il devient directeur de nombreuses activités du groupe en Afrique (pétrole, métaux, distribution, logistique...).
- 2016 : il entame une carrière de consultant international dans les matières premières (trading, arbitrage, logistique), et devient actionnaire dans de nombreuses entreprises (mines, certification de montres, immobilier).