« Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort nous nous vîmes trois mille en arrivant au port », nous n’étions pas cinq cents, ni cinquante, ni … au premier Café de la Constituante mais l’écho lointain de la « Symphonie du Nouveau Monde » nous laissait penser qu’on « ne pouvait discerner où le sort inclinait » (Don Rodrigue).
C’est ainsi que le 20 avril, nous avons ouvert la première séance du café de la Constituante, rien de révolutionnaire diront certains, certes puisqu’ils sont notre source, notre inspiration ; et le temps prête à croire, si ce n’est à une révolution, à une véritable mutation de notre société. Le plus idéaliste de nos écrivains, Victor Hugo nous a montré l’exemple : « Aimer, c’est la moitié de croire », hors si nous ne sommes pas encore capables de nous aimer tous, nous avons la demi-chance de pouvoir croire en nous.
La date du 20 avril fut sans doute un hasard, il fallait de toute manière commencer, non pas par hâte mais pour ne pas s’éloigner de ce qui se passait dans la rue : s’alimenter de ces idées nouvelles qui germaient dans Paris et autour de la place de la République. Converser ensemble sous d’autres formes, à d’autres endroits dans l’intelligence utile des desseins qui se croisent. Pourtant ce ne fut ni le 19, ni le 21 avril car la symbolique est parfois lourde de sens et il nous reste le poids du souvenir, le goût amer du danger, car comme le disait Rousseau « dès lors qu’un peuple a transféré son droit à un Souverain, on ne saurait supposer sans contradiction qu’il en reste encore le maître ». C’est bien cela, ce 21 avril 2002, étions-nous maîtres de nos choix ou les simples pantins d’un sabotage politique?
La Souveraineté est inaliénable ? Pourtant nous constatons que si le pouvoir se transmet, notre volonté ne semble pas respectée.
L’histoire n’est donc pas récente puisque Rousseau dénonçait déjà l’idée d’une représentation de la souveraineté. Le phénomène de légitimation du système politique est inhérente aux droits et aux revendications du citoyens, sans doute plus aujourd’hui car si la liberté du citoyen est toujours de ne pas s’exempter des lois de l’Etat, L’Etat se donne le droit de se nourrir de notre liberté. Mensonges nécessaires des campagnes électorales, discours pour promettre, paroles sans débat. Se souvient-on encore du changement, c’est maintenant ? Le vrai changement, c’est le passage à une nouvelle Constitution. Déjà en 2014, Selon un sondage du « Parisien » 62% des Français étaient favorables à une nouvelle Constitution. Quelle est donc la légitimité d’un tel café qui se veut une réflexion sur nos institutions, sur notre République et sur notre système de gouvernance ? Ceux qui aujourd’hui écrivent et pensent la République sont pour la plupart des animaux politiques, éduqués, formatés, dressés aux exigences de leur propre survie, de leur renouvellement. Toutefois, ne sommes-nous pas tous des animaux politiques, des citoyens qui demandons de participer au véritable débat politique ?
Essayons pour l’instant d’être le plus proche de ce qui s’est passé le 20 avril. Premier constat, ceux qui gouvernent ne sont obligés par aucun pacte, il n’y a aucun contrat, aucun mandat impératif, au-delà de la défiance du premier et du second tour. Nous choisissons délibérément de leur laisser carte blanche pendant cinq ans. Ils ne nous font pas injures, puisque l’injure n’est autre que le non-respect des pactes accordés. C’est dire, que Nous, peuples citoyens et décidés nous accordons aveuglement un mandat sans contrepartie. Nous refusons ce constat et réclamons un mandat renouvelable une seule fois et révocable en cas d’inefficacité.
Le choix des unes, diront certains… mais nous voyons que cela ne suffit plus, si d’ailleurs cela a pu suffire un jour. Avons-nous le choix lorsqu’il s’agit de piocher entre deux alternatives, une Gauche en quête d’identité socialiste et une Droite identitaire ? Et même l’incrustation du tripartisme ne vient que faire reculer l’idée de la citoyenneté [en écrasant sur son passage une grande partie de ce qu’est l’identité française.]
Le second point qui est retenu dans le principe de la vie politique est l’autorité souveraine, qui se confond avec la personne publique et l’autorité de l’état. Plus clairement quelle est la vocation de la figure présidentielle et sa légitimité ? C’est la raison qui parle. La raison est désormais la maîtresse de notre vie et comme le dit Simone Goyard-Favre « la crise de la raison a amorcé un processus de décomposition et de déliquescence » ce qui traduit que la crise de légitimité dans laquelle se trouve la société politique, nous donne droit à penser qu’elle s’autodétruit et qu’il ne nous reste plus qu’à penser pour elle.
L’obéissance n’est plus ce qui garantit le salut public, il ne s’agit pas d’un appel à la désobéissance mais aux droits de penser. Rejoignez-nous au café de la Constituante
Bien à vous
Marie