Au lendemain des résultats de l'élection législative partielle de Villeneuve-sur-Lot, les réactions de l'ensemble des dirigeants politiques, en premier lieu de ceux du Parti socialiste, mettent en lumière leur incapacité à offrir des débouchés concrets à la crise systémique que connaît notre pays et, plus largement, l'ensemble de l'Europe. Il est en effet évident que les principaux partis de pouvoir se trouvent dans l’impossibilité totale d'incarner une quelconque forme d'alternative. Dans le contexte actuel d'austérité, la grande majorité de la population perd ainsi peu à peu son enthousiasme pour un régime où le pouvoir est alternativement incarné par une droite et une gauche qui, au final, applique des politiques fondamentalement identiques. La recherche d'un véritable changement politique entraîne alors une nouvelle polarisation à la gauche de la gauche et à la droite de la droite. En France, cette polarisation radicale est incarnée par les deux seules forces politiques qui semblent actuellement avoir une dynamique assez forte : le Front national et le Front de gauche. Il est évident que la bataille décisive du processus historique que nous connaissons opposera, au final, ces deux forces. Reste à déterminer laquelle de ces deux alternatives remportera ce duel.
Les partis majoritaires, premiers responsables de la crise et de ses conséquences, rendus impopulaires par leur politique antisociale et antidémocratique sont, quant à eux, destinés à la disparition. Si, en France, ce processus n'en est qu'à ses débuts, nous pouvons observer que dans certains pays où la décomposition du système est plus avancé que chez nous, l'hégémonie passée de ces organisations est déjà passablement fissurée lorsqu'elle n'a pas totalement disparu comme c'est le cas du PASOK en Grèce. Celui-ci est crédité, en cas d'élection, d'environ 6% des voix, ce qui n'est pas génialissime pour une organisation qui était au pouvoir il y a encore moins de deux ans...
Ces prévisions n'ont rien de prophétiques ni d’exagérées. Elles s'appuient sur des faits concrets indéniables. Nous avons d'ailleurs encore eu la preuve de l'amorce de cette tendance durant les derniers jours. Pourtant, il semblerait que les tenants du système politique actuel n'aient pas exactement saisi le degrés de gravité de la situation, ni la fragilité exponentielle de leur pouvoir...
Bien sûr, si nos dirigeants mènent actuellement cette politique, c'est avant tout parce que celle-ci répond aux impératifs économiques des capitalistes. L'austérité est une règle qui sert en effet à remplir les poches de ceux que l'on appelle désormais les « banksters ». Cependant, certaines de leurs décisions semblent être en contradiction totale avec leur propre conservation du pouvoir. Et ils n'ont pas vraiment l'air d'en prendre conscience...
La politique d'austérité que mène le Parti socialiste en France ne fait qu'accélérer le processus de désintégration de celui-ci. A chacune de ses mesures, Hollande s'éloigne de ceux qui l'ont élu, mettant en danger son gouvernement, son parti, et l'avenir de sa propre personne. Les résultats de toutes les législatives partielles ayant eu lieu cette année le prouvent : le PS est sur une très mauvaise pente. Sa réforme des retraites en cours devrait d'ailleurs l'achever.
Mais alors pensez-vous, quel intérêt personnel ont-il à continuer dans ce sens ? Certes ils défendent leurs intérêts de classe, mais pourquoi s'acharnent-ils à détruire leurs intérêts propres ? Pourquoi ne voient-ils pas les risques qui menacent notre pays s'ils continuent cette politique ? Nos dirigeants seraient-ils, en réalité, de parfaits abrutis ?
Lorsqu'on lit les discours récents du PS, on a pourtant l'impression que tout va bien. Que c'est une mauvaise passe et que tout va s’arranger. Que l'idiot utile du capitalisme qu'est le Front national va rester une force d'appoint des deux grands partis de gouvernement, et que tout va rentrer dans l'ordre très bientôt. Il suffit de voir le mépris des dirigeants socialistes vis à vis des avertissements du Front de gauche pour se rendre compte que quelque chose ne tourne pas rond. Et pourtant, il semblerait que Hollande et ses amis soient honnêtes dans leur bêtise. Ils ne se foutent pas de nous, ils comprennent juste rien à ce qu'ils font ! Inutile dès lors d'essayer de les convaincre, ils sont, par leurs analyses faussées, définitivement à coté de la plaque.
Le syndrome Louis XVI
Les socialistes français, à l'image des autres dirigeants européens, sont touchés par le syndrome de Louis XVI.
La chute de Louis XVI, puis son exécution, font partie d'un processus de suicide politique du roi qui commence dès le début de son règne. Dès son avènement, Louis XVI est confronté à un malaise social grandissant dans le pays. Convaincu de sa profonde légitimité, et de l'aspect immuable de sa personne, il n'a jamais rien fait pour endiguer la montée révolutionnaire. Pire, il a même passé son temps à jeter de l'huile sur le feu, persuadé d'être à l'abri de tout. Il finira même par convoquer des États généraux, dont le but est, rappelons le, de donner la parole au peuple, alors même que ce dernier est clairement en opposition avec sa politique générale, ce qui n'est pas très finot...
Après la Révolution, il ne fera rien pour arranger son cas. Alors que sa personne est encore respectée par les révolutionnaires, qu'il reste le roi, et que l'instauration d'une monarchie parlementaire semble encore être une solution politique probable, lui et sa crétine de femme passent leur temps à comploter contre la Révolution avec les autres noblesses européennes. Ils finissent même par s'enfuir pour tenter de prendre la tête des troupes réunies à l'Est dans le but d'abattre la Révolution. Ayant déclenché la colère générale contre leurs personnes le couple va, comme nous le savons tous, très mal finir.
Louis XVI avait le même rapport avec le pouvoir que les dirigeants socialistes français. Faisant partie d'une classe ayant le pouvoir depuis presque toujours, dans un système existant depuis presque toujours, il a cru bon de penser que tout cela était naturel et immuable, et que même si l'ensemble du peuple venait à réclamer sa tête, il ne se passerait rien. Il n'a cessé de considérer la Révolution comme une mauvaise passe dont il allait se tirer tout seul à la Rambo, et qui finirait en aventure épique à raconter pour amuser la galerie lors des rencontres avec les autres cours européennes... Sauf que ça a foiré.
François Hollande, c'est le Louis XVI d'aujourd'hui. La situation du pays est catastrophique, sa cote de popularité est au plus bas, son échec est complet, mais pour lui tout va bien. Sa classe sociale est au pouvoir depuis très longtemps, le régime n'a pas été renversé depuis des décennies... Donc c'est bon ! Le pire qu'il puisse lui arriver c'est de perdre les élections de 2017, mais c'est pas très grave. Comme la droite ne fera pas mieux, le PS retrouvera son pouvoir en 2022 ! Peut être même avec lui...
Pourtant, cette fois-ci, il y a peu de chances que ça se produise ainsi. Le PS ne survivra pas à cette politique. La Vème République elle même ne pourra y survivre bien longtemps... Le peuple gronde et, poussé par le ras-le-bol des politiques d'austérité, envisage de plus en plus de foutre le régime par terre. Hollande et les autres ne s'en rendent pas compte et, comme leurs semblables du Siècle des Lumières, continuent d'en rajouter une louche dès qu'ils peuvent, convaincus que rien ni personne ne viendra jamais les menacer...
Espérons juste à François Hollande de mieux finir que Louis XVI !
Johann Elbory