Dimanche soir 1 février, sur la 5 : "ALERTE AU MERCURE"
L'émission programmée pour le 1 février doit être bouclée depuis longtemps . Elle devrait aborder le problème de l'usine Artémise à Vulaines .
QUEL EST LE PROBLEME ? Toute la nomenclatura locale vous le confirmera : il n'y a pas de rejet de mercure autour de l'usine Artémise qui recycle les tubes et lampes basse consommation . L'étude soumise à enquête publique avait démontré l'absence de toute pollution . Et si le secteur a bien été arrosé, ce n'est que de bienfaisants financements publics . Le village de Vulaines, à presque 1 km de l'usine ne subit ni fumées, ni odeurs, ni bruit . Il devait bénéficier au premier chef de la création de 20 emplois (traduisez : a posteriori, 1 emploi ) .
Après les élections de mars, le nouveau maire de Vulaines n'a pu trouver ni le dossier d'enquête publique, ni celui de l'arrêté d'autorisation . Ce fut l'occasion, pour des esprits obtus et pervers de se poser des questions et de fomenter une honteuse polémique (traduisez : un doute sur la vérité officielle) .
1.800.000 € ont été financés par l'Intercommunalité pour cette opération d'hygiène publique de recyclage de déchets dangereux (traduisez littéralement : un vrai intérêt public et écologique, bien réel), de surcroît associé au transfert de 20 emplois déjà existants . Qui s'y opposerait ? Personne évidemment . Mais dès lors, la fin semble avoir justifié les moyens .
Dans l'enthousiasme de cette belle opération, on n'a pas voulu en laisser ternir l'image . Faute de pouvoir garantir l'innocuité de l'usine, on a nié définitivement et irrémédiablement tout risque pour l'environnement . Après les éloges des publications locales, chaque cérémonie des voeux a été l'occasion de rappeler aux citoyens de chaque commune (traduisez : aux "bons" citoyens) ce qu'il fallait penser et dire des bienfaits d'Artémise et de ses pourvoyeurs de fonds .
QUELQUES MAUVAIS ESPRITS SE SONT POURTANT POSE DES QUESTIONS . Or, comme on l'a un peu oublié depuis la suppression du service militaire, réfléchir, c'est déjà commencer à désobéir . Ils ont constitué une association et ont commencé à se renseigner . Ils ont appris que les lichens étaient de bons indicateurs de rejets mercuriels . Ils ont fait leur cueillette après les six premiers mois de fonctionnement de l'usine : l'analyse d'un laboratoire indépendant montre que le mercure accumulé atteignait déjà 20% du maximum admissible .
En combinant la teneur des rejets autorisés pour la cheminée, les tonnages des déchets stockés et traités, le taux de mercure résiduel après traitement, la direction des vents dominants, et les surfaces habitées immédiatement sous le vent de l'usine, il y a vraiment du souci à se faire . Spécialement pour les 14 enfants de 0 à 10 ans habitant la première ligne des maisons .
L'association ignore ce que diront les journalistes avec lesquels elle n'a eu aucun contact . Mais elle a réuni beaucoup d'éléments inquiétants sur les risques de diffusion de ce puissant neurotoxique que sont le mercure élémentaire et plus encore ses isotopes .
L'association reste perplexe à l'égard des taux de rejets autorisés, à l'égard de la réduction des procédures de prévention, et à l'égard du dépassement de certains seuils fixés par la réglementation .
L'association ne peut qu'approuver le principe de ce traitement des déchets et son double impact écologique : contribution au développement des éclairages basse consommation, et contribution aussi à la réduction de la pollution due aux bris de lampes diffus ou sauvages . Mais ne faut-il pas s'assurer de le faire proprement ? Car en détruisant chaque année 20.000.000 de lampes ou tubes au même endroit, on y introduit un risque considérable .
L'association propose d'effectuer un contrôle permanent, scientifique et irréfutable sur les lieux mêmes menacés par la pollution . Les résultats de ce contrôle, et eux seuls, permettront soit de poursuivre sans crainte et sans changement l'activité d'Artémise, si les précautions actuelles s'avèrent suffisantes, soit de les améliorer jusqu'à la maîtrise des rejets .
Accessoirement, l'association, qui souhaite éviter la fermeture de l'usine, souhaite aussi (comme on le lui a déjà reproché) que le personnel de l'usine n'ait pas à souffrir de la rétention des rejets dans les locaux industriels .
Quitte à désobéir encore plus, cette infâme association s'est permis de réfléchir à la place des bureaux d'études qui avaient seulement garanti la pollution zéro, contredite par l'analyse réelle des lichens . Il y a peut-être des moyens d'assainir les opération de traitement et de manutention, mais ils n'ont apparemment pas fait l'objet d'investigations de la part de ceux qui avaient le droit, et le devoir, de réfléchir sur le projet .
Problème : ça coûte . Mais s'il s'agit de protéger les personnes menacées par les rejets, s'il s'agit d'améliorer la sécurité interne et externe des opérations, le financement à engager n'est pas un coût supplémentaire mais bien une obligation technique et financière négligée à l'origine . Nous n'en sommes qu'à 20% du cumul admissible de mercure, il est peut-être encore temps d'agir . D'ailleurs, de gros progrès ont déjà été réalisés récemment par Artémise, dans la réduction des risques d'envol occasionnés par les stockages et les manutentions .
Que coûterait un contrôle complet et permanent au niveau des habitations ? 5% des seuls investissements consentis par l'Intercommunalité .
L'association Thémistocles ouvre ses dossiers à qui le veut, car lorsque la vérité n'est pas libre, la liberté n'est pas vraie . Pourquoi Thémistocles ? Il faut avant se demander pourquoi Artémise ? Pourquoi cette référence à la reine d'Halicarnasse, alliée de Xerxès dans son invasion de la Grèce antique ? Pour se protéger efficacement d'Artémise, l'association vulainoise n'avait plus qu'à se placer, elle, sous le patronage de Thémistocles, général athénien, vainqueur de Xerxès et d'Artémise à la bataille navale de Salamine .